Reportage
sur le spectacleGypsy Connection et le
cirque Bouglione,
vendredi 2 décembre 2011,
à Chatou(78)
Texte: Isabelle Jacq Gamboena
Photos: Alain Jacq
Pendant deux soirées consécutives, sous le chapiteau de
Joseph Bouglione, à Chatou, les gitans de l'Inde et d'Espagne sont allés à la
rencontre du cirque au travers d'un spectacle intense, contrasté et plein
d'émotions. Intitulé "Gypsy Connection", ce spectacle rassemblait des artistes
de haut niveau pour offrir au public une soirée magique qui dévoilait avec
authenticité l'âme gitane et la magnificence de la culture des gens du voyage.
Dans une période où le monde virtuel se substitue de plus en
plus à la réalité, où l'on a tendance à remplacer les musiciens par des machines, où le carton pate s' introduit
subrepticement dans les
rêves des enfants pour les emporter dans les supermarchés du loisir, il
est bon
de franchir le seuil du chapiteau Bouglione, d'humer l'odeur des
fauves, de s'imprégner de
l'atmosphère de ce cirque légendaire et de partager des moments de rire, de
frissons et d'émotions avec de talentueux artistes qui perpétuent la grande tradition du
cirque depuis plusieurs générations. Nous connaissions le Cirque d'Hiver
situé à Paris, dans lequel Joseph, le patriarche de la famille Bouglione
a pris
la direction à partir de 1934. Son fils, André-Joseph Bouglione fait partie de
la sixième génération Bouglione qui perpétue la tradition familiale. Dompteur de tigres,
il a crée avec sa sœur un nouveau
chapiteau installé à Chatou, chapiteau qu'il dédie à son
père et à son grand-père. Inviter des artistes d'autres horizons, sous son
chapiteau, pour une rencontre entre diverses cultures et disciplines
artistiques, cela l'intéressait beaucoup et c'est ce qu'il fit, lors de ce
spectacle. Le Flamenco, André-Joseph l'a découvert auparavant et il a gardé un
souvenir impérissable du passage de plusieurs artistes Flamencos au Cirque
d'hiver, à Paris, notamment du fameux concert de Camarón, accompagné par
Tomatito, en 1988. Ce soir là, sous le chapiteau de Chatou, le public pouvait
admirer son talent de dompteur lorsque, dès le début du spectacle, trois énormes
tigres pénétrèrent dans la piste et exécutèrent quelques figures acrobatiques,
obéissant au doigt, à l'œil et au fouet de leur maître. Accompagnés par la
musique et les chants Flamencos et indiens, les mouvements des tigres
vibraient en harmonie avec ces sonorités musicales profondes et sensuelles qui
entraient en résonnance avec l'énergie solaire de ces majestueux félins. Après
ce numéro très applaudi, ce fut au tour de la belle danseuse de Flamenco
Alejandra Gonzalez d'entrer en piste, suivie par les pas chaloupés d'un cheval noir monté par Sandrine Suskow,
excellente cavalière, trapéziste et épouse d'André-Joseph. Alejandra
dansait avec la fougue d'une tigresse,
accompagnée par le chant Flamenco d'Alberto Garcia, par la guitare
impétueuse de Javier Cerezo et par les notes suaves
que distillait Stephen Bedrossian, à la contrebasse. Le violon et
percussions complétaient parfaitement cet ensemble instrumental Flamenco,
faisant écho aux percussions, aux tablas et au chant indiens. La complicité des
musiciens, l'aisance avec laquelle ces deux cultures se mélangeaient, tout cela
nous rappelait l'origine indienne du Flamenco. Tandis que la cavalière
faisait le tour de la piste, les frappes des talons d'Alejandra
répondaient aux pas du cheval et leur magnifique complicité créait une ambiance
magique surtout lorsqu' Alejandra se lança dans un zapateado étourdissant
et que le cheval lui fit face, comme pour l'accompagner et l'encourager au travers de sa présence bienveillante.
Puis, deux chevaux blancs s'élancèrent sur la piste, sous la houlette de
Sandrine; ils réalisèrent des chorégraphies poétiques dans une ambiance
vaporeuse. Le spectacle se poursuivit par un numéro de trapèze, un autre beau
moment qui émerveilla le public. Par la suite, du jonglage exécuté par les fils
de Joseph Bouglione alternait avec des danses Flamenco et du Rajasthan,
la musique envoutait les sens, les cœurs palpitaient, les yeux s'écarquillaient,
les mains battaient en cadence, et lorsqu'un cracheur de feu illumina la piste,
le jeune public fut fasciné par ces flammes et par ce personnage tout droit
sorti d'un conte du Bengale. Le spectacle se termina par une fête gitane
où musiciens et danseurs effectuèrent une improvisation qui inonda le
chapiteau d'une belle énergie communicative. Ce fut une soirée mémorable!
Faire frémir susciter l'admiration, tel est l'audacieuse vocation des
artistes du cirque Bouglione
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Remerciements aux
artistes, à toute l'équipe du Cirque Bouglione et à Véronique Doric de
"Sons du Monde"