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Reportage sur le XXIII  ème  Festival 'Arte Flamenco' de Mont de Marsan

Texte: Isabelle Jacq 'Gamboena'/ Photos: Alain Jacq

Reportage réalisé pour Musique Alhambra

 

Edito

Qu'est-ce que le Flamenco? C'est à cette question qu'à répondu admirablement la 23ème édition du Festival Arte Flamenco de Mont de Marsan, du 4 au 9 juillet 2011,  au travers d' une programmation d'une qualité époustouflante, rassemblant les plus grandes figures actuelles du cante, du baile et de la musique Flamenca.  En effet, en ouverture du Festival, la danseuse Maria Pagés  a donné d'emblée le niveau de la programmation. Les soirées suivantes, Israel Galvan et Rocio Molina ont offert, chacun à leur tour, un spectacle d'une extraordinaire modernité, tandis que David Peña Dorantes a triomphé sur la scène du Cafe Cantante avec son piano aux influences contemporaines. Au Théâtre de la ville, la rencontre du cirque et du Flamenco avec Ruth Salama dans son spectacle familial intitulé 'Pista Flamenca' a conquis le public. La tradition était aussi magnifiquement représentée par la danseuse Milagros Menjibar et son élève Luisa Palacio qui excellent dans la bata de cola. La cantaora Esperanza Fernandez, les cantaores Luis el Zambo et José Valencia ont fait vibrer magistralement leur cordes vocales, affirmant ainsi leur maestria. Le grand danseur sévillan Farruco a témoigné de sa virtuosité technique et de son expressivité hors pair.  Provenant de Cadiz, Mariana Cornejo et David Palomar ont chanté avec talent, accompagnés par le grand danseur Juan Ogalla. Pour ceux qui doutaient  encore (peut-être?) de la magnificence et de la profondeur du Flamenco, le cantaor Agujetas a bien enfoncé le marteau sur l'enclume, sur les berges de la Midouze, en interprétant un chant puissant et profond, et en proférant haut et fort la fatiga si caractéristique du cante jondo.

 

 Nombreux sont les élèves qui participaient aux stages dispensés par des artistes de renom, dans le cadre du Festival. De plus, les expositions de photographies de Jean-Louis Duzert, de Peter Knapp, des dessins et peintures de Benjamin Flao, les écrits de Christophe Dabitch, les installations vidéos de la plasticienne Pilar Albarracin ont conquis les visiteurs. Le Flamenco, c'est aussi une manière de vivre et, pendant toute la durée du Festival, la ville témoignait de cette réalité; elle vibrait au rythme du Flamenco avec une programmation officielle ainsi qu' un Festival off reconnu par un label et qui offrait un 'paseo Flamenco'  au travers des spectacles gratuits et de qualité dans différents lieu de la ville. Après les représentations, les aficionados se réunissaient, jusqu'au petit jour, dans les cafés ainsi que dans les peñas, pour vivre de beaux moments de partage.  Nous remercions toute l'équipe du Festival et plus spécialement la fondatrice du Festival  Antonia Emmanueli, le Directeur de la Culture et du Patrimoine au Conseil Général et Directeur Général du festival François Boidron, le Directeur de la communication du festival Lionel Niedzwiecki,  ainsi qu' Ivain Auban et Monique Castagnède pour la qualité de cet évènement. Nous remercions tout particulièrement la Directrice artistique Sandrine Rabassa  pour avoir concocté une programmation d'un si haut niveau et pour l'âme et la convivialité qu'elle a su donner à cette édition qui marquera, de toute évidence, l'histoire du Flamenco.

NB: utiliser Internet Explorer pour afficher les diaporamas du reportage

Nous relatons essentiellement les évènements auxquels nous avons assisté

Lundi 4 juillet

Mirada

Compagnie María Pagés

Espace François Mitterrand à 21 h

Distribution: Danse: María Pagés, María Morales, Isabel Rodríguez, Eva Varela, María Vegas, José Barrios, José Antonio Jurado, Paco Berbel, Rubén Puertas; Chant: Ana Ramón, Ismael de La Rosa; Guitare: Rubén Lebaniegos, José Carrillo « Fyty », Isaac Muñoz; Percussions: Chema Uriarte; Violon: David Moñiz

En ouverture du Festival, la danseuse Maria Pagés a fait salle comble à l'Espace François Mitterrand avec 'Mirada', sa nouvelle création dans laquelle elle évoque sa trajectoire artistique et les 20 ans d'existence de sa compagnie. Maria Pagés débute son spectacle en déployant ses bras comme une fleur qui s'épanouit au soleil au son d'une voix off qui dit  "Je me demande ce qui reste de ces vingt ans et pourquoi le désir d'y retourner me fait défaut. je m'entête à gravir ces escaliers toujours plus raides". Ce poème, elle l'a écrit pour célébrer les 20 ans de sa compagnie et c'est sous la forme d'une promenade dans la ville puis dans différents endroits définis par une mise en scène très suggestive accompagnée de bruitages que  Maria va emporter le public dans les multiples temps forts qui ressurgissent de sa mémoire. Elle danse avec grâce et élégance. Somptueuse dans sa robe aux couleurs de l'arc en ciel, elle exprime un tourbillon de sensations qui ponctuent l'évocation de différents moments de sa carrière. Elle sait les restituer avec générosité et talent; tout au long du spectacle, Maria  rend hommage à tous ceux qui ont été une source d'inspiration pour elle. Elle fait aussi référence au cinéma et plus précisément à sa participation dans le film 'Flamenco' de Carlos Saura ainsi qu'à plusieurs spectacles qu'elle a crée et qui ont marqué sa carrière artistique, notamment la création Flamenco y Poesía , dans laquelle elle devient l'interprète du poète José Saramago au travers de sa danse. Dans des costumes éblouissants et très originaux, neuf danseurs  l'accompagnent par moments, tandis que sept musiciens déclinent avec talent les palos du Flamenco et lorsque la voix vibrante et exceptionnelle de la chanteuse Ana Ramón se fait entendre, le public retient son souffle, envahi par l'émotion. Dans ce spectacle, Maria Pagés plonge son regard sur le passé mais elle se tourne aussi sur son avenir en apportant quelques éléments qui sont les prémisses de  créations futures et d' un avenir aussi radieux que sa danse.

