- Jairo, ton spectacle 'Entre
dos ramas' a obtenu un vrai succès, hier soir.
Comment-vis tu cette réussite?
- Je suis très heureux de ce constat. Le public a
compris ce que je voulais exprimer. Je suis aussi très heureux
d'être ici, au Festival Arte Flamenco.
- Est-ce la première fois que
tu te produis sur la scène montoise, dans le cadre de ce
Festival?
- Je suis déjà venu, il y a 13 ou 14 ans avec le
spectacle nommé 'Una noche en la Carboneria', mais, cette
année, c'est la première fois que je viens avec un spectacle que
j'ai monté moi-même. J'ai beaucoup de respect pour ce Festival
et parmi tous les Festivals qui existent dans le monde entier,
c'est celui que je préfère. C'est d'ailleurs étonnant que nous
n'ayons pas un Festival de cette qualité en Espagne. La chaleur
et la convivialité qui émanent de ce festival, la manière dont
l'équipe organisatrice s'occupe des artistes, c'est quelque
chose d'exceptionnel. On ne voit cela nul part ailleurs. Hier,
j'avais envie de bien danser car j'ai beaucoup de respect pour
ce Festival.
- Nous avons passé un très bon
moment...Pourrais tu nous parler des musiciens qui
t'accompagnent?
- Il y a Eugenio Iglesias, Paco Iglesias,
Rubio, Moï et José Amador. Je travaille depuis
longtemps avec ces musiciens. Nous sommes tous liés par une
grande amitié et nous aimons travailler ensemble et, au moment
d'être sur scène, cela se remarque surement.
- Oui, il y a une harmonie qui
émane du groupe... Tu es issu d'une grande famille d'artistes.
Que souhaiterais tu nous dire à ce sujet?
- Mon père Ramon Barrull était le neveu de
Diego el Gastor, le fameux guitariste de Morón. Nous
provenons des Negros de Ronda, de la famille de
Juan del Gastor, Paco del Gastor, Diego del
Gastor, Dieguito; une famille de guitaristes et de danseurs
comme Pepe Torre, etc.
- Ta formation artistique,
comment s'est elle déroulée?
- La base, les fondements de ma danse, c'est mon
père qui me les a transmis. C'est lui qui m'a enseigné tout ce
que je sais. J'ai appris avec lui et c'est lui qui m'a mis sur
cette voie artistique et qui m'a révélé tous les secrets du
baile que je connais.
- Ta décision de t'engager
dans cette voie artistique, quand l'as-tu prise?
- Dès l'âge de 9-10 ans je voulais déjà devenir
un danseur. Mon père m'encourageait aussi dans cette voie.
Il voulait que je suive son enseignement et son école de baile.
Donc, tout était très clair pour moi, dès mon plus jeune âge.
- As-tu des frères et sœurs
qui se dédient aussi au baile?
- Oui, mon frère qui a 20 ans chante et danse.
C'est un grand aficionado.
- Par la suite, as-tu reçu un
autre enseignement que celui de ton père?
- Non, mon style de baile vient de mon
père et de ce que j'ai vu chez les membres de ma famille qui
détiennent, grâce à dieu, les qualités de la race gitane. Nous
apprenons les uns des autres. C'est lorsque je voyais danser mon
père à la maison et dans les fêtes que j'ai le plus appris.
- D'après toi, qu'est-ce qui
différencie l'école de ton père à celle des Farruco?
- Notre style de baile a des points en
commun avec de celui des Farruco. J'aimais beaucoup
Farruco, l'ancien. C'est un bailaor qui a beaucoup
marqué les gitans de Séville. Mon baile, je ne le
considère ni meilleur, ni pire. L'école dont je suis issu se
caractérise par l'aspect parao de notre baile.
C'est comme le torero qui torré 'parao'. En fait, cela
signifie que nous attendons le cante et que nous dansons
sur le cante. Nous dansons à notre place. Les autres ont
un style plus sauvage et ils dansent plus en force.
- Dans ton spectacle d'hier tu
as dansé sur des palos traditionnels. Cette très belle
création, l'as-tu montée spécialement pour 'Arte Flamenco' de
Mont de Marsan?
- Oui, ce spectacle, avec Angelita Vargas
comme artiste invitée, je l'ai monté pour ce Festival. Hier, ce
fut la première. Nous effectuons une tournée avec ce spectacle
et en octobre, nous partons à New-York pendant 20 jours.
- Cela fait longtemps
que tu travailles avec Angelita Vargas?
- Oui, depuis mon enfance. La première tournée
que nous avons effectuée ensemble, c'était en Hollande. Je
devais avoir 13 ans. Nous sommes liés par une grande amitié. Pour
ce spectacle, j'avais besoin d'une danseuse et j'ai pensé à elle
car elle porte aussi en elle une tradition très forte.
- Qu'est-ce qui te plait le
plus dans son baile?
- Ce que j'aime, c'est qu'Angelita est une
femme qui détient un style de danse gitane. Elle danse le
Flamenco avec force, mais elle est aussi très féminine. Elle
détient à la fois cette force et cette sauvagerie typiques de la
race gitane et , en même temps, dans ses bras, ses gestes sont
plein de douceur et de finesse. Son style et son école de
baile sont reconnaissables entre tous. Elle a reçu aussi une
transmission familiale et il y a de grandes figures du Flamenco
dans sa famille. Son frère Isidro fut un des plus grands
bailaor de Séville. Sa famille détient une belle
tradition.
- As-tu d'autres projets de
spectacles ou de collaborations?
- Oui, j'ai plusieurs projets en tête. Par
exemple, j'aimerais présenter une création à la biennale de
Flamenco de Séville. Mon épouse et moi
travaillons sur ce projet. Elle est ma productrice et c'est elle
qui porte tous mes spectacles.
- Quelles sont tes
impressions sur la place qui est accordée au Flamenco, en
France?
- Je remarque qu'il y a une très grande aficion en
France, c'est quelque chose d'étonnant. J'ai observé ce
phénomène dans d'autres pays comme , par exemple, au Japon. On
ne l'explique pas non plus car c'est carrément un autre
continent très lointain. Pour revenir à la France, il y a
beaucoup de Festivals de Flamenco, beaucoup d'aficionados
et les artistes sont respectés.
- Tu donnes des stages
actuellement, dans le cadre du Festival. Comment perçois- tu les
stagiaires?
- Les élèves ont une grande aficion et une
véritable envie d'apprendre, ce qui n'existe pas dans tous les
pays où je suis allé. Ils éprouvent un grand respect pour la
pureté du vrai flamenco.
- Quel est ton objectif en
tant qu'artiste?
- Mon objectif en tant qu'artiste c'est de
continuer ainsi. J'ai collaboré avec beaucoup de compagnies et
dorénavant je crée mes propres spectacles. J'ai monté le
spectacle 'Herencia' dont la première a eu lieu à Morón.
Maintenant, je viens ici avec Angelita Vargas. Cette
année est une étape importante dans ma carrière artistique.
- Nous te souhaitons tout le
succès que tu mérites...et merci beaucoup Jairo pour cet
entretien.
- Merci à toi...

Visiter le site Web de Jairo Barrull:
http://jairobarrull.com
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Remerciements à Helen Barrull
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