Le flamenco s'enrichit au contact d'influences diverses
et par l'audace dont font preuve, parfois, certains des
artistes qui le représentent, comme c'est le cas de Manolo
Punto, dans sa nouvelle création 'Flamenco Al Desnudo' qu'il
présente au Théâtre de la Reine Blanche pendant plusieurs
soirées consécutives. Retour sur ce spectacle où originalité
et authenticité sont les maitres mots.
En fond de scène, nous apercevons une table sur laquelle est
posée un journal intime dans lequel Manolo Punto, le
narrateur, écrit sa propre histoire. La voix Off qui
est celle de Manolo, livre au public le contenu
de son journal, dévoilant ainsi ses secrets les plus intimes
et son sentiment de solitude, perdu dans une grande ville et
dans un quotidien plutôt morne. Puis, Manolo se lève
et entame un solo, accompagné par Lucas Peres,
à la viole de gambe. Notons que c'est la première fois que
cet instrument est utilisé dans la musique Flamenca et nous
constatons qu'il s'adapte parfaitement à cet art. Le récit
se poursuit par la rencontre avec une jeune femme, incarnée
par la merveilleuse
danseuse Aurélia Vidal qui interprète un Jaleos,
en duo avec Manolo suivi d'une partie musicale
por tangos où les accords de guitare du talentueux Javier Cerezo
répondent au chant d'Alberto Garcia et à la viole de
gambe de Lucas. Le
narrateur espère que la rencontre avec cette femme
changera le cours de sa vie et lui donnera le sentiment
d'exister vraiment. Le spectacle s'articule autour de cette
idée de rencontre, d'émerveillement, de séduction et
d'amour, d'espoir de séparation puis de retrouvailles. Le
concept du spectacle et son aspect théâtral apporte une
originalité à celui-ci. Plusieurs palos se succèdent:
une Tona, Seguiriya , solea, zapateado, Alegria
portés par voix chaude et puissante d'Alberto Garcia.
Aurelia Vidal incarne magnifiquement ce
personnage féminin. Tantôt espiègle, malicieuse et
chaleureuse, tantôt grave, violente et lointaine, elle
dévoile au public une large palette d'émotions et son
extraordinaire expressivité n'a d'égal que sa féminité et
son talent. Manolo sait, lui aussi,
mettre à nu ses sentiments au travers la danse. La
connivence entre ces deux danseurs est évidente et nous
transporte dans des instants magnifiques et plein
d'authenticité. Dans son baile, Manolo ne
cherche pas la virtuosité mais plutôt la justesse du
mouvement. Sa soif d' authenticité se révèle dans ses
moindres gestes et c'est aussi pour cela qu'il touche le
public. A la fin du spectacle, les danseurs exécutent
un zapateado ponctuant le récit qui révèle au public
qu'il ne s'agit que d'une idylle rêvée...mais quel rêve
merveilleux! Pour ceux qui n'ont pas encore eu la chance
d'assister à ce spectacle, sachez qu'il y aura deux autres
représentations,
les 17 et 19 mars prochains, au Théâtre de la Reine Blanche,
à Paris. A bon entendeur...