Tony Gatlif
Tony
Gatlif est né le 10 septembre 1948 dans la
banlieue d'Alger d'une famille de gitans andalous. Il découvre le cinéma lors
de ces trop brefs passages à l'école car il passe le plus clair de son temps
dans les rues. A l'âge de douze ans, et afin d'éviter un mariage arrangé,
il part pour Alger. Il prend ainsi ses distances avec la famille et travaille en
exerçant le métier de cireur de chaussures. Il passe ainsi le début de son
enfance jusqu'au tournant des années soixante. Vers l'âge de quatorze ans il débarque
en France, il vadrouille entre Marseille et Paris. Sans un sous, enfant de la
rue, il rencontre la délinquance, les maisons de redressement. (Une expérience
qui va lui servir pour l'écriture de son premier scénario : La Rage au poing).
Mais Tony Gatlif a une bonne étoile. Alors qu'il séjourne dans une
maison de correction en région parisienne et grâce à la complicité d'un médecin
il arrive à s'inscrire à un cours de théâtre. Tony Gatlif écrit son premier scénario, La rage au poing.
En 1973,
il réalise son premier court-métrage avec Jacques Villeret et Coline
Serreau.
Puis il enchaîne les productions sans moyen. Alors que Gérard Depardieu tourne
le film de Bertrand Blier 'les Valseuses' en compagnie de Patrick Dewaere, Eric Le
Hung réalise le film tiré du scénario de Tony Gatlif 'La rage au poing'. Scénario
inspiré par l'expérience des maisons de redressement de son auteur.
1975, la tentation de tenir une caméra se fait pressente et il réalise
un premier film inédit 'La Tête en Ruine'.
1978, il tourne 'La terre au ventre' qui évoque la guerre d'Algérie vécue
par une mère pied-noir et ses quatre filles. En 1981,
il tourne en Espagne, avec des Gitans de Grenade et de Séville, 'Corre Gitano'
-
film inédit en France-
Il obtient son premier réel succès avec son film 'Les
Princes' dont le sujet porte sur les Tsiganes sédentarisés de la banlieue
parisienne. Tony Gatlif porte un regard sans concession sur cette communauté
livrée à la pauvreté et au rejet. Ce film pour le réalisateur est un film
coup de poing.
1985, il écrit et réalise "Rue du départ", l'histoire d'une
fugue, celle de Clara (Christine Boisson), une adolescente qui cherche dans
l'errance l'image de son père où le réalisateur confirme son absence de
complaisance et son sens de la révolte.
1988, il enchaine
avec "Pleure pas my love" qui est une réponse à tout ceux qui lui
reprochent de ne parler que de marginaux. C'est un conte dans lequel Tony
Gatlif se révèle un étonnant peintre des sentiments.
1990, il
réalise "Gaspard et Robinson". La trame de ce film repose sur
l'errance d'un chauffeur routier et d'une vieille femme abandonnée. Une comédie
sociale basée sur une histoire d'amitié sur fond de chômage.
1992, Tony Gatlif retrouve le monde des gitans et se lance sur un
projet qui lui tient à cœur." Latcho Drom" oscille entre le film et
le documentaire. Son but est de nous livrer les pérégrinations de son peuple en
musique dont le point de départ est l'Inde et le Rajasthan. Avec une équipe
réduite, sa quête va durer un an et cette dernière va traverser plusieurs pays: l'Egypte,
la Roumanie, la Hongrie, la France et pour finir et mettre un terme au voyage
l'Andalousie en Espagne et même l'Afrique du Nord. Ce long périple est en
quelque sorte un voyage aux sources de la culture rom où le réalisateur passe
en revue toutes les déclinaisons et toutes les instrumentalisations possibles de
la musique tzigane. Mille ans d'histoire.1994,
Tony Gatlif signe une comédie dramatique est c'est encore une rencontre, celle
d'une œuvre et de son auteur, Jean-Marie G. Le Clezio qui détermine son film
suivant, 'Mondo', l'histoire d'un enfant de dix ans, sans famille qui débarque à
Nice.
1995 - 1996 Tony Gatlif réalise deux documentaires respectivement pour
Canal+ et Arte.
