La
XXII
ème édition
du Festival Arte Flamenco a remporté un franc succès auprès du
public et de la critique, au travers d'une programmation
exceptionnelle où tradition et modernité se côtoyaient; Les
représentations avaient lieu dans les salles de spectacles ainsi
que hors les murs où une programmation off était prévue dans les
cafés montois ainsi qu'une fin de fiesta sur les berges de la
Midouze qui croisait les arts visuels et ceux de la scène.
Invoquant le duende,
Rafael Amargo
a ouvert le Festival
avec son spectacle 'La dificil sencillez'. Puis, la danse
de
Juana Amaya,
de
Jairo Barrul, de
Juana la del Pipa, les
métaphores de
Torombo, les palmas de
Bobote,
le chant d'Archangel,
de
Laura Vital, la
guitare de
Moraito, les voix de
Segundo Falcon, et
la présence d'autres grands artistes ont, tour à tour, illuminé le Festival
où le duende était au rendez-vous. Les arts visuels
étaient à l'honneur aussi au travers d' une exposition de photos
et d'affiches. Des stages, rencontres, résidences
d'artistes et animations diverses autour du Flamenco ont
complété cette programmation, plongeant la ville dans une ambiance
très Flamenca.
Parmi les nouveautés de cette année et suite à un remaniement de
l'équipe organisatrice du Festival, quelques nouveaux visages
étaient présents lors de l'inauguration du Festival marquée par
la présence d'
Henri Emmanueli, député et président du conseil général des
Landes et de
François Boidron,
directeur général du festival.
Parmi les nouveaux membres de l'équipe , nous citerons
Sandrine Rabassa
qui a remplacé Javier Puga, devenant ainsi
la nouvelle directrice artistique. Une autre nouveauté de ce
festival: cette année, la Junta d'Andalousie a pris l'engagement
de faire reconnaitre le Flamenco comme patrimoine Mondial de
l'Unesco et, lors du Festival, une campagne sous la devise
'Flamenco soy' était organisée pour obtenir le plus grand nombre
possible de soutiens pour cette candidature. Beaucoup d'artistes
et d' aficionados ont répondu favorablement à cet appel... ce
qui laisse augurer un bel avenir à cet art que nous estimons
tant et qui , depuis plusieurs années, dépasse les frontières et
conquiert un public de plus en plus large.
Dans notre
reportage, nous relatons principalement les
évènements auxquels nous avons assisté:
Lundi 5 juillet
'La difícil sencillez'
- Compagnie Rafael
Amargo
Espace François Mitterrand
à 21 h
Distribution Metteur en scène et chorégraphie : Rafael Amargo -
Mise en scène, dramaturgie, textes-off et audiovisuels :
Pilar Távora - Musiques et direction musicale : Juan
Parrilla, José Luis Montón - Artiste invité : Manuel
Molina - Danseurs : Rafael Amargo, Vanesa Gálvez (La
Lirio), Eli Ayala, Cristina Montalvo, Lidón Patiño,
Nacho Blanco, Ruben Puertas, Ricardo Serrano - Musiciens
: Juan Parilla (flûte), Jesús Losada (guitare), Antonio
Maya (cajón) - Chant : Maite Maya, Gabriel de la Tomosa
- Costumes : Francis Montesinos - Lumières : Nicholas
Fischtel (AAI).
Animée par
l' envie d'apporter un souffle
nouveau au Festival et de présenter un spectacle qui témoigne des nouvelles tendances artistiques, cette année,
l'équipe d'Arte Flamenco a choisi d'ouvrir le Festival avec le spectacle
'La dificil sencilliez' de la compagnie
Rafael Amargo.
Inspiré de la conférence de
Federico Garcia Lorca
sur le Duende,
Rafael Amargo
a adapté ce texte à la scène, évoquant les traditions populaires
espagnoles, les arts plastiques, l'art taurin et la religion au travers
d'une mise en scène et d'une direction artistique assurées par
Pilar Tavora.
Dans ce spectacle, le Duende est le personnage principal, celui
que l'on attend avec force et confiance durant tout le spectacle.