 

 

Mardi 5 juillet

 

Maestros en la calle

Spectacle de rue
Esplanade du Midou à 18 h 30
 

Distribution: Danse: Mercedes de Córdoba, Maria Moreno,chant:« El Choro », compás: Bobote;  guitare: Eugenio Iglesias

 La programmation 'dans la rue' était riche et diverse avec la présence d'artistes reconnus ainsi que des talents en devenir. Quant au spectacle 'Maestros en la Calle' (les maitres dans la rue), celui-ci rassemblait, comme son nom l'indique  les maestros du Flamenco, mardi 5 juillet, à 18h30, sur l'Esplanade du Midou. En effet, tandis qu' Eugenio Iglesias mettait son talent au service des danseuses Mercedes de Córdoba et Maria Moreno,  accompagnées par « El Choro » au chant, Bobote se distinguait pas ses palmas et sa danse qui révélait une maitrise totale du compás. Le talent et la personnalité atypique de cet artiste natif du Poligono Sur, quartier gitan situé à la périphérie de Séville,  avait inspiré le réalisateur Tony Gatlif qui lui avait donné un rôle dans le film 'Vengo'. Bobote travaille aussi avec les plus grands artistes comme Israel Galvan et, durant tout le Festival Arte Flamenco, ce maestro palmero interviendra dans plusieurs spectacles. 

 

Piel de Bata

Milagros Menjiba

Cafe Cantante, à 19h30-1ère partie

Distribution: Danse: Milagros Menjíbar, Luisa Palicio; Chant: Manolo Sevilla, Juan Reina; Guitare: Rafael Rodríguez

La bata de Cola à l'honneur avec  Milagros Menjibar

Pour Milagros Menjibar,  danser avec la bata de cola est une discipline qu'elle affectionne particulièrement, d'autant plus qu'elle en maitrise parfaitement toutes les arcanes, en atteste son spectacle 'Piel De Bata' qu'elle a présenté au public Montois, sur la scène du Café Cantante, mardi 5 juillet, en première partie de la soirée. Parée d'une magnifique robe à traine dont la profusion des volants inondait la scène de couleurs chatoyantes, Milagros a fait tournoyer ses froufrous avec grâce et élégance, déployant toute sa maestria et prouvant une nouvelle fois qu'elle est la digne représentante de l'école de Séville. Disciple de Matilde Coral et lauréate du 1er prix au concours national de Cordoue en 1974, Milagros a réalisé une très belle carrière artistique; désormais, tout en continuant à se produire sur scène, elle consacre une partie de son temps à la transmission de son savoir et, ce soir là, nous avions le plaisir de voir danser à ses côtés, Luisa Palicio, une de ses élèves  qui, dès le début de sa carrière a remporté le Premier prix lors du Concours National des Alegrias de Cadiz.  Luisa est aussi lauréate du concours de danse de la Fundacion Cristina Heeren à Séville. Sur la scène du Café Cantante, ces belles danseuses à l'allure altière ont ébloui le public avec des chorégraphies très expressives et des braceos magnifiques, exaltant ainsi leur féminité et leur Flamencura, tandis que les chanteurs Manolo Sevilla et Juan Reina portaient l'émotion à son  paroxysme avec leur voix chaude et puissante, accompagné par Rafael Rodriguez à la guitare; ils ponctuaient le baile par des palmas et des regards plein de connivence. Une fin de fiesta rassembla tous les artistes sur la scène dans un élan de joie et la bonne humeur gagna le public qui applaudit longuement les artistes.

 

 

A través de tí

Antonio Rey

Cafe Cantante-2ème partie

Distribution: Guitare: Antonio Rey; Chant: Pedro Heredia Reyes « El Granaíno », Mara Rey Navas; Percussions: Isidro Suárez Navas; Accompagnement à la guitare: Daniel Jureado Lora

La musique d'Antonio Rey: un univers contrasté et personnel

La deuxième partie de la soirée était consacrée au jeune guitariste madrilène Antonio Rey qui interpréta les thèmes de son album 'A través de ti', album produit par Gerardo Nuñez et dans lequel on perçoit l'influence du maestro. Accompagné par le guitariste Jureado Lora, par Mara Rey et par Pedro Heredia Reyes au chant, Tonio développa toute une série d'ambiances au travers des compositions musicales  por Bulerias , Seguiriyas et Rumbas ainsi que des compositions plus intimes qu'il présentait en solo comme la Rondeña et la Solea. Parmi les thèmes qu'il interpréta, nous pouvions apprécier la buleria 'Tacones y bordones' ainsi que la rumba 'A traves de ti' ou encore  'Recuerdo', une très belle Taranta. Formé à la guitare par son père Tony ReyAntonio Rey a déjà une belle carrière artistique a son actif. En effet,  après avoir débuté dans les tablaos mexicains, il poursuit sa carrière en Espagne où il est engagé dans plusieurs compagnies prestigieuses, avant de réaliser des tournées avec sa propre compagnie. Lors de ce récital, il emporta le public dans son univers contrasté et personnel, laissant une belle place au chant de sa sœur Mara Rey qui fut aussi très remarqué. Saluons aussi les palmas de Bobote qui accompagnèrent magnifiquement les musiciens et dont la prestation lors de la fin de fiesta fut très appréciée.

