Musique Alhambra

L'Actualité du Flamenco

 

  

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Reportage sur le XXII ème  Festival 'Arte Flamenco' de Mont de Marsan

Texte: Isabelle Jacq 'Gamboena'/ Photos: Alain Jacq

Reportage réalisé pour Musique Alhambra

 

Edito

La XXII ème édition du Festival Arte Flamenco a remporté un franc succès auprès du public et de la critique, au travers d'une programmation exceptionnelle où tradition et modernité se côtoyaient; Les représentations avaient lieu dans les salles de spectacles ainsi que hors les murs où une programmation off était prévue dans les cafés montois ainsi qu'une fin de fiesta sur les berges de la Midouze qui croisait les arts visuels et ceux de la scène. Invoquant le duende, Rafael Amargo a ouvert le Festival avec son spectacle 'La dificil sencillez'. Puis, la danse de Juana Amaya, de Jairo Barrul, de Juana la del Pipa, les métaphores de Torombo, les palmas de Bobote, le chant d'Archangel, de Laura Vital, la guitare de Moraito, les voix de Segundo Falcon, et la présence d'autres grands artistes ont, tour à tour, illuminé le Festival où le duende était au rendez-vous. Les arts visuels étaient à l'honneur aussi au travers d' une exposition de photos et d'affiches. Des  stages, rencontres, résidences d'artistes et animations diverses autour du Flamenco ont complété cette programmation, plongeant la ville dans une ambiance très Flamenca.

 

Parmi les nouveautés de cette année et suite à un remaniement de l'équipe organisatrice du Festival, quelques nouveaux visages étaient présents lors de l'inauguration du Festival marquée par la présence d' Henri Emmanueli, député et président du conseil général des Landes et de François Boidron, directeur général du festival.  Parmi les nouveaux membres de l'équipe , nous citerons  Sandrine Rabassa qui a remplacé Javier Puga, devenant ainsi  la nouvelle directrice artistique. Une autre nouveauté de ce festival: cette année, la Junta d'Andalousie a pris l'engagement de faire reconnaitre le Flamenco comme patrimoine Mondial de l'Unesco et, lors du Festival, une campagne sous la devise 'Flamenco soy' était organisée pour obtenir le plus grand nombre possible de soutiens pour cette candidature. Beaucoup d'artistes et d' aficionados ont répondu favorablement à cet appel... ce qui laisse augurer un bel avenir à cet art que nous estimons tant et qui , depuis plusieurs années, dépasse les frontières et conquiert un public de plus en plus large.

Dans notre reportage, nous relatons principalement les évènements auxquels nous avons assisté:

Lundi 5 juillet

'La difícil sencillez' - Compagnie Rafael Amargo

Espace François Mitterrand à 21 h

Distribution
Metteur en scène et chorégraphie : Rafael Amargo - Mise en scène, dramaturgie, textes-off et audiovisuels : Pilar Távora - Musiques et direction musicale : Juan Parrilla, José Luis Montón - Artiste invité : Manuel Molina - Danseurs : Rafael Amargo, Vanesa Gálvez (La Lirio), Eli Ayala, Cristina Montalvo, Lidón Patiño, Nacho Blanco, Ruben Puertas, Ricardo Serrano - Musiciens : Juan Parilla (flûte), Jesús Losada (guitare), Antonio Maya (cajón) - Chant : Maite Maya, Gabriel de la Tomosa - Costumes : Francis Montesinos - Lumières : Nicholas Fischtel (AAI).