Sachant pertinemment qu'il vient quand il veut et non quand on l'exige,
Rafael Amargo
invoque avec subtilité le duende au travers de sa danse, tache d'autant plus
rude pour
Rafael
que celui-ci nous confiera lors d'une rencontre ultérieure que s'il
écoute pendant une heure entière que du cante jondo, cela l'ennuie
profondément. Ainsi, par crainte de lasser à son tour le public, il va
user de tout son talent, varier les plaisirs, s'entourer d'artistes de
qualité qui apportent la jondura et qui interviennent
ponctuellement pendant le spectacle comme le chanteur et guitariste
Manuel Molina
ainsi que de 7 danseurs et de 5 musiciens de haut niveau.
Juan Parilla
et
José Luis Monton
assurent magistralement la direction musicale,
Maite Maya et Gabriel de la
Tomasa
chantent merveilleusement, accompagnés par
Juan Parilla à la flûte, par
Jesús Losada à la guitare et par Antonio Maya au cajón.
La présence de
Manuel Molina
apporte de la poésie et du rêve;
Les textes off et audiovisuels diffusent des extraits de la conférence
sur le duende évoquant ainsi l'univers Lorquien tandis que les scénettes se succèdent et que les artistes évoluent sur
scène avec talent. L'ambiance scénique propre à
Pilar Tavora
se révèle au travers l'encens diffusée sur le plateau, les danses
taurines et les références à la religion avec, notamment, une croix
monumentale érigée sur scène et sur laquelle
Rafael Amargo
monte pour remémorer la crucifixion... du christ. Ce spectacle provoque
des réactions
diverses de la part du public mais, une chose est certaine, c'est qu'il
ne reste pas indifférent...
Calle Sierpes
Par la Cie Felipe Mato
Spectacle de rue
Esplanade du Midou à 18 h 30
Distribution
Danse : Felipe Mato, Marina Valiente,
Lucía Alvarez, "La Piñona" - Chant : "El
Trini" - Guitare : Michele Iaccarino -
Percussions : Jorge Pérez.
La compagnie Felipe Mato a investi
l'esplanade du Midou lundi 5 juillet, à
18h30, pour présenter au public montois
un spectacle qui évoque la Calle Sierpes,
une rue de Séville dans laquelle
on croise toute sorte de gens allant de
l'homme d'affaire à l'artiste. La
danseuse Marina Valiente vêtue
d'un costume et d'un chapeau melon joue
l'artiste de rue, puis
Lucía
Alvarez 'La Piñona' danse en
duo un magnifique tango argentin pour
revenir ensuite au Flamenco en solo, duo
ou trio, accompagnés par El Trini
au chant par Michel Iaccarino à
la guitare et par Jorge Pérez au
percussions. Saluons le talent de
tous ces artistes que le public a
longuement applaudi à l'issue de ce
spectacle plein de fraicheur et
d'humour.
Mardi 6 juillet
El aire de Sevilla
Par Torombo
Spectacle de rue
Esplanade du Midou à 18 h 30 mardi 6 et
jeudi 8 juillet
Distribution
Danse : Torombo - Artiste invité : Bobote - Chant :
Gabriel de la Tomasa - Guitare : Eugenio Iglesias.