 

Luis El Zambo

Cafe Cantante-3ème partie

Distribution: Chant: Luis El Zambo; Guitare: Fernando Moreno

Le cante Gitan de Jerez

Après le ravissement musical d'Antonio Rey, la troisième partie de la soirée était consacrée à un maestro du cante de Jerez. En effet, Luis Fernando Soto, dit Luis El Zambo, est un jeune artiste de soixante ans et un vieux gardien de la tradition depuis l’enfance. Prenant place sur scène, aux côtés du guitariste Fernando Moreno, il interpréta un large répertoire de cante jondo et son physique imposant allié à la profondeur de son cante imposaient le respect. Son aisance impressionnante sur des cantes les plus ardus captivait le public et que dire du guitariste qui l'accompagnait, corps et âme dans sa magnifique prestation, fronçant les sourcils ou esquissant un sourire à l'écoute du sens profond du cante! Luis El Zambo, c'est le cœur des Gitans de Jerez qui bat, c'est l'écho ancestral de sa terre, c'est la profondeur de la mer qu'il a connu alors qu'il était pécheur et c'est le feu du Flamenco qui illumine son âme... prodigieusement!

 


 

Mercredi 6 juillet

Grafiti

avec la compagnie Felipe Mato

Esplanade du Midou

Flamenco de rue (mercredi 6 et samedi 9, à 18h30)

Flamenco et Graffitis

La compagnie Felipe Mato est revenue cette année et a investi l'Esplanade du Midou, à 18h30 avec un nouveau spectacle intitulé 'Grafiti', spectacle dans lequel  le Flamenco et le Rapp se rencontrent au travers de la danse, de la musique, du chant et du graphisme. Intrigué par ce mélange des genres, le public s'est vite laissé porté par la voix du chanteur de Rapp qui dessinait  des symboles sur le sol,  donnant la réplique au danseur Felipe Mato, tandis que 'El Trini' apportait la jondura de son cante, accompagné par le guitariste Michele Iaccarino. Des cercles, quelques symboles puis un personnage barré  furent les graffitis inscrits au sol, laissant le public à sa réflexion et à ses applaudissements.

 

 

'Pista Flamenca'

une coproduction du Cirque Perdu et Chispa de Circo

Théâtre municipal à 15 h ( programmé aussi le jeudi 7 juillet à 11h)

Distribution: Danse: Maria del Mar Fuentes; Tissus aériens et danse: Ruth Salama; Chant: Joaquin Gomez; Guitare: Alberto Fernandez; Cajón: Isaac Vigueras 'El Rubio'

Lorsque la danse aérienne rencontre le Flamenco

Le spectacle 'Pista Flamenca' qui se déroulait au Théâtre Municipal à 15h, mercredi 6 juillet, a attiré un public familial. C'est en musique que la représentation a débuté, avec le guitariste Flamenco Alberto Fernandez. S'en est suivi un cante jondo merveilleusement interprété par Joaquin Gomez. Un tissu rouge surplombait la scène et  annonçait la présence de Ruth Salama, Fil-de fériste et funambule. Elle apparut sur scène, suivie de  Maria del Mar Fuentes, la danseuse de Flamenco. Ruth Salama, pieds-nus, s'éleva dans les airs, suspendue à l'étoffe rouge et, au son de la musique, exécuta des figures dont l'esthétique captivait le public. Sa danse aérienne faite de figures acrobatiques relevait d'une esthétique et d'une essence Flamenca. En effet, elle interprétait une Guajira, un Seguiriya puis une Solea, se lovant ou déroulant l'étoffe au rythme des palos qu'elle interprétait et toujours à l'écoute du cante; ce qu'elle exprimait avec ses figures acrobatiques était en osmose avec l'émotion et la structure du Flamenco. Quelques passages dansés par Maria del Mar Fuentes furent très remarqués par le public et la rencontre entre ses deux univers semblait bien naturelle. Ruth Salama, qui est à l'origine de ce projet, est née à Barcelone d'une famille juive Séfarade qui parle le ladino; elle a étudié le cirque, en France et s'est formée à la danse Flamenco. C'est une famille de cirque qui lui a transmis la connaissance du funambule et cette envie de fusionner le Flamenco avec le monde du cirque lui est apparu comme une nécessité, d'autant plus que, selon elle, "Le cirque et le Flamenco ont beaucoup de points en commun: ce sont souvent des danses en solo, comme au cirque. Le danseur va jusqu'au bout, il aime cette prise de risque et il détient aussi cette fierté et, comme eux,  je donne tout ce que j'ai". Précisant aussi que "ce spectacle est l'embryon d'un nouveau projet qui évoquerait l'histoire de Roméo et Juliette en mettant en scène les deux familles: celle du cirque et celle du Flamenco", Ruth Salama nous prépare de belles surprises...

 

 

'La edad de Oro'

Israel Galván

au Café Cantante, à 20h

Distribution: Chorégraphie et danse: Israel Galván; Chant: David Lagos; Guitare: Alfredo Lagos

L'âge d'Or du 'Danseur des danseurs'

Depuis sa première création, en 1998, Israel Galvan n'a de cesse de réinventer son propre langage chorégraphique en  poussant toujours plus loin son baile déroutant, loin du style et de la tradition familiale dont il a hérité. Dans la création 'La Edad de Oro' ('L'âge d'or')  Israel Galvan décide de s'exprimer au travers de la trilogie chant-danse-guitare et revient ainsi aux sources du Flamenco.  Il revisite 'l'âge d'or' de cet art qui correspond, selon les spécialistes, à l'époque bénie du Flamenco, qui s'étend environ de 1850 à 1920, avant que cet art ne se transforme. Nous avions vu à plusieurs reprises ce spectacle crée en 2005, alors qu' Israel Galvan était accompagné au chant par la voix puissante de Fernando Terremoto, cantaor qui nous a quitté en 2010. Fils du chanteur Terremoto de Jerez, héritier de l'âge d'or, Fernando était une figure incontournable du cante jondo. La perte de ce chanteur et ami a provoqué chez Israel Galvan un bouleversement important dans sa manière de vivre ce spectacle et, bien que ce cantaor ait été remplacé par David Lagos, un autre chanteur plein de talent, l'ange de Fernando semblait planer au dessus de la scène durant tout le spectacle. Israel Galvan a interprété plusieurs palos tels qu'une  Siguiriya, Solea por Buleria, Tientos por Tangos et Alegrias dans un style très personnel et anti conformiste. Loin de tout artifice ou de faire paraitre, la gestuelle d'Israel Galvan est faite de ruptures, de suspensions. Son corps se cambre puis s'immobilise, puis il change de direction d'un pas léger et se campe sur une jambe, exécutant une figure de buto. Indiquant un nouvel axe avec un bras et jouant constamment avec la discontinuité, il fait claquer ses doigts sur ses dents puis il plonge dans une nouvelle gestuelle en exécutant des arabesques nerveuses et un taconeo étourdissant.  La variété des postures et des attitudes qu’il prend conjuguée à ses gestes épurés font d'Israel Galván un danseur hors pair tout en étant profondément enraciné dans la tradition, tradition qu'il connait parfaitement. Ainsi, l'âge d'or du Flamenco n'est-il pas sous nos yeux, ce soir là, lors de la magnifique prestation du 'danseur des danseurs', de celui que l'on nomme aussi le 'Nijinski du Flamenco'?

