Le volcan islandais en éruption ayant provoqué l'arrêt du
trafic aérien, les musiciens d’Enrique Morente et de Miguel Poveda n'ont pu
décoller d'Espagne. Le déroulement du concert de clôture de Banlieues Bleues
s'en est trouvé totalement modifié. Ainsi, vendredi 16 avril, Miguel Poveda a
annulé son concert et Enrique Morente a décidé de donner un récital avec les
guitaristes Antonio Maya, Pablo Gilabert et avec l'intervention, au chant, de
Paco el Lobo. Retour sur ce récital exceptionnel, autant par son contexte que
par sa qualité.
Dans un contexte aussi particulier, où ses musiciens habituels ne
pouvaient l'accompagner, Enrique Morente a relevé un véritable défi
en présentant au public un récital totalement différent de ce qu'il avait prévu
la veille, improvisant un spectacle devant 800 personnes, avec des
musiciens qui, par chance, étaient à Paris, ce jour là. Peu d'artistes auraient
eu la trempe de faire ce choix, hormis ce chanteur natif de Grenade dont la
maestria et le talent ne sont plus à démontrer. Debout et formant un cercle,
les artistes donnèrent aussitôt le ton à ce récital où tradition et
jondura étaient les maitres mots. En effet, en guise d'introduction,
Enrique Morente a interprété un Martinete, accompagné au chant par Antonio
Maya,Pablo Gilabert et Paco el Lobo. Un faisceau de lumière
circulaire éclairait le visage et les mains des chanteurs dont les palmas
donnaient la rythmique et annonçaient au public qu'il entrait dans l'espace
sacré du cante jondo. Enrique a interprété plusieurs
thèmes de son nouvel album ' Morente-Flamenco en directo', album qui
rassemble des enregistrements 'Live' des différents concerts qu'il avait donné à
des époques différentes. Lors de ce récital, divers palos se
succédèrent dont une Taranta, Alegria, Tangos, Solea et Seguiriyas.
Enrique déploya toute la magnificence de son cante dont la finesse et
la beauté n'avaient d'égal que l'authenticité qui s'en dégageait. Ses mains se
crispaient, s'ouvraient, se posaient et se déployaient délicatement dans l'air, accompagnant les
inflexions de son chant pénétrant et profond. Quelle maestria! Cet
aventurier du cante, qui a chanté aussi bien avec le rock de Sonic
Youth qu'avec le Raï de Cheb Khaled ou la poésie de Federico
Garcia Lorca, a livré au public un spectacle dans la plus pure tradition du
Flamenco. Le public était totalement électrisé par ce volcan de duende en
éruption! Ce fut un très grand moment de Flamenco. Saluons aussi le mérite et le
talent d'Antonio Maya,Pablo Gilabert et Paco el Lobo qui
ont enchanté le public et qui, par leur
présence, ont fait que ce récital puisse avoir lieu.
Remerciements à toute
l'équipe du Festival 'Banlieues Bleues' et plus particulièrement à Marc
Chesnier ainsi qu'à François Arveiller du label Universal Music.