Animée par l' envie d'apporter un  souffle nouveau au Festival et de présenter un spectacle qui témoigne des nouvelles tendances artistiques, cette année, l'équipe d'Arte Flamenco a choisi d'ouvrir le Festival avec le spectacle 'La dificil sencilliez' de la compagnie Rafael Amargo. Inspiré de la conférence de Federico Garcia Lorca sur le Duende, Rafael Amargo a adapté ce texte à la scène, évoquant les traditions populaires espagnoles, les arts plastiques, l'art taurin et la religion au travers d'une mise en scène et d'une direction artistique assurées par Pilar Tavora. Dans ce spectacle, le Duende est le personnage principal, celui que l'on attend avec force et confiance durant tout le spectacle. Sachant pertinemment qu'il vient quand il veut et non quand on l'exige, Rafael Amargo invoque avec subtilité le duende au travers de sa danse, tache d'autant plus rude pour Rafael que celui-ci nous confiera lors d'une rencontre ultérieure que s'il écoute pendant une heure entière que du cante jondo, cela l'ennuie profondément. Ainsi, par crainte de lasser à son tour le public, il va user de tout son talent, varier les plaisirs, s'entourer d'artistes de qualité qui apportent la jondura et qui interviennent ponctuellement pendant le spectacle comme le chanteur et guitariste Manuel Molina ainsi que de 7 danseurs et de 5 musiciens de haut niveau. Juan Parilla et José Luis Monton assurent magistralement la direction musicale, Maite Maya et  Gabriel de la Tomasa chantent merveilleusement, accompagnés par Juan Parilla à la flûte, par Jesús Losada à la guitare et par Antonio Maya au cajón. La présence de Manuel Molina apporte de la poésie et du rêve; Les textes off et audiovisuels diffusent des extraits de la conférence sur le  duende évoquant ainsi l'univers Lorquien tandis que les scénettes se succèdent et que les artistes évoluent sur scène avec talent.  L'ambiance scénique propre à Pilar Tavora se révèle au travers l'encens diffusée sur le plateau, les danses taurines et les références à la religion avec, notamment, une croix monumentale érigée sur scène et sur laquelle Rafael Amargo monte pour remémorer la crucifixion... du christ. Ce spectacle provoque des réactions diverses de la part du public mais, une chose est certaine, c'est qu'il  ne reste pas indifférent...

 

 

Calle Sierpes
Par la Cie Felipe Mato

Spectacle de rue
Esplanade du Midou à 18 h 30
 

Distribution
Danse : Felipe Mato, Marina Valiente, Lucía Alvarez, "La Piñona" - Chant : "El Trini" - Guitare : Michele Iaccarino - Percussions : Jorge Pérez.

La compagnie Felipe Mato a investi l'esplanade du Midou lundi 5 juillet, à 18h30, pour présenter au public montois un spectacle qui évoque la Calle Sierpes, une rue de Séville dans laquelle on croise toute sorte de gens allant de l'homme d'affaire à l'artiste. La danseuse Marina Valiente vêtue d'un costume et d'un chapeau melon joue l'artiste de rue, puis Lucía Alvarez 'La Piñona' danse en duo un magnifique tango argentin pour revenir ensuite au Flamenco en solo, duo ou trio, accompagnés par El Trini au chant par Michel Iaccarino à la guitare et par Jorge Pérez au percussions.  Saluons le talent de tous ces artistes que le public a longuement applaudi à l'issue de ce spectacle plein de fraicheur et d'humour.

Mardi 6 juillet


El aire de Sevilla
Par Torombo

Spectacle de rue
Esplanade du Midou à 18 h 30
 mardi 6 et jeudi 8 juillet

Distribution
Danse : Torombo - Artiste invité : Bobote - Chant : Gabriel de la Tomasa - Guitare : Eugenio Iglesias.