A l'issue du spectacle, Israel Galvan a participé à une rencontre avec le public. Alors qu'il avait animé un stage pendant plusieurs jours, dans le cadre du Festival Arte Flamenco, ses élèves se sont approché de lui et lui ont remis quelques cadeaux en guise de remerciement pour la qualité de son travail et sa personnalité attachante. Israel était très ému par ce témoignage d'affection. S'en suivit  un très beau moment de partage entre le public, Israel Galvan et les artistes qui l'accompagnaient.

Pendant l'entracte, nous avons rencontré un artiste qui dessinait discrètement dans un angle de la salle. Il s'agit de Yannick Grillon( + Infos: http://www.grillontatouage.fr):" je ne connaissais pas ce danseur et il m'a mis une vrai claque, j'ai adoré! j'avais le sourire aux lèvres en le regardant danser, de voir comment il se déplace dans l'espace, j'ai vu des mouvements que je n'avais jamais vus encore, et ce rapport aux arts martiaux et au kata en particulier m'a donné de nouvelles pistes pour de prochaines peintures" a-t-il affirmé. Nous vous présentons ci-dessous quelques uns des superbes dessins qu'il réalisa, ce soir là:

Manolo Punto

Solo Flamenco

Soirée Bodega, à 21h30

Distribution: Danse, Manolo punto; chant, Alberto Garcia; guitare, Rafael Pradal; Cajón, Cédric Diot

Manolo Punto, un baile tout en Finesse et authenticité

Manolo Punto et sa compagnie ont investi la scène de la Bodega, à 21h30 pour présenter leur spectacle spécialement crée pour Arte Flamenco 2011. Natif de Paris, Manolo Punto a étudié la danse au sein de l'Académie Amor de Dios, à Madrid et il a dansé dans divers lieux culturels, en France et a plusieurs créations a son actif. Comme nous, les aficionados se souviennent de sa belle création 'Flamenco al desnudo' dont il avait donné plusieurs représentations à Paris, au Théâtre de la Reine Blanche. Nous avions été séduit par l'authenticité et l'originalité de son travail et par ses magnifiques duo avec la danseuse Aurélia Vidal. Pour le Festival, Manolo a choisi de présenter une danse en solo, accompagné par l'excellent chanteur Alberto Garcia. Entouré aussi par de très bons musiciens tels que le percussionniste Cédric Diot et Rafael Pradal à la guitare, Manolo Punto a offert au public un voyage intimiste au travers différents palos du Flamenco, s'exprimant au travers d'une danse toute en subtilité et en finesse. Un voyage qui fut très apprécié par le public.

 

Jeudi 7 juillet

 ' Enclave Valencia'

José Valencia, Anabel Valencia

Cafe Cantante, à 19h30-1ère partie

Distribution:  Chant: José Valencia, Anabel Valencia; Guitare: Juan Requena; Palmas: Bobote, Juan Diego, Manuel Valencia

 Le clan Valencia triomphe sur la scène d'Arte Flamenco

José Valencia, un habitué du Festival Arte Flamenco est revenu cette année, accompagné par sa cousine Anabel Valencia et par leur frère respectifs. Lors de ce spectacle justement nommé 'Enclave Valencia', le jeune chanteur a rendu un hommage au quartier gitan de Lebrija, terre qui a vu naitre de grands artistes tels que Juan Peña « El Lebrijano » ou le guitariste Pedro Bacán et dans laquelle se trouvent ses racines. C'est donc en famille qu'il a chanté, accompagné par Juan Requena à la guitare et par les palmas de Juan Diego et Manuel Valencia. Adopté depuis toujours par les Valencia, Bobote a complété cette formation en agrémentant le spectacle de ses palmas magistrales et de sa danse toujours pleine de fantaisie. José Valencia a interprété plusieurs palos du Flamencos dont une Solea, complétant son répertoire avec des styles de cante moins connus et sa voix puissante et d'une virtuosité technique hors pair a captivé le public. Le  Martinete qu'il interpréta par la suite fut poignant d'émotion. Ce chanteur qui a reçu le prix de l'artiste révélation de la Biennale de Séville, en 2004, prouvait une nouvelle fois au public montois son immense talent et sa maestria. Anabel venait pour la première fois sur la scène du Festival Arte Flamenco. Ayant remarqué son talent, Sandrine Rabassa, la directrice artistique du Festival, a voulu lui donner cette chance en l'accueillant comme artiste invitée, dans ce spectacle. Anabel s'est lancée dans l' interprétation d'une Seguiriya, accompagnée à la guitare par Juan Requena. Son cante très inspiré porté par une voix puissante fut très apprécié; les mains d'Anabel se tordaient sur son ventre et son visage expressif traduisait avec beaucoup de clarté les émotions qu'elle exprimait. Elle interpréta merveilleusement la chanson 'Compromiso', chanson dont nous connaissions la version de Diego el Cigala. Elle fut fortement applaudie et son succès auprès du public prouva que Sandrine avait vu juste en l'invitant à participer à ce Festival. Une fin de fiesta por Buleria clôtura le spectacle dans une joie communicative tandis que le public fit une standing ovation pour acclamer ces grands artistes.