C'est avec
un immense plaisir que nous retrouvons
Torombo et Bobote'El aire de Sevilla',
spectacleque ces
artistes ont crée spécialement pour le
Festival. Accompagnés par le grand chanteur
Gabriel de la Tomasa et par le talentueux
guitariste Eugenio Iglesias, Torombo
présenteun spectacle d'une vingtaine de minutes dans
lequel pédagogie, danse et musique se mêlent avec
bonheur. En effet, avec la complicité de Bobote,
il rappelle les fondements du Flamenco pour tous les
aficionados et plus particulièrement pour ceux qui
pratiquent le Flamenco d'une manière parfois un peu
superficielle. Usant d'une nouvelle métaphore pour
expliquer ce qu'est le Flamenco, il utilise
une simple table ronde qu'il retourne et dont il
montre les quatre pieds qui sont, dit-il, comme les
quatre piliers du Flamenco: le cante, le compas,
la guitare et le baile. Lorsque ces quatre
éléments ont été assimilés et maitrisés par l'élève
au travers une formation et une pratique artistique
de qualité, l'élève peut enfin profiter de ses
acquis. Notons que Torombo,
en plus d'être un grand danseur, est reconnu
pour ses qualités de pédagogue; dans ses stages, il
enseigne aussi l'art d'être Flamenco'. Artiste
passionné et passionnant, Torombo possède une
énergie débordante et, avec humour, il trouve
toujours de nouvelles métaphores pour enseigner le
Flamenco dont il maitrise parfaitement toutes
les arcanes. La présence de Bobote au baile
et aux palmas et la connivence de ces deux artistes
plein de duende apportent un souffle
réellement vivifiant au Festival!
1re partie
En el Bar Iberia
Segundo Falcón et Paco Jarana
au Café Cantante à 19 h 30
Distribution
Chant : Segundo Falcón - Guitare : Paco Jarana - Percussions : Raul
Dominguez
Dans ce spectacle le chanteur Segundo Falcón et le guitariste Paco Jarana ont rendu un
vibrant hommage au bar sévillan 'Iberia', lieu dans lequel
ils se sont rencontrés à leur débuts, et où ils pouvaient écouter
toutes les grandes figures du Flamenco, à l'époque où le manager
Pulpón donnait rendez-vous à ses artistes avant de partir en
tournée. Ce bar existe encore mais le système de management d'artistes
ayant évolué, ce bar ne remplit plus cette fonction.
Accompagnés par Raul Dominguez aux percussions, Segundo Falcón
et Paco Jarana ont rendu un hommage au propriétaire du bar
Iberia dans le thème 'A Nicanor', puis, il ont interprété divers
palos en souvenir des artistes qu'ils ont côtoyé dans ce bar, comme
la Seguirilla'A Luisito Franco' oul'Alegria 'A
mi Manue' oula Buleria 'Albero y Barro'. La voix
envoutante de Segundo et son sens du rythme captivent le public.
Rappelons que ce chanteur a été découvert par Antonio Mairena qui a
reconnu en lui un grand talent alors que Segundo n'avait pas encore huit
ans. Quant à Paco Jarana, guitariste qui excelle dans la
composition, l'accompagnement de la danse et du chant, son toque
plein de maestria ont séduit le public.
Originaire de
Moron
de la Frontera, Juana Amaya est issue d'une famille d'artistes. Sa
carrière est ponctuée de belles collaborations artistiques comme
cette avec Mario Maya, Joaquín
Cortés, Antonio Canales, Manolete, Farruquito et Ramírez.
Lors de ce spectacle, elle a présenté un duo avec sa fille Nazareth
Reyes, accompagnée par deux guitaristes et trois chanteurs gitans. Dans sa danse,
Juana exprime sa passion pour le
Flamenco. Sa maitrise parfaite du compas, son style sauvage et sans
fioriture inspiré par la tradition orale des gitans apporte de la
jondura à son baile.
Ce duo
de femmes unies par les liens du sang et l'amour du Flamenco a
embrasé la scène du café cantante, offrant au public un spectacle
authentique et intense en émotions.
Mercredi
7 juillet
Flamenco Land
Laura Vital
Théâtre municipal à
11 h et 16 h 30
Distribution
Chant : Laura Vital
Guitare : Niño Manuel
Danse : Juan Amaya "El Pelón", Raquel Villegas
Percussion : Luati
Transmettre aux enfants l'amour du Flamenco, voila une
belle initiative de la part de la chanteuse Laura Vital,
et c'est ce qu'elle fait à merveille dans son spectacle
'Flamenco Land', création qu'elle a présenté au public
montois mercredi 7 juillet, au Théâtre Municipal.
