Reportage sur le spectacle "Sangre
del Alma"
vendredi 8 mars 2013
sur la Péniche Anako, à Paris
Texte: Isabelle Jacq Gamboena
Photos: Alain Jacq
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"Sangre del Alma": un spectacle somptueux et
profondément humaniste.
C'est dans le cadre chaleureux de
La péniche Anako, dans le bassin de la Villette, que fut présenté au public
parisien le spectacle "Sangre del alma", durant deux soirées
consécutives au cours desquelles la poésie des grands poètes tels que Miguel
Hernandez et Pablo Neruda était portée par la voix de Michel Albertini, la guitare de Dimitri Puyalte et la danse de Lori La Armenia.
"Sangre del Alma" est née de la collaboration entre Michel Albertini
et Dimitri Puyalte, sous l'impulsion de Jean Paul Ferrand, lorsqu'il dirigeait
le fameux tablao Planète Andalucia, à Montreuil Sous Bois. La première version
de ce spectacle créé en 2006 intégrait
José Sirroco qui disait les textes en espagnol. Après plusieurs
tournées en France et en Espagne, le spectacle a pris un nouvel essor grâce à
l'arrivée de la danseuse Lori La Armenia.
Flamenca
d'origine arménienne et initiée au cœur du triangle d'or Jerez- Séville-Lebrija,
Lori a reçu également une formation de comédienne. Elle intervient dans cette nouvelle création car elle est sensible à la poésie,
à l'écriture
et c'est aussi une manière, pour elle, de "sublimer la tragédie,
sanctifier les sépultures de ses ancêtres injustement trahis pendant le
génocide". Quant à
Michel Albertini, artiste pluridisciplinaire qui excelle aussi bien dans son
métier d' acteur,
que dans celui de scénographe et même de romancier, il
aime la poésie depuis toujours et, de ce fait, a crée ce spectacle qui
lui tient particulièrement à cœur. Ce soir là, avec sa voix chaude et puissante, il
disait les
poèmes des grands auteurs tant espagnols, français qu'arméniens comme Aragon,
Leo Ferré, Pablo Neruda, Miguel Machado, Levon Shant,
Parouyr Sevak. Michel Albertini
faisait corps avec les mots, renforçant leur consistance à tel point que leur
sens
collait parfaitement à la réalité d'aujourd'hui. Il mettait tout autant son talent au service de la poésie
qu'il se servait des poètes
pour faire de ce spectacle une œuvre de combat, nous parlant de nos désirs, de
nos passions, de nos douleurs, enlevant au fur et à mesure l'épaisseur de nos carapaces, de nos
peurs et de nos doutes, s'immisçant dans notre opacité corporelle jusqu'à atteindre notre cœur,
et nous faisant ressentir
alors avec force
et sans réserve l'Amour
qui
coule irrémédiablement dans nos veines. Et lorsque Lori La Armenia dansait, elle
martelait cette vérité avec ses yeux, ses talons et son corps tout entier,
tandis que Dimitri accompagnait avec beaucoup de talent ses magnifiques
chorégraphies. Le public reconnut plusieurs poèmes dont "Camino" d'Antonio
Machado, "Donne moi tes mains" de Louis Aragon et plusieurs coplas de
Flamenco traduites en français par Mario Bois. En osmose avec la poésie et la
musique, Lori dansa sur de très belles chorégraphies Flamencas entrecoupées de
passages de danse Arménienne. Lorsqu'elle dansa une zambra,
sur "les lettres de Manouchian", un poème arménien, accompagnée au jaleo
par Dimitri, c'était magique! Dimitri offrit aussi des moments extraordinaires au public en interprétant avec
duende plusieurs palos du
Flamenco et en accompagnant avec beaucoup de sensibilité la poésie et la danse.
Ce spectacle fut une heure de passion foudroyante, de beauté torride et un
véritable appel à la fraternité humaine. A l'issue du spectacle, Michel
Albertini dédicaça "L'enfant sale", son dernier ouvrage paru en 2012 aux
éditions Ores Déjà; un récit bouleversant sur fond autobiographique, où
il est indirectement
question d'institutions, de parentalité et du rapport au monde.
Autre merveille à découvrir!
Photos
du spectacle
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