 


Farruco
au Café Cantante  -2ème partie

Distribution: Danse: Farruco; Chant: Pedro Heredia Reyes « El Granaíno », Antonio Flores « Niño de Pruna »; Guitare: Antonio Rey; Flûte: Juan Parrilla; Violon: Bernardo Parrilla; Percussions: Isidro Suárez Navas.

 Farruco ou la fulgurance du Flamenco

 La deuxième partie de la soirée s'annonçait particulièrement chaude avec l'arrivée de Farruco, le grand danseur gitan, sur la scène du Café Cantante.  Le public ne s'est pas trompé en acclamant ce jeune prodige du Flamenco dès qu'il est arrivé sur scène. Il est le petit fils de Farruco, le fils de la danseuse La Farruca et frère du danseur Farruquito; autant dire qu'il a reçu le Flamenco en héritage, qu'il coule naturellement dans ses veines et que les pulsations de son cœur  sont a compás. Rappelons aussi que Le maestro Paco de Lucia l'a judicieusement choisi pour sa tournée 2010.  Toujours au sommet de son art, dans chacun de ses spectacles,  Farruco sait s'entourer de musiciens et de chanteurs de haut niveau. En effet, ce soir là, il était accompagné par les chanteurs Pedro Heredia Reyes 'El Granaino' et Antonio Flores 'Niño de Pruna', par le talentueux guitariste Antonio Rey, par Juan Parilla à la flûte et par Isidro Suarez Navas aux percussions.  Dans la pure tradition de sa dynastie, Farruco a dansé avec fougue et maestria, sur plusieurs palos.   Toujours à l'écoute du cante et de la musique, Farruco dansait en osmose avec son groupe. Au beau milieu du spectacle, au rythme d'une Solea, il joignit ses mains, ferma les yeux, plongé dans un état de concentration extrême, d'énergie contenue; la sueur coulait sur son front, sur ses joues. Puis il ouvrit les yeux et s'élança dans une danse sauvage, explosive et pris dans une transe, il bondissait puis martelait le sol avec ses pieds et la terre semblait se ramollir sous la force qui jaillissait de ses talons. La lumière dégoulinait de ses mèches de cheveux, ses mains s'était transformées en un battement d' ailes d'oiseau qui nous emportait au cœur du duende! quel bonheur! quel délice! le public donna la réplique par une standing ovation, puis le chant prolongea ses instants magiques. Nous connaissions le talent de ce danseur,  mais l'intensité de ces moments qu'il a offert au public, lors de ce spectacle, furent au delà de nos espérances. Merci Farruco!

 

'Entre dos mundos'

 Groupe Kanélé

Kanélé:  une inspiration entre tradition et modernité

Bodega à 21h30 et 22h45

Distribution: chant: Olivier Martinez 'Kanélé'; guitare Flamenca: Olivier Morlans 'Mozo'; guitare Flamenca/guitare électrique: Philippe Elias 'Chaleco'; danse: Floriane Bèges; Percussions: François Miniconi; contrebasse/basse: Patrick Felicés

 Quel plaisir de retrouver le groupe Kanélé, lors de la soirée Bodega! Nous avions découvert ce groupe l'été dernier, à Banyuls sur Mer; les revoir, toujours aussi débordant  d'énergie et d'envie de donner le maximum au public, cela nous réjouissait d'avance. Provenant de Perpignan, ce groupe a été crée il y a une dizaine d'années autour du chanteur charismatique Olivier Martinez 'Kanélé'. D'origine gitane, Kanélé grandit au son de la rumba et du Flamenco et c'est dans ce contexte que ses influences musicales vont l'amener à tisser, peu à peu, des liens entres des univers et des genres très différents. Toutefois, en tant que gitan qui a été formé à la tradition du Flamenco, Kanélé n'en demeure pas moins très attaché aux sources du Flamenco et son univers musical se situe  à 'Andalunya', une terre qu'il a inventé, " entre el torro y el burró"("entre le taureau et l'âne"), mascottes des deux cultures auxquelles il appartient. Entouré par Olivier Morlans 'Mozo'et Philippe Elias aux guitares, par François Miniconi aux percussions et Patrick Felicès à la basse et contrebasse, Kanélé a interprété les thèmes de son dernier album 'Entre dos mundos' ('Entre deux mondes') avec beaucoup de talent et de soniquete. Passant avec aisance de la profondeur du cante jondo à l'ambiance festive de la Rumba ou du Tango Flamenco, Kanélé a fait swinguer le public qui en redemandait. Sa danseuse et épouse Floriane Bagès intervenait ponctuellement et son baile puissant et très gitano envoutait le public. Saluons le talent de ces artistes et des musiciens qui, quant à eux, ont apporté toute la saveur mélodique et rythmique à cet ensemble qui mérite, de toute évidence, que  nous suivions leur actualité. De plus, profitant de leur présence à Mont de Marsan, ce groupe au 'grand cœur' a offert, le lendemain, un concert aux détenus du centre pénitentiaire de Pémégnan... chapeau bas, Kanélé!