Accompagnée par
Niño Manuel à la
guitare et par les percussions de Luati, Laura Vital a
interprété des chants traditionnels Flamenco en
plusieurs langues: espagnol, grec, turc...soulignant
ainsi l'universalité du Flamenco et exprimant le fait
que, depuis ses origines, il a été nourri de nombreuses
influences et cultures. Un diaporama projeté en fond de
scène évoque un parc d'attraction et plante le décor de
ce spectacle où l'aspect à la fois ludique et pédagogique enchante les petits et
les grands. Le
public est plongé dans ce monde imaginaire où le
flamenco est le thème de chaque étape: voyage sur une
barque, la grotte du Duende, la buvette du Café
Cantante et bien d'autres scénettes nous font voyager
dans un monde ludique et enchanteur.
Durant toute la représentation, des chants,
danses et des rythmes alternent, permettant de découvrir
les principes de base du Flamenco, comme ce feu
d'artifice en vidéo projection qui éclate au rythme
d'une buleria, rythme que les enfants reprennent en
cœur, sur la scène du Théâtre. Saluons le talent de tous
ces artistes, de la danseuse Raquel Villegas et du
bailaor Juan Amaya ainsi
que des enfants qui sont entrés sur scène en faisant des palmas et en
amorçant quelques pas de flamencos appris lors d'un
atelier d'initiation encadré pendant deux jours par la
compagnie Laura Vital.
1re partie
Dos ramas
Jairo Barrull et Angelita Vargas
(artiste invitée)
au Café Cantante, à 19 h 30
Distribution
Direction artistique : Jairo Barull -
Danse : Jairo Barull, Angelita Vargas
(artiste invitée) - Chant : Juan José
Amador, Rubio de Pruna, José Anillo -
Guitare : Paco Iglesias, Eugenio
Iglesias.
Réunis autour de leur passion commune pour le Flamenco et
d'une tradition familiale Flamenca dont ils sont les dignes
héritiers, Jairo Barrull et Anjelita Vargas ont offert
au public un spectacle envoutant dans lequel ils ont
exprimé avec fierté et talent leur attachement à leur
racines au travers un baile très gitan. 'Dos ramas',
deux branches d'un vieil arbre dont le tronc est le sang
gitan qui coule dans leur veine, deux grands danseurs
dont la maestria a littéralement envoutée le
public. Angelita Vargas possède un style inimitable et
son baile d'une grande simplicité allie force,
grâce et noblesse. Cette danseuse a une longue carrière
artistique à son actif et elle continue a parcourir le
monde lors de ses tournées ou pour dispenser des
stages qui sont très prisés par les flamencos. Quant à
Jairo, fils du légendaire bailaorRamon Barrull, il
s'inscrit dans l'héritage flamenco familial: los Negros
de la Ronda et garde toute la vigueur du baile de
son père. Sa virtuosité technique et son talent
fulgurant laissent transparaitre une personnalité hors
du commun. En effet, sa danse est limpide comme l'eau
d'une source, belle comme la lumière qui émane de
lui. Tour à tour profond, tendre, espiègle ou fougueux,
il exprime sa rage, ses joies et ses peines au travers
de son baile. Ces artistesont offert au public un
spectacle grandiose et plein d'émotions.
2e partie
Puro y jondo
Arcángel
au Café Cantante à 19 h 30
Distribution
Chant : Arcángel - Guitare : Miguel
Angel Cortes - Chœurs et palmas : "Los
Mellis" - Percussions : Agustín Diassera.
