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Reportage sur
le spectacle de
'Diego Amador-La
Farruca- Bireli Lagrène'
samedi
9 octobre 2010
aux Folies
Bergères à Paris
Texte:
Isabelle Jacq 'Gamboena'
Photos: Alain
Jacq
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Samedi 9 octobre 2010, le Flamenco
et la musique jazz manouche étaient à l'honneur sur la scène
parisienne des Folies Bergères. En effet, après une première partie
présentant le spectacle des élèves de la Farruca préparé lors de
répétitions organisées par l'association 'La Gitanilla' de Cristina
Madgdalena, des grandes figures gitanes du Flamenco illuminèrent la
scène: le musicien et chanteur Diego Amador ainsi que la danseuse La
Farruca. A ce cocktail euphorisant se rajoutait un invité de marque,
Bireli Lagrène, le géant de la guitare jazz Manouche.
Le spectacle débuta par un véritable 'couac'. En
effet, en guise d'introduction, un spot publicitaire sur
l'Andalousie fut projeté, en fond de scène. Cette vidéo choqua une
grande partie du public peu enclin à accepter l'intrusion des
sponsors sur scène, d'autant plus qu'elle donnait une vision peu
séduisante de cette chère région d'Espagne, tant appréciée des
aficionados. Devant le mécontentement général, les organisateurs
durent écourter cette projection et le spectacle put enfin débuter
avec un conteur professionnel, José Antonio Vegas, qui dit
avec talent un poème de Felix Grande
sur le thème de la persécution des gitans. Puis, il interpréta
le thème gitan 'Camelamos naquerar' ('nous voulons parler'),
s'accompagnant à la guitare et avec des instruments de percussions
tels que le lotar, instrument d'origine marocaine et le 'pandero
cuadrado de peñaparda', percussions carrées provenant de
Peñaparda, le village d'origine du conteur, en Espagne. Le spectacle
se poursuivit avec de la danse au travers le duo d' Elisa Vicente
et Remi Page qui interprétèrent une Sévillane. Puis
la danseuse professionnelle Julia Palombe dansa sur un poème
de Pablo Neruda intitulé 'Tu risa', accompagnée à la
guitare par Sergio Leonardi. Ce fut un beau moment de rêve et
de poésie qui fut apprécié par le public. Par la suite, trente
danseuses de l'association La Gitanilla de Cristina
Magdalena affluèrent sur la scène et, au rythme d'une Solea,
elles dansèrent sur une chorégraphie de La Farruca,
chorégraphie que la maestra leur avait enseignée lors des
stages réguliers qu'elle donne, à Paris. Mais la scène des Folies
Bergères contenait difficilement autant de danseuses. Malgré cela,
elles relevèrent le défi en donnant une belle harmonie d'ensemble.
Après un entracte, la deuxième partie du spectacle
commença avec La Farruca, fille du légendaire Farruco
et mère des prodiges Farruquito, Farruco et Carpeta;
elle incarne l'école de danse Flamenca la plus pure. Elle était
accompagnée par Mara Rey et Pedro Granaino au chant,
et par Jesus Guerrero, à la guitare. Sa danse fougueuse et
inspirée, ses zapateados aux modulations infinies, sa
virtuosité technique alliée à une gestuelle féline et une allure de
lionne indomptable font de La Farruca une danseuse
d'exception qui fait jaillir le duende a chacune de ses
prestations. Le public fut conquis, une nouvelle fois, par son
baile et elle fut longuement applaudie.
Puis, ce fut au tour de Diego Amador
d'électriser le public avec son génie créatif. Multi-instrumentiste,
Diego Amador est chanteur, guitariste, percussionniste et
pianiste. Ce soir là, c'est au piano et au chant qu'il a livré son
talent. Ce musicien sévillan provient de la dynastie gitane des
Amador, famille ancrée dans la tradition Flamenca. Dans les
années 80, c'est avec ses frères ainés Raimundo et Rafael
qu'ils ouvrirent le Flamenco à d'autres cultures en y
introduisant des influences diverses comme la musique pop et rock au
travers leur groupe mythique Pata Negra. Fort de cette
expérience , Diego Amador ne se limite dans aucun domaine car
il sait qu'il peut tout oser, innover tout en respectant la
tradition. Quoi qu'il fasse, le Flamenco, il le porte en lui et cet
art fait partie intégrante de sa personnalité. C'est ainsi qu'il a
appris le piano, en autodidacte, jusqu'à faire corps avec son
instrument et en faire jaillir des sonorités flamencas totalement
inédites. Il crée des effets inattendus, des trilles et des
pulsations particulières qui rapprochent cet instrument de la
guitare. Diego est devenu l'un des pianistes flamencos les
plus
reconnus, travaillant aux cotés de grandes figures comme Tomatito,
Chick Corea, Larry Coryell, entre autre. Lors de ce spectacle,
il était accompagné par le batteur mexicain Israel Varela,
par le bassiste Julian Heredia et par son fils, Diego
Amador Hijo au cajon. Il interpréta plusieurs titres de
son dernier album' Rio de los canasteros' et quelques thèmes
d'autres albums. Plusieurs palos se succédèrent dont un
Tango, une Buleria, rumba et une Alegria. Lorsque
le guitariste de jazz manouche Bireli Lagrène le rejoignit
sur scène à deux reprises et qu'ensemble ils se lancèrent dans une
magistrale fusion de flamenco jazz manouche, ce fut des moments
d'une intensité extraordinaire. "Je ne peux pas concevoir la musique
sans qu'elle soit partagée avec d'autres musiciens, c'est vraiment
vital..." affirme ce musicien
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