'Fiesta Flamenca', tel est le titre évocateur du spectacle qui était programmé récemment à l'institut du monde Arabe, dans le cadre du cycle 'les rendez-vous de la danse'. Retour sur ce spectacle de Flamenco traditionnel organisé par l'association Ocreambre et produit par Bernard Abitbol.

 Pendant deux soirées consécutives, 6 artistes ont embrasé la scène de l'auditorium, plongeant le public dans une ambiance andalouse et offrant un spectacle d'une qualité exceptionnelle. En plus de leurs tournées régulières en France et à l'étranger, la plupart des artistes qui étaient présents se sont produits à plusieurs reprises sur la scène parisienne et notamment à Planète Andalucia, le mythique tablao Flamenco de Montreuil, lieu de spectacle bien connu des aficionados et dont on  regrette fortement la  fermeture depuis janvier 2010. Venu tout droit de Séville, le chanteur Francisco Contreras 'Niño de Elche' a débuté le spectacle par un romance a palo seco, puis les guitaristes Dimitri Puyalte et Cristobal Corbel ont fait vibrer leur instrument,  accompagnant avec talent la danseuse Karla Guzman. Vêtue d'une somptueuse robe  fushia et d'un manton  bleu ciel avec lequel elle dessinait des volutes dans l'air, Karla faisait virevolter son manton, jusqu'à se lover entièrement dans cette étoffe lumineuse, puis, elle se lançait dans un prodigieux zapateado. Originaire du Mexique, Karla s'est formée auprès de plusieurs maitres en Andalousie dont la Chiqui de Jerez et le danseur Domingo Ortega, ainsi qu'à l'école 'Amor de Dios' de Madrid. Sa danse est majestueuse, sensuelle, presque aérienne. Ses braceos sont d'une finesse d'une grâce exquise. Ce moment de danse fut  fortement applaudit. S'en est suivi un très beau duo de guitares dans lequel Cristobal et Dimitri interprétèrent une Farruca de Sabicas et le public pouvait apprécier le talent réel de ces jeunes artistes. La danseuse nîmoise Eva Luisa était assise et accompagnait aux palmas; elle se leva par la suite et s'avança sur la scène pour interpréter une Alegria, vêtue d'une robe blanche et, balançant son regard malicieux tantôt vers le public, tantôt vers les musiciens. Accompagnée par les percussions et la Tinaja de Juan Ma Cortes, musicien avec lequel elle a montée sa compagnie, Eva dansait avec force, et son tempérament de feu se révélait au travers son baile plein d'énergie et de soniquete.  Les aficionados avaient pu admirer sa danse, cette année, au Festival de Nîmes et, l'année dernière, au Festival Arte Flamenco de Mont de Marsan, entre autre. Le spectacle s'est poursuivi avec plusieurs palos dont une Guajira, Taranto, Solea pour terminer par une Buleria de Jerez et Séville. Un autre moment d'une intensité extrême fut le solo du cantaor Niño de Elche lorsqu'il chanta 'Rosario dinamitera' au rythme d'une Guajira, rendant ainsi hommage au poète Miguel Hernandez dont on fête cette année le centenaire de sa naissance. Le parcours artistique de ce chanteur est jalonné de récompenses et de collaborations avec des grands artistes comme Rocío Molina, Rafaela Carrasco, Manuel Linan, Marcos Flores, Olga Pericet.  Précisons aussi qu'il a participé à l'enregistrement du très bel album intitulé 'Cantos del posible' d'El Mati. Agé de 25 ans, Niño de Elche a encore un bel avenir devant lui et ce soir là, il a encore ébloui le public par sa voix puissante et pleine de modulations et d'émotion. Ce spectacle fut une véritable 'Fiesta Flamenca' pour tous. Merci aux artistes et à Bernard Abitbol ainsi qu' à Laurent Milhou qui œuvrait discrètement en coulisse pour assurer le bon déroulement technique du spectacle.