Venant pour la première fois en tant que soliste au
Festival Arte Flamenco, Arcangel a enflammé la scène du
Café cantante lors de son récital poignant d'émotions et
de duende. Ce chanteur dont la carrière
est couronnée de succès et qui a chanté aux côtés des plus
grands comme Eva la Yerbabuena ou
Israel
Galván pour ne citer qu’eux, a offert au
public un spectacle de cante jondo totalement
bouleversant. Bien qu'il soit réputé pour être
l'un des meilleurs interprètes du fandango de huelva,palo de sa terre d'origine, Arcangel a interprété
un répertoire de cante classique tout variant les
styles et les formes, car, comme il nous expliquera lors
d'une rencontre ultérieure, il aime créer des contrastes
dans ses spectacles. Accompagné par Miguel Angel
Cortes à la guitare, par 'Los Mellis' aux
chœurs et aux palmas, et par les percussions de
Agustín Diassera,
Arcangel a chanté por soleares, tangos,
alegrias, bulerias et fandangos, interprétant les
thèmes de ses albums dont
le plus récent, 'La
calle perdía'. Sa voix splendide et
passionnée se répandait dans l'espace et illuminait la
scène. Il imprégnait le public de son chant doux et
suave comme le miel, chant qui parfois devenait poignant de
force et d'émotion. Avec son visage angélique et ses
mains qui suivaient les mouvements de son âme, tantôt
implorant le ciel, tantôt posant sa main sur le cœur ou
froissant l'étoffe claire de sa veste, il nous ouvrait
les portes de notre propre intériorité car nos rêves les
plus fous ou nos angoisses les plus intimes
s'échappaient de nous, à l'écoute de sa voix. Il offrit au public un
autre moment magique lorsqu'il utilisa l'électro
acoustique au service du cante jondo. En effet,
il enregistra en direct sa voix et des rythmes qu'il
créait se superposèrent au fur et à mesure jusqu'à
remplir l'espace de sons et de rythmes extraordinaires
et d'une étonnante amplitude. A noter le talent du
guitariste Miguel Angel Cortes dont la subtilité de la
musique accompagnait merveilleusement le chant d'Arcangel.
Le récital se termina par une standing ovation bien
méritée...
Jeudi 8 juillet
1re partie
Al son de Moraíto
Moraíto Chico et Juana la del Pipa (artiste invitée )
au Café Cantante à 19 h 30
Distribution
Guitare : Moraíto Chico - Chant :Juana
la del Pipa (artiste invitée) - Flûte :
Juan Parrilla - Violon : Bernardo
Parrilla - Basse : Ignacio Cintado -
Percussions : Luis Carrasco.
Les artistes de Jerez de
la Frontera étaient à l'honneur lors du
spectacle 'Al son de Moraito'. La
chanteuse La Macanita était
prévue initialement au programme, mais
comme elle n'a pu venir pour des raisons
familiales, elle a été remplacée par
Tia Juana del Pipa, une
autre grande dame du flamenco de Jerez de la Frontera.
Ce jour là, c'était la canicule à Mont
de Marsan; la température avoisinait
38 degrés et, dans cette chaleur
suffocante, les artistes ont pris place
sur la scène du café cantante. Au
rythme d'une solea, Moraito
a débuté par un solo de guitare
époustouflant, soulevant par moment sa
chevelure, à la recherche d'un peu de
fraicheur. À Jerez de la Frontera,
Moraito est l’icône du flamenco,
l’exemple par excellence du Toque de
Jerez. Son jeu de guitare est
directement relié à l'arôme unique de sa
ville natale. Il interpréta avec
maestria plusieurs palos: tangos,
tientos, seguiriya, bulerias ainsi
que plusieurs thèmes des albums "Morao
y Oro" et "Morao Morao".
Il interpréta aussi une Alborea
dédiée à José Valencia,
accompagné par Juan Parilla à la
flûte, par Bernardo Parilla au
violon, par Ignacio Cintado à la
basse et par Luis Carrasco aux
percussions. Le style et le toque
très particuliers de Moraito ont
captivé le public. La présence de la
chanteuse et danseuse Juana la del
Pipa était aussi très appréciée. Née
dans le barrio Santiago de Jerez,
Juana la del Pipa a marqué aussi
l'histoire du cante Flamenco de
sa ville natale. A noter qu'elle a
participé en 2009 à l'enregistrement de
l'album 'Mujerez' aux cotés de
Dolores Agujetas
et Tomasa La
Macanita, album qui est un bel
hommage discographique aux grandes voix
du Flamenco de Jerez. Juana
excelle dans l'interprétation de divers
styles et plus particulièrement dans les
Soleares por bulerias. Son timbre
vocal, intègre et très singulier ainsi
que son charisme impressionnant
provoquent des émotions très fortes de
la part du public et chaque seconde de
son cante, chaque mouvement de
danse qu'elle fait est la manifestation
concrète du duende. Ce spectacle
fut un autre grand moment Flamenco du
Festival.