C'est avec un immense plaisir que nous retrouvons    Torombo et Bobote 'El aire de Sevilla', spectacle que ces artistes  ont crée spécialement pour le Festival. Accompagnés par le grand chanteur Gabriel de la Tomasa et par le talentueux guitariste Eugenio Iglesias, Torombo présente un spectacle d'une vingtaine de minutes dans lequel pédagogie, danse et musique se mêlent avec bonheur. En effet, avec la complicité de Bobote, il rappelle les fondements du Flamenco pour tous les aficionados et plus particulièrement pour ceux qui pratiquent le Flamenco d'une manière parfois un peu superficielle. Usant d'une nouvelle métaphore pour expliquer ce qu'est le Flamenco,  il utilise une simple table ronde qu'il retourne et dont il montre les quatre pieds qui sont, dit-il, comme les quatre piliers du Flamenco: le cante, le compas, la guitare et le baile. Lorsque ces quatre éléments ont été assimilés et maitrisés par l'élève au travers une formation et une pratique artistique de qualité, l'élève peut enfin profiter de ses acquis. Notons que Torombo, en plus d'être un grand danseur, est  reconnu pour ses qualités de pédagogue; dans ses stages, il enseigne aussi l'art d'être Flamenco'. Artiste passionné et passionnant, Torombo possède une énergie débordante et, avec humour, il trouve toujours de nouvelles métaphores pour enseigner le Flamenco dont il maitrise parfaitement toutes les arcanes. La présence de Bobote au baile et aux palmas et la connivence de ces deux artistes plein de duende apportent un souffle réellement vivifiant au Festival!

 

 

1re partie 
En el Bar Iberia
Segundo Falcón et Paco Jarana

au Café Cantante à 19 h 30

Distribution
Chant : Segundo Falcón - Guitare : Paco Jarana - Percussions : Raul Dominguez

Dans ce spectacle le chanteur Segundo Falcón et le guitariste Paco Jarana ont rendu un vibrant hommage au bar sévillan 'Iberia', lieu dans lequel ils se sont rencontrés à leur débuts, et où ils pouvaient écouter toutes les grandes figures du Flamenco, à l'époque où le manager Pulpón donnait rendez-vous à ses artistes avant de partir en tournée. Ce bar existe encore mais le système de management d'artistes ayant évolué, ce bar ne remplit plus cette fonction. Accompagnés par Raul Dominguez aux percussions, Segundo Falcón et Paco Jarana ont rendu un hommage au propriétaire du bar Iberia dans le thème 'A Nicanor', puis, il ont interprété divers palos en souvenir des artistes qu'ils ont côtoyé dans ce bar, comme la Seguirilla 'A Luisito Franco' ou l'Alegria 'A mi Manue' ou la Buleria 'Albero y Barro'. La voix envoutante de Segundo et son sens du rythme captivent le public. Rappelons que ce chanteur a été découvert par Antonio Mairena qui a reconnu en lui un grand talent alors que Segundo n'avait pas encore huit ans. Quant à Paco Jarana, guitariste qui excelle dans la composition, l'accompagnement de la danse et du chant, son toque plein de maestria ont séduit le public.

 

 

 

2e partie
Amaya
Compagnie Juana Amaya

au Café Cantante à 21h

Distribution
Direction artistique : Juana Amaya - Danse : Nazareth Reyes - Chant : Guardiana, Juanares,  Maldonado - Guitare : Maldonado, Tati Amaya.


Originaire de
Moron de la Frontera, Juana Amaya est issue d'une famille d'artistes. Sa carrière est ponctuée de belles collaborations artistiques comme cette avec Mario Maya, Joaquín Cortés, Antonio Canales,  Manolete,  Farruquito et Ramírez. Lors de ce spectacle, elle a présenté un duo avec sa fille Nazareth Reyes, accompagnée par deux guitaristes et trois chanteurs gitans. Dans sa danse, Juana exprime sa passion pour le Flamenco. Sa maitrise parfaite du compas, son style sauvage et sans fioriture inspiré par la tradition orale des gitans apporte de la jondura à son baile. Ce duo de femmes unies par les liens du sang et l'amour du Flamenco a embrasé la scène du café cantante, offrant au public un spectacle authentique et intense en émotions.