"Lucumi", le Rumbero de Cuba pour Canal + et "I Muvrini",
polyphonie corse pour Arte . 1997,
Tony Gatlif consacre un troisième film après "Les Princes" et "Latcho
Drom "sur le monde des gitans: "Gadjo Dilo". Cette dernière
œuvre va rencontrer un succès auprès du public et recevoir de l'ensemble des
festivals qui l'on accueilli, enthousiasme et récompenses. 1999, le film"
Je Suis Né d'Une Cigogne",
"Vengo "est sur les écrans. Pour le réalisateur, l’idée d’un
film sur le flamenco remonte à 1981, l’année où il a tourné à Madrid
"Corre Gitano" avec la participation du théâtre andalou. La vraie
question (et la gageure de Vengo) était: comment mettre en image quelque chose
que se sent, qui se vit mais qui ne se voit pas ? Tony Gatlif trouve la réponse
en éliminant le folklore qui est souvent lié au flamenco. Il en résulte un
film brute où la musique et la danse ne font plus qu'un. L'émotion est omniprésente,
à fleur de peau, épidermique. C’est avant tout grâce à Antonio Canales,
célèbre danseur andalou, que Gatlif est arrivé dans 'Vengo' à
transmettre cet esprit du sud.
"Je disais à Antonio (Canales) : Ne joue pas, tu es le
flamenco."
"Vengo
"se déroule en Andalousie, le sud profond où les codes de l'honneur
prennent une telle proportion qu'ils peuvent amener à tuer. "Vengo"
est un drame dont l'idée de mort est présente tout au long du film et cette
dernière jaillit en conclusion sur les dernière images.
"Je déteste qu’on tue dans mes films, mais pour 'Vengo', je n’avais pas
le choix. Cette fin tragique était la seule possible. La vengeance est au cœur
des traditions du sud. Elle est enfouie dans cette culture, aussi ancrée et
aussi évidente que la jalousie. Je suis né dans cette culture et j’essaie
sans cesse de la traduire à l’écran.
2001,
Swing comme toujours chez le réalisateur est un film à écouter tout autant
qu'à voir. La musique dans ce cas précis est du jazz manouche dont le maître
absolu en fut son créateur: Django Reinhart. L'histoire est simple,
peut-être simpliste mais la vie n'est-elle pas constituée de petits riens. Se
rencontrer, partager, échanger autour d'un feu, d'une table avec la musique et
la danse au centre du cercle.
2003:
Exils:
bande originale du film chez Naïve, 2004.
Tony
Gatlif réalise le
film "Exils" qui obtient le prix de la mise en scène à Cannes
2004. Avec les comédiens Romain Duris, Lubna Azabal et Leila Makhlouf. Synopsis: "Un
jour, Zano propose cette idée à sa compagne Naïma: traverser la
France et l'Espagne pour rejoindre Alger et connaître , enfin, la terre qu'ont
dû fuir, autrefois, leurs parents. Presque par défi, avec la musique comme
seul bagage, ces deux enfants de l'exil se lancent sur la route. Épris de
liberté, ils se laissent, un temps, griser par la sensualité de l'Andalousie
avant de se décider à franchir la Méditerranée. D'une rencontre à l'autre,
d'un rythme techno à un air de Flamenco, Zano et Naïma refont,
à rebours, le chemin de l'exil."
En
2009, il réalise le film 'Liberté' pour
lequel Tony Gatlif s’est vu remettre
le Prix du Public et le Grand Prix des
Rencontres Cinématographiques de Cannes. Ce
n’est pas un film moderne, mais plutôt un
voyage dans le monde des gitans, eux qui
ont « été brutalement déportés par les nazis
pendant la deuxième guerre mondiale ». Un
film qui, aidé par le talent et la voix de
Marc Lavoine et la beauté de la musique,
retrace l’histoire d’une famille tzigane,
inspirée par des personnages réels. Pour
le réalisateur, ce sujet est, depuis
longtemps, son thème idéal… Mais avec « la
peur d’échouer » avec ce sujet « horrible »,
Tony Gatlif renonce à sa réalisation. L’idée
lui reste, imprégnée dans sa culture de
réalisateur et c’est « 30 ans après la
naissance de l’idée que cette histoire doit
être racontée » pour que le public « sache
qui a sauvé les tziganes ». Le réalisateur
mise sur l’histoire du destin d’une famille
tsigane avec son chef de clan - une femme -
et son « héros », Taloche, un Bohémien
fantasque encore enfant dans sa tête, rôle
qu’interprétera James Thiérrée, le
petit-fils de Charles Chaplin. Dans
leur périple, ils seront aidés par des
Justes, des personnages ayant réellement
existé comme Théodore, maire d’un village,
ou Melle Lundi, institutrice et employée de
mairie. Ces deux personnages seront pour
leur part incarnés par Marc Lavoine
et Marie-Josée Croze. Côté musique,
Tony Gatlif affirme qu’elle « a
commencé à naître en même temps que le
scénario. Les images accompagnent ma
musique. Car elle fait partie de l’âme des
gitans et de leur vie ».
Voir le Site officiel de Tony Gatlif:
www.myspace.com/gatlif