2e partie
Vanguardia jonda
Compagnie Andrés Marín
au Café Cantante, à 21h
Distribution
Direction artistique et danse : Andrés
Marín - Chant : Segundo Falcón - Piano :
Pablo Suarez - Guitare : Salvador
Gutiérrez - Percussions : Antonio
Coronel.
Andrés Marin, nous l'avions vu il y a
quelques mois, lors de son passage à Paris alors qu'il
présentait sa
création 'El cielo de tu boca'. Nous avions été ébloui
par son style novateur et avangardiste. Lors du Festival
Arte Flamenco, il a présenté sa nouvelle création' Vangardia jonda'
et, comme le suggère le titre, Andres
Marin continue à explorer le Flamenco en développant une
écriture chorégraphique personnelle, entre innovation et
tradition. Dans cette création, le bailaor
sévillan évoque la légende des cafés cantante,
lieux que fréquentaient ses parents et qui étaient aussi
des lieux où les aficionados et Flamencos partageaient
en public des moments privilégiés, permettant ainsi une
meilleure diffusion du Flamenco. Accompagné par le
chanteur Segundo
Falcón, le pianiste Pablo Suarez, le
guitariste Salvador Gutiérrez, Andrés Marin a
exprimé une nouvelle fois son talent de danseur et de
chorégraphe au travers des gestes épurés, un
zapateado léger et
un style atypique qui le hissent au rang des plus grands
danseurs flamencos actuels et des bailaores
des plus créatifs de sa génération.
Vendredi 9 juillet
Flamenco ecológico
à 19 h 30 : Dîner-spectacle
Danse : Belén López - Chant : Gabriel de
la Tomosa, Mari Peña, Antonio Moreno
Maya - Guitare : Antonio Moya, Eugenio
Iglesias - Palmas : Javier Heredias,
Luis Peña - Percussions : El Chispa.
Avec 'Flamenco
ecológico', le Festival Arte
Flamenco a présenté un spectacle sans
additif où de grands artistes ont
exprimé sur scène ce que leurs familles
leur ont légué. Ainsi, le cantaor
Gabriel de la Tomasa, la bailaoraBelén López et la
cantaoraMari Peña ont tour à
tour embrasé la scène du Café cantante,
accompagnés par le grand
guitariste Antonio Moya. Durant
deux heures, ils démontrèrent au public
que jeunesse et tradition ne sont pas
antagonistes. De
sa voix claire aux accents gitans, la
chanteuse d'Utrera Mari Peña
interpréta des chants traditionnels,
accompagnée à la guitare par son mari
Antonio Moya; puis ce fut au tour de
Gabriel de la Tomasa, fils de
José de la Tomasa d'enchanter le
public. A noter que ce talentueux
artiste était présent lors de la
précédente édition du Festival et que le
spectacle qu'il avait présenté aux cotés
de son père avait été ovationné par le
public. Son retour sur la scène montoise
était donc très apprécié et son talent a
une nouvelle fois été longuement
applaudi. Par la suite, la sublime
danseuse Belén Lopez a investi la
scène et a envouté le public avec sa
beauté et sa maestria. Cette
jeune danseuse et chorégraphe qui a fait
ses débuts dans le fameux tablao 'Corral
de La Moreria' de Madrid avant de se
produire sur toutes les scènes
internationales a vraiment envouté le
public avec sa danse expressive,
puissante et sensuelle. Noués par un
ruban de satin, ses longs cheveux noirs
se soulevaient et décrivaient des
ellipses voluptueuses dans l'espace
tandis qu'elle virevoltait dans l'air et
donnait le rythme aux musiciens avec ses
zapateados puissants et percutants. Se
livrant corps et âme dans sa danse, elle
portait à son paroxysme les
émotions qu'elle exprimait. Du grand
art!