 

Mercredi 7 juillet

Flamenco Land
Laura Vital

Théâtre municipal à 11 h et 16 h 30

Distribution
Chant : Laura Vital
Guitare : Niño Manuel 
Danse : Juan Amaya "El Pelón", Raquel Villegas
Percussion : Luati

Transmettre aux enfants l'amour du Flamenco, voila une belle initiative de la part de la chanteuse Laura Vital, et c'est ce qu'elle fait à merveille dans son spectacle 'Flamenco Land', création qu'elle a présenté au public montois mercredi 7 juillet, au Théâtre Municipal. Accompagnée par Niño Manuel  à la guitare et par les percussions de Luati, Laura Vital a interprété des chants traditionnels Flamenco en plusieurs langues: espagnol, grec, turc...soulignant  ainsi l'universalité du Flamenco et exprimant le fait que, depuis ses origines, il a été nourri de nombreuses influences et cultures. Un diaporama projeté en fond de scène évoque un parc d'attraction et plante le décor de ce spectacle où l'aspect à la fois ludique et pédagogique enchante les petits et les grands. Le public est plongé dans ce monde imaginaire où le flamenco est le thème de chaque étape: voyage sur une barque, la grotte du Duende, la buvette du Café Cantante et bien d'autres scénettes nous font voyager dans un  monde ludique et enchanteur. Durant toute la représentation, des chants, danses et des rythmes alternent, permettant de découvrir les principes de base du Flamenco, comme ce feu d'artifice en vidéo projection qui éclate au rythme d'une buleria, rythme que les enfants reprennent en cœur, sur la scène du Théâtre. Saluons le talent de tous ces artistes, de la danseuse Raquel Villegas et du bailaor Juan Amaya ainsi que des enfants qui sont entrés sur scène en faisant des palmas et en amorçant quelques pas de flamencos appris lors d'un atelier d'initiation encadré pendant deux jours par la compagnie Laura Vital.

 

1re partie
Dos ramas
Jairo Barrull et Angelita Vargas
(artiste invitée)

au Café Cantante, à 19 h 30

Distribution
Direction artistique : Jairo Barull - Danse : Jairo Barull, Angelita Vargas (artiste invitée) - Chant : Juan José Amador, Rubio de Pruna, José Anillo - Guitare : Paco Iglesias, Eugenio Iglesias.

Réunis autour de leur passion commune pour le Flamenco et d'une tradition familiale Flamenca dont ils sont les dignes héritiers, Jairo Barrull et Anjelita Vargas ont offert au public un spectacle envoutant dans lequel ils ont exprimé avec fierté et talent leur attachement à leur  racines au travers un baile très gitan. 'Dos ramas', deux branches d'un vieil arbre dont le tronc est le sang gitan qui coule dans leur veine, deux grands danseurs dont la maestria a littéralement envoutée le public. Angelita Vargas possède un style inimitable et son baile d'une grande simplicité allie force, grâce et noblesse. Cette danseuse a une longue carrière artistique à son actif et elle continue a parcourir le monde  lors de ses tournées ou pour dispenser des stages qui sont très prisés par les flamencos. Quant à Jairo, fils du légendaire bailaor Ramon Barrull, il s'inscrit dans l'héritage flamenco familial: los Negros de la Ronda et garde toute la vigueur du baile de son père.  Sa virtuosité technique et son talent fulgurant laissent transparaitre une personnalité hors du commun. En effet, sa danse est limpide comme l'eau d'une source, belle  comme la lumière qui émane de lui. Tour à tour profond, tendre, espiègle ou fougueux, il exprime sa rage, ses joies et ses peines au travers de son baile. Ces artistes ont offert au public un spectacle grandiose et plein d'émotions.

 

2e partie
Puro y jondo
Arcángel

au Café Cantante à 19 h 30

Distribution
Chant : Arcángel - Guitare : Miguel Angel Cortes - Chœurs et palmas : "Los Mellis" - Percussions : Agustín Diassera.

