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Interview de Kiko Ruiz, Serge Lopez & Bernardo Sandoval,  en mars 2014, à Colomiers

Réalisation: Isabelle Jacq Gamboena

 

SAMEDI 28 JUIN 2014: Concert de Duquende & Kiko Ruiz dans le cadre du Festival Toulouse l'Espagnole, Quai de l'Exil républicain espagnol, à Toulouse (31)...................  LE 25 JUILLET 2014 à 21H, le trio Kiko Ruiz, Bernardo Sandoval et Serge Lopez en concert au Festival de Jazz de Foix, en hommage à Paco De Lucia

Lors de la 10ème Biennale des Musiques Ibériques qui  s'est déroulée du 21 au 23 mars 2014, à Colomiers, nous avons eu le bonheur d'assister au concert qui réunissait sur la scène de la Bodega les trois grands guitaristes Flamencos toulousains: Serge Lopez, Bernardo Sandoval et Kiko Ruiz. A l'issue du concert, ce chaleureux trio nous a accordé l' entretien qui suit:

I-J-G: -Est-ce la première fois que vous jouez ensemble sur scène et qu'est-ce qui vous a donné envie de vivre cette expérience? 

Serge Lopez: - Le premier concert qui nous a rassemblé tous les trois sur scène a été initié par Anne Lacroix, du Festival Toulouse l'été. Nous avions beaucoup apprécié cette expérience. C'est pour cela que nous avons voulu prolonger cette collaboration.

Kiko Ruiz: - Si on a eu envie de jouer ensemble, c'est pour deux raisons importantes. La première c'est que nous sommes des amis et qu'on s'entend bien. La 2ème est que, même si nous faisons chacun une musique différente, avec des chemins et des perspectives différentes, nous avons en même temps quelque chose qui nous réunit dans l'intention musicale, dans l'écoute de nos musiques, dans la façon de la jouer ensemble et de la partager. C'est vrai que ça ne se présente pas de la même façon avec tous les musiciens.

- On ressent une évidente complicité et une amitié entre vous. Cela se traduit aussi sur scène et c'est ce qui rend aussi ce moment très agréable pour le public...

Bernardo Sandoval:- Oui, c'est vraiment une histoire d'amitié et c'est aussi une histoire d'amour. Ces moments que nous vivons ensemble sur scène subliment un peu tout. Ce sont des moments où le partage est à fleur de peau. C'est vraiment de l'émotion d'amis et ça nous fait beaucoup de bien, physiquement et moralement.

Serge Lopez:- Jouer tous les trois sur scène, moi je n'aurais pas osé leur proposer cela, au départ. C'est le fait que ce soit quelqu'un d'extérieur qui nous le propose, en prévision d'un concert, c'est cela qui a été l'élément qui a déclenché le projet. Entre nous, il y a l'amitié, la vie. On a vécu des années, nous avons eu chacun notre recherche. Il y a eu la mort de Paco de Lucia. Paco, c'est nos débuts à tous, c'est notre rêve qui a continué, c'est une sorte de guide qui est toujours là. Grace à lui, nous avons trouvé une manière très riche de faire de la musique où on ne pouvait s'ennuyer car ce n'est pas à base de technique. Nous, ce qu'on fait, cela n'a pas de limites. Notre musique peut changer selon notre humeur. C'est de la vraie musique.

- Quelles sont vos impressions sur le fait de participer au Festival des Musiques Ibériques, sur la programmation et sur votre présence à ce Festival?

Kiko:- Nous sommes très content d'être ici. Pour nous, c'est un honneur de figurer dans une si belle programmation de gens du Flamenco et ceux qui s'occupent du Festival sont des gens formidables que je connais depuis assez longtemps. Beatrix, la directrice artistique du Festival,  m'a toujours tendu la main pour pouvoir réaliser des projets. La programmation est magnifique; il y a Miguel Poveda et d'autres grandes figures du Flamenco... c'est un vrai bonheur pour le public aussi!

- Comment avez vous conçu le spectacle de ce soir? comment avez-vous structuré ce spectacle?

Kiko:- Au départ, on a proposé des thème de chacun de nous. On s'est tous donné carte blanche pour arranger les morceaux. Puis, il y a eu des idées qui sont nées sur le moment.

- Bernardo, même si tu joues de la guitare dans ce concert, ta place en tant que chanteur est prédominante dans ce trio, n'est-ce pas?

Bernardo: - Dans mon parcours artistique, il y a eu un moment où je me suis éloigné un peu de la guitare. Je suis allé d'avantage vers la chanson. Le fait de jouer ensemble, cela me remet à la guitare, sérieusement. C'est un bonheur et c'est un super jeu. On le prend comme un jeu. Le rythme, la mélodie, les harmonies, c'est comme la cuisine, et comme on se connait super bien, on fait de la super cuisine.

 - Votre dénominateur commun c'est le Flamenco, mais nous aimerions savoir ce qui vous distingue les uns des autres. Quels sont les divers ingrédients que chacun apporte pour composer cette "cuisine"?

Bernardo:- En fait, au départ, j'étais un peu frileux car cela supposait que je revienne à la guitare. J'étais plus dans mon monde de chansons. Je crois qu'au fur et à mesure, chacun a vraiment pris sa place et, finalement, j'ai aussi trouvé la mienne.