Fin de Fiesta
Gilles Coulon et Mat Jacob
José Valencia, Eugénio Iglesias et
Bobote
Berges de
la Midouze à 23 h 30
Distribution
Photos : Mat Jacob, Gilles Coulon -
Chant : José Valencia - Guitare :
Eugenio Iglesias - Palmas : Bobote.
Le festival s'est achevé
en beauté avec une fin de fiesta originale
et totalement inédite. En effet, vendredi
soir, à 23h30, le public s'est rassemblé
le long des berges de la Midouze où un
spectacle mêlant chant, musique,
projection de photos sur écran les
attendait. Réalisées par Mat Jacob
et Gilles Coulon du collectif
tendance Floue, ces photos projetées sur
trois écrans géants donnaient une
ambiance étonnante au spectacle,
d'autant plus qu'elles apparaissaient en
se synchronisant aux
différents palos du cante
de José Valencia, des palmas de
Bobote et de la guitare de
Eugenio Iglesias.
'Arte Flamenco', c'est
aussi des stages, des rencontres, des plateaux
d'expression artistique, des résidences d'artistes et
une présence importante des arts visuels:
Rencontres:
Coulisses du festival:
Des stages
très prisés:
Comme dans chaque édition, de nombreux stages étaient
organisés pour permettre aux Flamencos de bénéficier
d'un enseignement de qualité avec des artistes de haut
niveau et dont les qualités de pédagogue sont
indéniable. En effet, les stages de baile étaient
assurés par Juana Amaya, Belén Lopez, Marina Valiente,
Jairo Barull, Lourdes Recio, Torombo, Lucia Alvarez 'La
Piñona'. Pierre Pradal a enseigné les bases de la
guitare Flamenca avec beaucoup de talent à ses
stagiaires, tandis que les guitaristes Michele
Laccarino et Manuel Berraquero proposaient un
stage pour des groupes d'un autre niveau. Les
aficionados pouvaient s'initier au cajon ou
approfondir leur pratique de cet instrument. Bobote et
Francisco Morales 'El Pulga' ont partagé leur savoir
faire au travers un stage de compás et palmas.
Le programme
off et des plateaux
d'expression artistique très appréciés
Durant tout le festival, une
programmation Off agrémentait la semaine Flamenca
et, dans différents bars de la ville, des
artistes se produisaint pour le plus grand
bonheur du public. Ainsi, le groupe de Flamenco
rumba Samuel el Santo, le groupe Ni
mas ni menos, le guitariste El Tito,
le groupe de Flamenco fusion 'Canteca
de Macao en quintette', le duo Siembra
et le groupe Skapsule ont fait
vibrer le public montois réuni au Bistrot Saint
Roc, au Havanita, au CaféMusic ou au bar le
Divan. De plus, tous les soirs, la scène du café
musique était réservée au stagiaires qui s'y réunissaient pour danser, jusqu'à tard dans la
nuit.
Le bar Le 'Dix bis' était aussi
un lieu de rendez-vous très apprécié des
aficionados qui poursuivaient leur soirée autour d'un
verre, en dansant la sévillane ou en écoutant un
groupe Flamenco.
Expositions:
"Prohibido
el cante. Flamenco
y fotografia" Cetteexposition de
photographies au musée est présentée au Musée Despiau Wlérick.
Co-produite par le Centre andalou d’art
contemporain de Séville
et
la Sociedad estatal de conmemoraciones
culturales, sous la coordination du ministère de
la Culture espagnole, cette exposition
propose une rencontre entre l'histoire du
Flamenco et celle de la photographie . Regroupant 150 photographies
réalisées par 70 photographes, ces clichés
représentent de très belles photos de danseurs
et artistes Flamencos.
Les œuvres des plusieurs grands noms de la photographie
étaient présentes parmi lesquelles nous citerons
celles de Carlos Saura,Jean Dieuzaide,
René Robert, Paco Sanchéz, Tato Olivas,
Jean-Louis Duzert, Isabel Muñoz... Ces
photographies sont rassemblées dans un ouvrage
intitulé 'Prohibido el cante' paru en 2009.