Venant pour la première fois en tant que soliste au Festival Arte Flamenco, Arcangel a enflammé la scène du Café cantante lors de son récital poignant d'émotions et de duende. Ce chanteur dont la carrière est couronnée de succès et qui a chanté aux côtés des plus grands comme Eva la Yerbabuena ou Israel Galván pour ne citer qu’eux, a offert au public un spectacle de cante jondo totalement bouleversant. Bien qu'il soit réputé pour être l'un des meilleurs interprètes du fandango de huelva, palo de sa terre d'origine, Arcangel a interprété un répertoire de cante classique tout variant les styles et les formes, car, comme il nous expliquera lors d'une rencontre ultérieure, il aime créer des contrastes dans ses spectacles. Accompagné par Miguel Angel Cortes à la guitare, par 'Los Mellis' aux chœurs et aux palmas, et par les percussions de Agustín Diassera, Arcangel a  chanté por soleares, tangos, alegrias, bulerias et fandangos, interprétant les thèmes de ses albums dont le plus récent, 'La calle perdía'. Sa voix splendide et passionnée se répandait dans l'espace et illuminait la scène. Il imprégnait le public de son chant doux et suave comme le miel, chant qui parfois devenait poignant de force et d'émotion. Avec son visage angélique et ses mains qui suivaient les mouvements de son âme, tantôt implorant le ciel, tantôt posant sa main sur le cœur ou froissant l'étoffe claire de sa veste, il nous ouvrait les portes de notre propre intériorité car nos rêves les plus fous ou nos angoisses les plus intimes s'échappaient de nous, à l'écoute de sa voix. Il offrit au public un autre moment magique lorsqu'il utilisa l'électro acoustique au service du cante jondo. En effet, il enregistra en direct sa voix et des rythmes qu'il créait se superposèrent au fur et à mesure jusqu'à remplir l'espace de sons et de rythmes extraordinaires et d'une étonnante amplitude. A noter le talent du guitariste Miguel Angel Cortes dont la subtilité de la musique accompagnait merveilleusement le chant d'Arcangel. Le récital se termina par une standing ovation bien méritée...

 

Jeudi 8 juillet

  1re partie
Al son de Moraíto
Moraíto Chico et Juana la del Pipa (artiste invitée )

au Café Cantante à 19 h 30


Distribution
Guitare : Moraíto Chico - Chant :Juana la del Pipa (artiste invitée) - Flûte : Juan Parrilla - Violon : Bernardo Parrilla -  Basse : Ignacio Cintado - Percussions : Luis Carrasco.

Les artistes de Jerez de la Frontera étaient à l'honneur lors du spectacle 'Al son de Moraito'. La chanteuse La Macanita était prévue initialement au programme, mais comme elle n'a pu venir pour des raisons familiales, elle a été remplacée par Tia Juana del Pipa, une autre grande dame du flamenco de Jerez de la Frontera. Ce jour là, c'était la canicule à Mont de Marsan; la température avoisinait  38 degrés et, dans cette chaleur suffocante, les artistes ont pris place sur la scène du café cantante. Au rythme d'une solea, Moraito a débuté par un solo de guitare époustouflant, soulevant par moment sa chevelure, à la recherche d'un peu de fraicheur. À Jerez de la Frontera,  Moraito est l’icône du flamenco, l’exemple par excellence du Toque de Jerez. Son jeu de guitare est directement relié à l'arôme unique de sa ville natale. Il interpréta avec maestria plusieurs palos:  tangos, tientos, seguiriya, bulerias ainsi que plusieurs thèmes des albums "Morao y Oro" et "Morao Morao". Il interpréta aussi une Alborea dédiée à  José Valencia, accompagné par Juan Parilla à la flûte, par Bernardo Parilla au violon, par Ignacio Cintado à la basse et par Luis Carrasco aux percussions. Le style et le toque très particuliers de Moraito ont captivé le public. La présence de la chanteuse et danseuse Juana la del Pipa était aussi très appréciée. Née dans le barrio Santiago de Jerez, Juana la del Pipa a marqué aussi l'histoire du cante Flamenco de sa ville natale. A noter qu'elle a participé en 2009 à l'enregistrement de l'album 'Mujerez' aux cotés de Dolores Agujetas et Tomasa La Macanita, album qui est un bel hommage discographique aux grandes voix du Flamenco de Jerez. Juana excelle dans l'interprétation de divers styles et plus particulièrement dans les Soleares por bulerias. Son timbre vocal, intègre et très singulier ainsi que son charisme impressionnant provoquent des émotions très fortes de la part du public et chaque seconde de son cante, chaque mouvement de danse qu'elle fait est la manifestation concrète du duende. Ce spectacle fut un autre grand moment Flamenco du Festival.