 

 

Vendredi 8 juillet

 

'Piano-Flamenco Session'

Dorantes, Esperanza Fernández (artiste invitée)

Cafe Cantante, à 19h30-1ère partie


Distribution:
Piano: Dorantes; Chant: Esperanza Fernández; Contrebasse: Yelsy Heredia; Percussions: Tete Peña

Dorantes, le maestro du piano Flamenco, au sommet du duende

C'est avec une certaine émotion que David Peña Dorantes, le maestro du piano Flamenco,  est entré sur la scène du café cantante de Mont de Marsan, suivi de la grande chanteuse Esperanza Fernandez. En effet, c'est dans ce même festival, en 1996, qu'il avait donné son premier grand concert. Depuis, sa carrière artistique a littéralement explosée et sa vie est désormais rythmée par les nombreux concerts qu'il donne sur les plus grandes scènes internationales. Saluant le public avant de s'assoir devant son piano à queue noir laqué, David Dorantes a interprété les thèmes de ses deux albums 'Sur' et 'Orobroy', accompagné par le talentueux contrebassiste cubain Yelsy Heredia et par Tete  Peña qui marquait admirablement le tempo.  David Dorantes captivait l'auditoire avec sa musique aux influences classiques et contemporaines, tout en demeurant résolument Flamenco.   Dorantes est issu d'une dynastie gitane d'artistes Flamencos: son père est le guitariste Pedro Peña et son oncle n'est autre que le légendaire chanteur El Lebrijano. Pour Dorantes, la transmission familiale du Flamenco s'est donc faite sous les meilleurs hospices. C'est chez sa grand -mère, La Perrata, qu'il commencera à jouer du piano, dès l'âge de 6 ans et, plus tard, il décidera de se vouer entièrement à cet instrument en intégrant le conservatoire de musique de Séville. Avec cette double formation, traditionnelle et classique, Dorantes apporte sa vision personnelle du Flamenco au travers du piano et il réussit à imposer cet instrument dans cet univers où le cante est roi; son ouverture d'esprit l'amène à collaborer avec des artistes Flamencos mais aussi avec des artistes d'horizons divers, ce qu'il fait notamment dans son nouvel album 'Sin muros' qui devrait sortir à la rentrée prochaine et dans lequel Dorantes établit un dialogue musical et interculturel avec les artistes avec lesquels il collabore. Lors de ce spectacle, Dorantes interprète plusieurs thèmes que le public reconnait aussitôt, dont le magnifique 'Orobroy', terme calo qui signifie 'pensée'. Tantôt sensuelle, tantôt romantique et parfois sauvage, voire indomptable et toujours imprégnée de duende, la musique de Dorantes envoûte et touche profondément l'auditoire et lorsque, accompagnée au piano, Esperanza Fernandez chante l'hymne des Roms 'Gelem Gelem' ('J'ai voyagé, j'ai voyagé') thème issu de l'album 'Recuerdos' de cette cantaora, c'est toute l'histoire du peuple gitan qui ressurgit et des larmes coulent sur les joues de plusieurs d'entre nous ... oui, ce soir là, le public et les artistes ont vibré à l'unisson.

 

 
'Danzaora'

Rocío Molina

Cafe Cantante-2ème partie


Distribution: Danse et chorégraphie: Rocio Molina; guitare: Eduardo Trassierra; chant: Joé Angel Carmona; Palmas: José Manuel Ramos'El Oruco', Miguel Angel Ramos 'El Rubo'.

Rocio Molina: un talent extrême.

Vous l'auriez deviné... la salle était comble  pour honorer ce  rendez-vous avec la danseuse prodige Rocio Molina  qui présentait 'Danzaora', sa nouvelle création, au public Montois. Celle qui, à dix-sept ans, faisait déjà partie de la compagnie de danse de María Pagès puis qui signait 'Entre paredes', sa première création en 2005, continuait à éblouir le public avec ses propres chorégraphies dans plusieurs créations telles que 'Entre paredes', 'El eterno retorno' 'Turquesa como el limón', 'Oro viejo' et 'Cuando las piedras vuelen'.  Elle reçoit en 2010 le prix National de danse pour son interprétation, pour "son apport au renouvellement de l'art Flamenco et sa force comme interprète, capable de manier avec liberté et courage les registres les plus divers". Rocio a  exploré la danse classique, contemporaine, le jazz et danse parfaitement sur tous ces styles, mais c'est le Flamenco qu'elle a choisi comme langage, pour exprimer ses émotions et sa personnalité. Sa danse est toujours en mutation, autant lorsqu'elle répète en studio,  au minimum 5 heures par jour, que lorsqu'elle est sur scène. Ainsi, plongée dans un état de constante  créativité,  Rocio considère l'espace scénique comme son 'laboratoire', lieu dans lequel des choses nouvelles 'peuvent surgir' et cela pour le plus grand bonheur du public qui accueille chacune de ses prestations comme un cadeau unique. Ce soir la, Rocío a présenté une danse venue du très profond de son être. Baignant dans un halo de lumière qui laissait deviner les contours de sa silhouette, elle faisait vibrer son corps et ses talons, arquant son buste avec dignité. Son style personnel et son ingéniosité ont électrisé le public, tout au long du spectacle. Rocio était accompagnée par Eduardo Trassiera à la guitare, par le chanteur José Angel Carmona, par José Manuel Ramos 'El Oruco' et Miguel Angel Ramos 'El Rubio'. Fusionnant les styles, les époques et les cultures dans une gestuelle magnifique et un charisme hors du commun et explorant souvent le thème de la dualité, Rocio joue avec les contrastes au travers d'une ambiance tout en clairs-obscurs et des changements successifs de rythmes ainsi qu' une gestuelle tantôt féminine et lascive, tantôt masculine et puissante. En effet, vers le milieu du spectacle, battant la mesure avec un riqq, elle exécute une magnifique Zambra, accompagnée au oud par Eduardo Trassiera puis, elle change de registre et se lance dans une danse électrique, utilisant alors la réverb pour créer un écho et prolonger la rythmique de ses taconeos et lorsqu' avec ses musiciens, elle bat la mesure sur un socle et développe cette rythmique en exécutant des mouvements qui n'appartiennent qu'à elle, le public est totalement subjugué par le génie de cette danseuse. Olé Rocio!