'Les arts Déco à l'affiche':
Cette année, Arte Flamenco a confié la
réalisation de l'affiche du Festival aux élèves
de l'école supérieure des arts décoratifs.
Le projet d'Amélie Fontaine
a été retenu et l'exposition des projets des autres candidats
a lieu au Village du Festival. Ce fut l'occasion
d'apprécier la diversité des propositions et la
qualité de beaucoup d'entre elles.
Résidences d'artistes:
Arte Flamenco
accueillait en résidence Peter Knapp,
un photographe dont le parcours atypique
commence en 1952 lorsqu'il s'installe à Paris et
réalise des peintures et participe à de
nombreuses expositions collectives notamment
dans les musées de Stockholm, New Delhi et
Tokyo. Puis, il s'intéresse de plus en
plus à la photo et il réalise des photos de
mode pour le magazine 'Elle' et prend la
direction artistique de cette revue. Plus tard,
il s'éloigne de ce milieu et de la photo de mode et
travaille autour de la thématique de l’infini,
du ciel, du bleu, de l’espace et revient à la
tête de Elle jusqu'en 1978 . Il enseigne
aussi dans le domaine de la
conception d’images et de la photographie.
Cette année, Arte Flamenco a donné carte blanche
à Peter Knapp pour photographier le
Flamenco. C'est donc la première fois que ce
photographe explore le monde du Flamenco. Bien
que, pour lui, 'le Flamenco est une chose
impossible à photographier', Peter
élabore un projet autour de ce thème, projet
qu'il dévoilera l'an prochain...à suivre.
Arte Flamenco accueillait aussi
Mat Jacob et Gilles Coulon, deux photographes du collectif Tendances Floues de Montreuil.
Ils ont travaillé pendant deux ans pour la
réalisation de plusieurs projets dont la
projection de leur photos sur les écrans géants,
lors de la fin de Fiesta de cette 21ème
édition du Festival, sur les berges du Midouze. Nous pouvons découvrir ces
artistes sur leur site web:
www.tendancefloue.net
La bande dessinée était à l'honneur aussi avec Christophe Dabich
et Benjamin Flao,
qui ont présenté les 2 tomes de leur bande
dessinée intitulée 'Mauvais garçons' paru aux
éditions Futuropolis. Voici le synopsis:
'En Andalousie, de nos jours: Il se nomme
Manuel, sa famille est originaire d’Andalousie,
mais il a vécu en France jusqu'à ce qu'il décide
de revenir s'y installer. Il a un
ami gitan qui se nomme Benito, un chanteur hors
norme. Manuel et Bénito sont inséparables. Car,
ce qui lie avant tous les deux jeunes hommes,
c’est l’amour du flamenco, le vrai, le pur, pas
le flamenco rock comme peuvent le jouer certains
frimeurs méprisables (mais qui, à contrario,
gagnent très bien leur vie). Ces « mauvais
garçons » vivent au jour le jour d’expédients.
Seul leur amour des femmes leur fait tourner la
tête.'
Exposition "Prohibido
el cante. Flamenco
y fotografia":
Stages dans le cadre Festival:
Un regard
photographique sur le Flamenco avec Peter Knapp:
Fin de Fiesta 'Voyage en Flamenco':
Remerciements aux organisateurs du Festival Arte Flamenco, plus
particulièrement à Antonia Emmanueli, François Boidron, Sandrine Rabassa, Lionel, Ivain
Auban, Monique Castaignède, Catherine Acher,
ainsi qu'à tous les artistes qui ont enflammé le Festival. Merci
à Marcel Chochra et Olivier Hebrard du restaurant 'Le Bistro de Marcel ' pour
leur accueil sympathique et merci à tous les aficionados et
artistes que nous avons eu le plaisir de revoir ou de rencontrer, à Christine Pascault
et Maïté Gamboye 'La Flamenquita'
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