 


2e partie
Vanguardia jonda 
Compagnie Andrés Marín

au Café Cantante, à 21h

Distribution
Direction artistique et danse : Andrés Marín - Chant : Segundo Falcón - Piano : Pablo Suarez - Guitare : Salvador Gutiérrez - Percussions : Antonio Coronel.

Andrés Marin, nous l'avions vu il y a quelques mois, lors de son passage à Paris alors qu'il présentait sa création 'El cielo de tu boca'. Nous avions été ébloui par son style novateur et avangardiste. Lors du Festival Arte Flamenco, il a présenté sa nouvelle création' Vangardia jonda' et, comme le suggère le titre, Andres Marin continue à explorer le Flamenco en développant une écriture chorégraphique personnelle, entre innovation et tradition. Dans cette création, le bailaor sévillan évoque la légende des cafés cantante, lieux que fréquentaient ses parents et qui étaient aussi des lieux où les aficionados et Flamencos partageaient en public des moments privilégiés, permettant ainsi une meilleure diffusion  du Flamenco. Accompagné par le chanteur Segundo Falcón, le pianiste Pablo Suarez, le guitariste Salvador Gutiérrez, Andrés Marin a exprimé une nouvelle fois son talent de danseur et de chorégraphe au travers des gestes épurés, un zapateado léger et un style atypique qui le hissent au rang des plus grands danseurs flamencos actuels et des bailaores des plus créatifs de sa  génération.

 

 

Vendredi 9 juillet

 

Flamenco ecológico

à  19 h 30 : Dîner-spectacle


Danse : Belén López - Chant : Gabriel de la Tomosa, Mari Peña, Antonio Moreno Maya - Guitare : Antonio Moya, Eugenio Iglesias - Palmas : Javier Heredias, Luis Peña - Percussions : El Chispa.

Avec  'Flamenco ecológico', le Festival Arte Flamenco a présenté un spectacle sans additif où de grands artistes ont exprimé sur scène ce que leurs familles leur ont légué. Ainsi, le cantaor Gabriel de la Tomasa, la bailaora Belén López et la cantaora Mari Peña ont tour à tour embrasé la scène du Café cantante, accompagnés par  le grand guitariste Antonio Moya. Durant deux heures, ils démontrèrent au public que jeunesse et tradition ne sont pas antagonistes. De sa voix claire aux accents gitans, la chanteuse d'Utrera Mari Peña interpréta des chants traditionnels, accompagnée à la guitare par son mari Antonio Moya; puis ce fut au tour de Gabriel de la Tomasa, fils de José de la Tomasa d'enchanter le public. A noter que ce talentueux artiste  était présent lors de la précédente édition du Festival et que le spectacle qu'il avait présenté aux cotés de son père avait été ovationné par le public. Son retour sur la scène montoise était donc très apprécié et son talent a une nouvelle fois été longuement applaudi. Par la suite, la sublime danseuse Belén Lopez a investi la scène et a envouté le public avec sa beauté et sa maestria. Cette jeune danseuse et chorégraphe qui a fait ses débuts dans le fameux tablao 'Corral de La Moreria' de Madrid avant de se produire sur toutes les scènes internationales a vraiment envouté le public avec sa danse expressive, puissante et sensuelle. Noués par un ruban de satin, ses longs cheveux noirs  se soulevaient et décrivaient des ellipses voluptueuses dans l'espace tandis qu'elle virevoltait dans l'air et donnait le rythme aux musiciens avec ses zapateados puissants et percutants. Se livrant corps et âme dans sa danse, elle portait à son  paroxysme les émotions qu'elle exprimait. Du grand art!
 