 

 

 

Manuel Delgado y su grupo

Soirée Bodega (dans la ville) à 21h30 et 22h15

Distribution: Guitare: Manuel Delgado; Chant: Alberto Garcia; Cajón: Cédric Diot ; Danse: Lorenzo Ruiz; Contrebasse: Stephen Bedrossian

Manuel Delgado ou le raffinement du toque

De nombreux aficionados attendaient ce spectacle avec impatience. En effet, outre la présence du talentueux guitariste Manuel Delgado, accompagné par Alberto Garcia au chant, de Cedric Diot au cajon et de Stephen Bedrossian à la contrebasse, la belle et talentueuse danseuse Alejandra Gonzalez devait aussi s'y produire. Malheureusement, pour des raisons de santé, elle n'a pas dansé et elle a été remplacée, à la dernière minute, par Lorenzo Ruiz. Celui-ci à relevé un défi d'envergure. En effet, sans répétition préalable avec le groupe, Lorenzo a dansé dans les règles de l'art, respectant scrupuleusement les magnifiques moments de 'cante'  et accompagnant celui-ci avec beaucoup d'émotion. Originaire de Grenade et installé en France depuis l’âge de 16 ans, ses compétences artistiques l'amènent à se produire sur scène aux côtés des grandes figures du Flamenco. Ses chorégraphies  révélaient une maitrise technique évidente. Saluons le talent des musiciens et du chanteur Alberto Garcia. Mention spéciale pour Manuel Delgado, guitariste natif de Barcelone et qui réside à Paris depuis plusieurs années. Une fois de plus, il a ébloui le public avec ses compositions musicales finement ciselées qui apportaient du rêve et de la magie à l'ensemble. Notons aussi qu'en parallèle de ses activités scéniques, Manuel Delgado dispense des cours de guitare dont la qualité est officiellement reconnue.

 

 

Samedi 9 juillet

'Gaditanía'

Cantante gourmand

Cafe Cantante à  19 h 30


Distribution: chant: Mariana Cornejo, David Palomar; danse: Juan Ogalla; guitare: Ricardo Rivera; Palmas: Diego Montoya, Javier Katumba.

Escale festive à Cadiz...

Lors du diner-spectacle de  clôture qui eut lieu au Café Cantante, Cadiz était à l'honneur. Ville maritime située dans le “ Triangle D’or” du Flamenco,  c'est à dire dans la  région de l’Andalousie connue comme le berceau du cante Flamenco,   Cadiz a vu naitre et s'épanouir de grands artistes tels que La Perla de Cádiz, Pericón de Cádiz, Manolo Vargas et le regretté cantaor Chano Lobato, décédé il a deux ans et qui était l'un des grands dépositaires de la tradition du cante Gaditan. C'est à cette 'terre de la joie, de l'air, de la mer, du Flamenco" que  plusieurs artistes ont rendu hommage, lors de cette soirée  qui réunissait plusieurs générations de chanteurs gaditans dont la doyenne, Mariana Cornejo, assise aux côtés du jeune David Palomar qui incarnait le renouveau du cante gaditan;  le danseur Juan Ogalla, le guitariste Ricardo Rivera et les palmeros Diego Montoya et Javier Katumba complétaient magnifiquement cette équipe. Mariana Cornejo entrecoupa ses prestations par des commentaires intéressant et plein d'humour à propos de sa carrière et sur les artistes qu'elle a côtoyé, puis, débordante d'énergie, elle reprenait son tour de chant avec talent. Juan Ogalla intervenait par moments; sa danse pleine de sensibilité et de poésie fut acclamée par le public. Ce danseur a un belle carrière artistique a son actif; en effet, il a accompagné pendant sept ans la célèbre danseuse Cristina Hoyos, en tant que partenaire et soliste de sa compagnie puis il créé en 2001 sa propre compagnie avec laquelle il fait le tour du monde. Gageons que nous reverrons très bientôt ces artistes sur la scène française...

 

Fin de Fiesta

Agujetas

Berges de la Midouze à 23 h 30
Distribution: chant: Agujetas; guitare: Antonio el Soto.

Du Cante jondo en guise d'au revoir

Héritier du surnom de son père qui fondait et façonnait les aiguillages («agujas») ferroviaires dans sa forge, Manuel de los Santos Pastor 'Agujetas' est né à Jerez. Il débute comme forgeron,  forgeant également son chant caractérisé par les sons noirs et profonds que son père Agujetas el viejo lui a transmis, dans la tradition du cante de Jerez. C'est ce 'monstre sacré' du cante qui a honoré le public de sa présence lors du spectacle de clôture de la 23 ème édition du Festival Arte Flamenco. Il était 23h30, samedi 9 juillet, lorsque Agujetas arriva sur les Berges de la Midouze, suivi de son talentueux guitariste 'Antonio el Soto'. S'installant sur les chaises qui les attendaient,  Agujetas et Antonio rassemblèrent leur énergie puis, accompagnée à la guitare, une voix s'éleva. C'était le chant d'Agujetas qui, telle une déchirure, fit couler de la douleur et du désespoir dans la nuit Montoise. Le public, situé de l'autre côté de la rive, recevait ce chant dans le recueillement, ingérant chaque letras comme un met divin. Cette douleur qu'il chantait, cette violence qui émanait de son cante nous plongeait dans les entrailles de notre propre intériorité. La vie et la mort, l'amour et la haine, la joie et la peine, double facettes d'une même piécette, c'est de cela qu'il s'agissait et Agujetas avait la voix et le cœur faits pour nous  chanter cela haut et fort et avec beaucoup de talent.  Taillé dans le roc, son chant était brut, sans fioriture, archaïque et c'est de cette manière qu'il touchait son auditoire en plein cœur. Il chanta por Seguiriya, por Solea, puis, martelant le fer sur une enclume, il interpréta un Martinete plein de jondura et, dans ce combat avec la matière, de nouveau, il sortit vainqueur. La vie est-elle plus forte que tout? c'est ce qu'il semblait dire lorsque, après 40 minutes de cante où il avait tout donné, Agujetas se dirigea vers la voiture qui l'emmenait à son hôtel et qu'à son passage, il nous adressa un regard pétillant de vie agrémenté d'un sourire complice.