Kiko:- En réalité, ce qui nous intéresse, ce ne sont pas nos différences. Elles sont là et c'est tant mieux car elles viennent enrichir une histoire. Ce sont nos différences qui font aussi l'enrichissement; mais ce qui nous intéresse, ce sont les points communs. Serge et moi aimons beaucoup Bernardo car nous avons appris à jouer avec lui. Ce qu'il apporte maintenant, c'est ce qu'il apporte maintenant, mais c'est ce qu'il a apporté aussi avant pour que l'on soit là aussi, aujourd'hui. Bernardo, au départ, il était guitariste de Flamenco à part entière. Il a gagné des prix de guitare, des concours prestigieux. Il nous a apporté des choses à ce moment là. C'est une histoire où le temps n'existe pas. On se connait depuis quand même plus de 35 ans! J'ai commencé à jouer avec Bernardo quand j'avais 10 ans; lui en avait 17. On se connait très bien. Avec Serge, c'est pareil. On se connait depuis plus de 30 ans, et eux, ensemble, c'est pareil.

- Vous avez interprété plusieurs palos ce soir, n'est-ce pas?

Kiko: - Oui. Nous avons joué différents palos: la Buleria, Tanguillo, Tangos, l'Alegria. Il y a plein de clin d'œil, mais il est vrai que nous sommes davantage dans un répertoire léger du Flamenco que dans le jondo. Auparavant, on l'a eu fait, mais le répertoire a bougé. Nous avons fait un peu de Taranta, Solea, de Malagueña. On adore ça, mais, en même temps, on prend les choses comme elles viennent. C'est un peu comme dans la vie... Ce soir, nous avions surtout envie de passer un bon moment, de se laisser aller en gardant une grande part d'improvisation. Il est vrai que les thèmes plus légers comme les Rumbas, Tanguillos et Bulerias sont plus propices à l'improvisation.

- La disparition récente et brutale de Paco de Lucia  a été un véritable choc pour tous. Que souhaitez-vous dire à ce propos?

Kiko: - C'est un coup de massue! On ne s'y attendait pas. Je l'ai vu à Marciac, lors du dernier concert qu'il a fait en France. C'était un magnifique concert et il était en super forme. On s'était dit que cet homme là est indestructible. Apprendre cette mort, ça a été comme un coup de massue, c'est sur. J'ai mis du temps à le réaliser. je crois même que je ne l'ai pas encore réalisé parce qu'en même temps, il est immortel. C'est en cela que c'est un peu ambigu. D'un coté, je me suis dit qu'il est mort comme un grand personnage au sommet de sa gloire, en ayant laissé tout ce qu'il a laissé. Moi, je suis très triste et en même temps, je suis content de penser à lui, pas comme un être humain normal, mais comme un grand personnage qui nous a laissé tellement de choses, qui sont encore là et qui apporteront à plein de générations encore après moi. Ce que j'ai envie de lui dire c'est que je l'aime.

 - Avez-vous un projet d'album ensemble et de résidence pour enregistrer cet  album ?

Kiko: - Oui, nous garderons peut-être quelques thèmes que nous avons joué ici, ce soir. Nous avons surtout prévu de passer 3 jours dans la salle Jean Caillerot. A ce moment là, nous pourrons réellement zoomer dans le travail et la technique. Enregistrer un album, c'est aussi un travail technique de prise de son. Lors de nos  prochains concerts, il y aura aussi d'autres lieux qui, probablement, vont nous permettre d'enregistrer des nouveaux thèmes.

- Quelle est la date de sortie de votre album?

Kiko: - Nous pourrons fixer une date dès que nous aurons tous les thèmes. Nous aimerions que ce soit fin 2014.

- Quels sont vos autres projets personnels ou communs? un tournée pour ce spectacle?

Kiko: - Oui, les deux...

Bernardo:- Nous, on continue toujours notre histoire personnelle. Je travaille pour sortir un album. Je prends vraiment le temps de le réaliser. C'est pour le plaisir et j'y invite plein d'amis.

Kiko: -Moi aussi, j'ai projet de sortie d'album et comme cela fait un moment que je dois le sortir. Aujourd'hui, on ne fait plus les disques comme on les faisait avant, avec un producteur derrière. C'est quelque chose qui est en train de changer. Ceci dit, je suis en train de le faire chez moi. Je me suis équipé pour cela et comme j'ai plein de concerts et plein de projets, je tarde à le sortir, même si le public attend cet album... il viendra. Dans cet album, il y aura des invités très intéressants comme Duquende, Piraña. Je vais accompagner Duquende samedi 28 juin au Festival Toulouse d'Espagnole. Duquende c'est déjà un ami et j'ai déjà travaillé avec lui. On se connait depuis longtemps. Il est de Sabadel, là où réside ma famille aussi. Nous avons déjà enregistré un album ensemble, il y a longtemps. Nous avons envie de recommencer et comme nous voyons que le temps passe et qu'on se régale de jouer ensemble. C'est une histoire similaire à celle que je vis avec Bernardo er Serge.

Serge:- J'ai fait plusieurs dates et je vais aller en Suisse pour concrétiser un projet de spectacle avec des enfants sourds. Il y aura une dizaine de guitares, des percussions etc. Nous travaillerons avec des spécialistes, des chefs d'orchestres. c'est très intéressant. J'ai aussi d'autres projets de concerts en trio.

- On peut dire que vous avez tous un agenda bien rempli! merci à vous pour ce moment passé en votre compagnie et à très bientôt... 

Voir le reportage sur  la 10ème édition de la Biennale des Musiques Ibériques, à Colomiers: Cliquer ici