  

Fin de Fiesta

Gilles Coulon et Mat Jacob
José Valencia, Eugénio Iglesias et Bobote

Berges de la Midouze à 23 h 30
Distribution
Photos : Mat Jacob, Gilles Coulon - Chant : José Valencia - Guitare : Eugenio Iglesias - Palmas : Bobote.

Le festival s'est achevé en beauté avec une fin de fiesta originale et totalement inédite. En effet, vendredi soir, à 23h30, le public s'est rassemblé le long des berges de la Midouze où un spectacle mêlant chant, musique, projection de photos sur écran  les attendait. Réalisées par Mat Jacob et Gilles Coulon du collectif tendance Floue, ces photos projetées sur trois écrans géants donnaient une ambiance étonnante au spectacle, d'autant plus qu'elles apparaissaient en se synchronisant aux   différents palos du cante de José Valencia, des palmas de Bobote et de la guitare de Eugenio Iglesias.

 

 

'Arte Flamenco', c'est aussi des stages, des rencontres, des plateaux d'expression artistique, des résidences d'artistes et une présence importante des arts visuels:

Rencontres:

 

 

Coulisses du festival:

 

 

  Des stages très prisés:

Comme dans chaque édition, de nombreux stages étaient organisés pour permettre aux Flamencos de bénéficier d'un enseignement de qualité avec des artistes de haut niveau et dont les qualités de pédagogue sont indéniable. En effet, les stages de baile étaient assurés par Juana Amaya, Belén Lopez, Marina Valiente, Jairo Barull, Lourdes Recio, Torombo, Lucia Alvarez 'La Piñona'. Pierre Pradal a enseigné les bases de la guitare Flamenca avec beaucoup de talent à ses stagiaires, tandis que  les guitaristes Michele Laccarino et Manuel Berraquero proposaient un stage pour des groupes d'un autre niveau. Les aficionados pouvaient s'initier au cajon ou approfondir leur pratique de cet instrument. Bobote et Francisco Morales 'El Pulga' ont partagé leur savoir faire au travers un stage de compás et palmas.

Le programme off et des plateaux d'expression artistique très appréciés

Durant tout le festival, une programmation Off agrémentait la semaine Flamenca et, dans différents bars de la ville, des artistes se produisaint pour le plus grand bonheur du public. Ainsi, le groupe de Flamenco rumba Samuel el Santo, le groupe Ni mas ni menos, le guitariste El Tito, le groupe de Flamenco fusion 'Canteca de Macao en quintette', le duo Siembra et  le groupe Skapsule ont fait vibrer le public montois réuni au Bistrot Saint Roc, au Havanita, au CaféMusic ou au bar le Divan. De plus, tous les soirs, la scène du café musique était réservée au stagiaires qui s'y réunissaient pour danser, jusqu'à tard dans la nuit.

Le bar Le 'Dix bis' était aussi un lieu de rendez-vous très apprécié des aficionados qui poursuivaient leur soirée autour d'un verre, en dansant la sévillane ou en écoutant un groupe Flamenco.

 

 

Expositions: 

"Prohibido el cante. Flamenco y fotografia" Cette exposition de photographies au musée est présentée au Musée Despiau Wlérick.  Co-produite par le Centre andalou d’art contemporain de Séville et la Sociedad estatal de conmemoraciones culturales, sous la coordination du ministère de la Culture espagnole, cette  exposition    propose une rencontre entre l'histoire du Flamenco et celle de la photographie .  Regroupant 150 photographies réalisées par 70 photographes, ces clichés représentent de très belles photos de danseurs et  artistes Flamencos.

Les œuvres des plusieurs grands noms de la photographie étaient présentes parmi lesquelles nous citerons celles de Carlos Saura, Jean Dieuzaide, René Robert, Paco Sanchéz, Tato Olivas, Jean-Louis Duzert, Isabel Muñoz... Ces photographies sont rassemblées dans un ouvrage intitulé 'Prohibido el cante' paru en 2009.  