 

Comme chaque année, Arte Flamenco met aussi les arts visuels à l'honneur avec des expositions de photos, des résidences d'artistes et la projection de films. Cette année, le public pouvait découvrir le nouveau film 'Flamenco-Flamenco' de Carlos Saura, film dans lequel le réalisateur rassemble toutes les grandes figures du Flamenco, dans une scénographie pleine de magie et dans laquelle la peinture est à l'honneur. Arte Flamenco c'est aussi des stages, des rencontres, des plateaux d'expression artistique et la présence du flamenco, partout dans la ville avec une programmation Off 'Paseo Flamenco' avec la labellisation de 12 lieux restaurants, bars, discothèques de Mont de Marsan qui proposent une programmations de professionnels, d'amateurs et d'associations...le moment idéal pour de faire de belles découvertes artistiques  :

Rencontres d'artistes:

 

 

  Des stages pris d'assaut

Cette année, les stages organisés par Arte Flamenco ont été pris d'assaut; En effet, 286 élèves ont participé à ces stages et le Festival n'a pu malheureusement répondre à la demande de tous les stagiaires. Toutefois, l'équipe d'Arte Flamenco promet d'augmenter la capacité des stages pour la prochaine édition. Les stages de baile avec Maria Moreno, Israel Galvan, Felipe Mato, Mercedes de Cordoba, Carmen Rasero, Luisa Palicio ont été très appréciés par les stagiaires. Concernant la guitare, Pierre Pradal était au rendez-vous, comme chaque année, pour accueillir ces fidèles stagiaires, tandis qu'Antonio Rey, Michele Laccarino et Eugenio Iglesias proposaient un apprentissage de la guitare Flamenca aux aficionados. Un stage de cajon avec José Carrasco et des stages de Cante avec Alicia Gil  le grand chanteur Arcángel ont attiré beaucoup d'élèves. Francisco Morales 'El Pulga' proposait une initiation aux compás et palmas tandis que notre ami et talentueux artiste Bobote revenait cette année encore pour emporter les élèves dans ses fougueuses pulsations pleines de maestria.

Une initiation à la danse avait lieu à la Bodega, mercredi, à 11h. Animée par Maria Mirande, elle enseignait aux enfants quelques mouvements de base d'une manière ludique et conviviale:

 

Une Flash-mob était organisé par Israel Galvan, à l'issue du  stage qu'il a donné du 3 au 8 juillet;  nous pouvions découvrir cette  prestation qui rassemblait les 25 stagiaires, place Pitrac, à Mont de Marsan:

 

Expositions: 

Exposition 'Mauvais garçons' de Christophe Dabitch et Benjamin Flao au Musée Despiau-Wlérick de Mont de Marsan, du 4 au 29 juillet 2011

Les co-auteurs de la bande dessinée intitulée 'Les mauvais garçons' éditée chez Futuropolis ont présenté le travail qu'il avaient réalisé l'année dernière, lors du Festival Arte Flamenco,  alors qu'ils étaient en résidence. Une très belle exposition réunit des letras por Solea choisies et mises en scène par Christophe Dabitch, et quelques planches originales issues de l'ouvrage 'Les mauvais garçons', des peintures et dessins du peintre et illustrateur Benjamin Flao. Notons aussi que Benjamin Flao est l'auteur de la magnifique affiche de cette 23 ème édition d'Arte Flamenco de Mont de Marsan

 

 Exposition 'Balada Flamenca', photos de Jean-Louis Duzert, au Musée Despiau-Wlérick, du 4 au 29 juillet 2011

Portraitiste talentueux, Jean-Louis Duzert est photographe fidèle au Festival Arte Flamenco. Lors de cette exposition, il présente une sélection de ses meilleurs clichés qui représentent les grandes figures du Flamenco. Nous pouvons aussi voir la photo originale mythique qui représente les mains de Camaron de la Isla, photo qui a apporté à Jean-Louis Duzert une reconnaissance internationale.

Exposition 'Amaya, Amargo et les autres...' photos de Peter Knapp, au Café Cantante

Accueilli en résidence, l'année dernière, le photographe Peter Knapp expose le fruit de son travail réalisé lors de l'édition précédente. Cette exposition qui tenait au Café Cantante présentait des clichés aux très grands formats et nous pouvions reconnaitre plusieurs artistes qui étaient  à l'affiche d'Arte Flamenco 2010.

Exposition Pilar Alabarracín, au centre d'Art Contemporain Raymond Farbos

La plasticienne originaire de Séville, Pilar Alabarracin,  présente cinq vidéos réalisées il y a plusieurs années. Dans ses performances vidéos, Pilar sollicite l'émotion du public et la violence de son regard amène le spectateur à réfléchir sur de nombreux sujets tels que l'identité culturelle andalouse, le rapport de domination, ou le Flamenco. Un travail très particulier et fort intéressant qui fait réagir le spectateur.

Résidences d'artistes:

Depuis 3 ans, Arte Flamenco invite des artistes en résidence à poser leur regard sur ce Festival. Cette démarche constituée de deux phases, la première étant la phase d'immersion et de création et la seconde étant l'exposition du travail réalisé au cours de la première phase. Cette année, Pilar Albarracín,  était l'invitée d'Arte Flamenco et du Centre d'art contemporain Raymond-Farbos.

 

 

Interviews

Sandrine Rabassa, Directrice artistique du Festival: Lire

Jean-Louis Duzert, photographe: Lire

  Antonio el Soto, guitariste

 (bientôt en ligne)

 

Benjamin Flao, dessinateur: Lire

   Christophe Dabitch, écrivain

Lire

 
 


  

  Visiter le site Web du Festival Arte Flamenco: http://arteflamenco.landes.org

 

Les vidéos du Festival :

 
Maria Pagès, la beauté d'un regard par departement_landes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

       

 

Nous remercions aussi tous les artistes qui ont illuminé le Festival. Merci à tous  les aficionados et artistes que nous avons eu le plaisir de revoir  ou de rencontrer, à  Maïté Gamoy 'La Flamenquita' et ses sœurs, à Christine Pascault, à Manuel Delgado, Alejandra Gonzalez, Christelle Guillemain, Cristo Cortes...