"Flamenco, république et guerre civile": un témoignage poignant sur le sort des artistes Flamencos engagés de cette époque.
Sous la houlette du Flamencologue Juan Vergillos et pendant deux
soirées consécutives, un
récital conférence a rassemblé
le public parisien dans la
chaleureuse peña Flamenco en
France. Intitulé
"Flamenco, République et guerre
civile: témoignage", ce
spectacle-conférence était
soutenu par le somptueux chant
de Rocio Marquez et par la
guitare de Pedro Barragan.
Juan Vergillos,
écrivain et directeur artistique
de ce récital conférence est
aussi un Flamencologue averti dont le
parcours professionnel est
jalonné de récompenses telles
que
le "Premio Nacional de
Flamencologia" qu'il a obtenu
récemment. Juan est aussi
journaliste, auteur d'ouvrages
sur le Flamenco, de nouvelles,
d' essais, de poèmes et de letras Flamencas.
Depuis plusieurs années, il parcourt l'Europe et
le continent américain pour distiller
son savoir et son talent de
narrateur au travers des
spectacles qu'il dirige ainsi
que des conférences ou des
stages qu'il anime. Lors de ce
récital conférence, Juan Vergillos évoquait
l'expansion du Flamenco en
Espagne, dans la 2ème
république, ainsi que les
moments douloureux vécus par les
artistes Flamencos, notamment à
l'arrivée du franquisme. Au travers des textes en
espagnols, des photographies et
des documents sonores surtitrés
en français, Juan Vergillos
relatait
l’engagement politique des
artistes flamencos dans cette
période de l'histoire et précisait les
conséquences que cet implication a pu
engendrer. Au cours de son
récit qu'il
menait avec beaucoup de verve et
d'esprit,
Juan
ravivait aussi la mémoire des
artistes Flamencos tels que
Chato de La Venta, Angelillo,
Canalejas de Puerto Real,
la Argentina et Carmen Amaya
qui, par leur engagement
pour la cause républicaine,
vécurent l'exil où furent des martyrs. La chanteuse
Rocio
Marquez ponctuait le récit de
Juan par des chants Flamencos et
républicains, accompagnée par
les accords de guitare de Pedro Barragan. Avec sa voix cristalline
et pleine de nuances, Rocio
Marquez interprétait avec
maestria les
chants les plus caractéristiques
de cette époque comme ceux del
Chato de la Venta, Chacon, Marchena
et Pastora Pavón.
Articulée en 3 actes, la première partie de la conférence évoquait l'enthousiasme républicain du début, celui que l'on retrouvait dans les Fandangos des années 20 et 30, et qui étaient interprétés par les grandes figures du genre telles que Manuel Vallejo, Corruco de Algeciras, Chato de las Ventas... La deuxième partie évoquait le désenchantement qui atteste la période de tensions politiques et sociales qui jaillirent par la suite. Rocio Marquez interpréta alors une Saeta de Niño de Marchena, dont les letras sont un témoignage des tensions qui régnaient en Espagne à cette période. La troisième partie de la conférence relatait le désastre que la guerre civile engendra et comment les Flamencos vécurent cette phase. Pour illustrer cette période de l'histoire, Rocio interpréta une Malagueña de Juanito Valderrama. Sa virtuosité technique, son talent et l'émotion qu'elle exprimait dans son cante donnaient le pellizco. Rocio Marquez avait soutenu quelques mois auparavant les mineurs espagnols de Santa Cruz del Sil, en Espagne, en les rejoignant dans la mine pour défendre leur cause en chantant une Minera. C'est dire combien sa présence avait un sens profond, lors de cette soirée. Notons que cette magnifique chanteuse avait reçu en 2008 le prix prestigieux de la Lámpara Minera et qu'elle va sortir son premier album intitulé "Claridad", opus qu'elle a enregistré aux cotés du grand guitariste Alfredo Lagos. Saluons aussi le talent du jeune guitariste barcelonais Pedro Barragan qui a su accompagner merveilleusement le récit de Juan et le cante de Rocio, insufflant avec beaucoup de sensibilité l'âme de l'époque.