'Les arts Déco à l'affiche': Cette année, Arte Flamenco a confié la réalisation de l'affiche du Festival aux élèves de l'école supérieure des arts décoratifs.  Le projet d'Amélie Fontaine a été retenu et l' exposition des projets des autres candidats a lieu au Village du Festival. Ce fut l'occasion d'apprécier la diversité des propositions et la qualité de beaucoup d'entre elles.

Résidences d'artistes:

Arte Flamenco accueillait en résidence Peter Knapp, un photographe dont le parcours atypique commence en 1952 lorsqu'il s'installe à Paris et réalise des peintures et participe à de nombreuses expositions collectives notamment dans les musées de Stockholm, New Delhi et Tokyo.  Puis, il s'intéresse de plus en plus à la photo et il réalise des photos de mode pour le magazine 'Elle' et prend la direction artistique de cette revue. Plus tard, il s'éloigne de ce milieu et de la photo de mode et travaille autour de la thématique de l’infini, du ciel, du bleu, de l’espace et revient à la tête de Elle jusqu'en 1978 .  Il enseigne aussi dans le domaine de la conception d’images et de la photographie. Cette année, Arte Flamenco a donné carte blanche à Peter Knapp pour photographier le Flamenco. C'est donc la première fois que ce photographe explore le monde du Flamenco. Bien que, pour lui, 'le Flamenco est une chose impossible à photographier', Peter élabore un projet autour de ce thème, projet qu'il dévoilera l'an prochain...à suivre.

Arte Flamenco accueillait aussi Mat Jacob et Gilles Coulon, deux photographes du collectif Tendances Floues de Montreuil. Ils ont travaillé pendant deux ans pour la réalisation de plusieurs projets dont la projection de leur photos sur les écrans géants, lors de la fin de Fiesta de cette 21ème édition du Festival, sur les berges du Midouze. Nous pouvons découvrir ces artistes sur leur site web: www.tendancefloue.net

La bande dessinée était à l'honneur aussi avec Christophe Dabich et Benjamin Flao, qui ont présenté les 2 tomes de leur bande dessinée intitulée 'Mauvais garçons' paru aux éditions Futuropolis.  Voici le synopsis: 'En Andalousie, de nos jours: Il se nomme Manuel, sa famille est originaire d’Andalousie, mais il a vécu en France jusqu'à ce qu'il décide de revenir s'y installer. Il a un ami gitan qui se nomme Benito, un chanteur hors norme. Manuel et Bénito sont inséparables. Car, ce qui lie avant tous les deux jeunes hommes, c’est l’amour du flamenco, le vrai, le pur, pas le flamenco rock comme peuvent le jouer certains frimeurs méprisables (mais qui, à contrario, gagnent très bien leur vie). Ces « mauvais garçons » vivent au jour le jour d’expédients. Seul leur amour des femmes leur fait tourner la tête.'
 

 

Interviews

Juana La del Pipa: Lire

Jairo Barrull, bailaor:Lire

   Bobote et Torombo: Lire

 Segundo Falcon, cantaor: Lire

 

 
 


  

  Visiter le site Web du Festival Arte Flamenco: http://arteflamenco.landes.org

 

Les vidéos du Festival :

Andrés Marin:

Exposition "Prohibido el cante. Flamenco y fotografia":

Stages dans le cadre Festival:

Un regard photographique sur le Flamenco avec Peter Knapp:

Fin de Fiesta 'Voyage en Flamenco':

 

 

       

 

Remerciements aux organisateurs du Festival Arte Flamenco, plus particulièrement à Antonia Emmanueli, François Boidron,  Sandrine Rabassa, Lionel, Ivain Auban, Monique Castaignède, Catherine Acher, ainsi  qu'à tous les artistes qui ont enflammé le Festival. Merci  à Marcel Chochra et Olivier Hebrard du restaurant 'Le Bistro de Marcel ' pour  leur accueil sympathique  et merci à tous  les aficionados et artistes que nous avons eu le plaisir de revoir  ou de rencontrer, à Christine  Pascault et Maïté Gamboye 'La Flamenquita' ...