Reportage sur le spectacle
"Latent", samedi 17 mai 2014, au Théâtre Le Palace, Paris
Texte: Isabelle Jacq Gamboena
Photos: Alain Jacq
|
|
"Latent": quand le dieu de la danse fait
jaillir l'énergie ancestrale du Flamenco.
Résidant à Paris depuis quelques
années, c'est dans cette ville que le grand danseur José Maya a élaboré
sa nouvelle création intitulée "Latent", création que le public parisien
a eu le privilège de découvrir au Théâtre le Palace, durant deux soirées
consécutives. Entouré par des artistes de haut niveau
et par la charismatique chanteuse Juana La del Pipa, José Maya a
témoigné une nouvelle fois de son talent et de sa maestria dans
ce spectacle qui est un parcours original vers les profondeurs de son
âme . Retour sur la mémorable représentation à
laquelle nous avons assisté, samedi 17 mai.
Le spectacle a débuté dans une ambiance
mystérieuse prodiguée par une vidéo-projection de silhouettes
dansantes de José Maya qui se mêlait à la présence réelle du danseur,
sur la scène. Un enregistrement sonore diffusait des rythmes
percussifs et des chants sacrés sur lesquels José dansait en solo,
traversant les effets lumineux qui se projetaient sur un voile
semi opaque disposé au devant de la scène.
Par ses taconeos
fulgurants et ses figures géométriques qu'il décrivait dans l'espace au
travers de ses chorégraphies, José Maya entrait dans un monde nébuleux, hors du temps et
de l'espace, en quête de la source de son instinct,
celui qui est à l'origine de son expression artistique
Nous apprécions fortement le talent de José Maya, ce danseur virtuose
né à Madrid. Il a commencé sa carrière artistique à l'âge de 9 ans,
enchainant d'années en années de nombreuses collaborations avec les plus grands artistes comme,
par exemple, Joaquin Grilo, Juan Ramirez Antonio Canales, ainsi que Tomatito,
dont il a été le danseur attitré. José a souvent dansé sur les
grandes scènes européennes et se produit dans le monde entier.
Ce soir là, José Maya a témoigné une nouvelle fois de son authenticité
et de sa profondeur au travers de sa quête vers les origines de sa danse. Juana
La del
Pipa, par sa présence et son timbre de voix reconnaissable entre tous,
devenait le catalyseur d'un changement de
conscience que José Maya exprimait par sa danse. A l'écoute du chant de
Juana, José Maya invoquait l'énergie tellurique en creusant le sol par
ses taconeos retentissants; Juana, par sa voix qui semblait
provenir des entrailles de la terre, devenait le
symbole de la terre mère. Tous les éléments
naturels participaient à ce voyage intérieur. Le souffle de José
devenait court,
l'air s'épaississait, des perles de sueur dégoulinaient le long de
son visage, de ses cheveux; son regard scintillait de mille feux.
Propulsé par son cœur qui palpitait au rythme des percussions d'Israel Suarez, du chant
de Juana et de celui de Rubio de Pruna, son sang coulait de plus en plus
vite dans ses veines, parcourant un chemin initiatique
vers les profondeurs de son âme. Son corps tout entier
vibrait aux accords de la guitare d'El Perla, faisait parvenir ses pulsations jusqu'aux bouts de ses doigts.
Claquement de doigts, mains jointes pour implorer l'ouverture de ce
chemin vers soi, vers l'autre. Il creusait à chaque fois plus
profondément dans son être, criant sa douleur, sa joie, sa peine,
livrant son histoire
intime, déchirant le voile des apparences. Tout au long du
spectacle, au travers de cette mise
à nue des sentiments, des émotions, de sa réalité la plus occulte,
José a fait jaillir l'énergie ancestrale du Flamenco ... du Grand art!
___________________________________
|