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Reportage:
Le XXVIII
ème
Festival 'Arte Flamenco' de Mont de Marsan:
une édition sublime!
Texte: Isabelle Jacq Gamboena
Photos: Alain Jacq
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Edito
A l'heure où les
coupes budgétaires nous privent de la qualité de certains
évènements culturels, nous pouvons nous réjouir du fait que le
Festival Arte Flamenco ne faiblit pas devant ce contexte de crise économique
et que, malgré tout, il continue à offrir au public une
programmation Flamenca d'une qualité époustouflante. Cette
année, la 28 ème édition d'Arte Flamenco de Mont de Marsan s'est
déroulée du 4 au 9 juillet , transformant la ville montoise en
capitale du monde Flamenco, investissant tous les lieux de la
ville: les salles de spectacles, les rues, les bars, les
musées et même les hôpitaux et les prisons.
Organisée, comme chaque
année, par le Conseil Général des Landes, et proposant une
sublime programmation artistique signée Sandrine Rabassa, le
Festival Arte Flamenco a mis à l'honneur, une nouvelle fois, les
trois piliers du Flamenco que sont le chant, la danse et
la musique, en programmant, tout au long de la semaine, les plus
grandes figures du Flamenco. Concernant les musiciens, les
guitaristes Santiago Lara, Pepe Habichuela et le pianiste Dorantes
ont ébloui le public lors de cette semaine magique. Parmi les
icones de la danse, Sara Baras, Belen Maya, Antonio El Pipa,
Antonio Canales et Joaquin Grilo étaient sur la scène montoise
pour le plus grand bonheur du public. La jeune danseuse Patricia
Guerrero a été aussi très remarquée dans son spectacle au Café Cantante.
Concernant le chant, El
Pele et José Valencia ont fait partie de ceux qui ont illuminé cette édition, avec leur
talent véritable.
La soirée de clôture s'est déroulée en beauté avec la Compagnie
Flamenca Cordança Alvaro Paños et Carmen Manzanera. |
En parallèle de cette magnifique programmation payante sur la
scène du Café Cantante ou l'Espace François Mitterrand, une
programmation artistique gratuite et de grande qualité
était proposée, à partir de 18h30 ou en soirée sur l'esplanade
du Midou et sur la Place de l'Hôtel de Ville. Cette année
encore, plusieurs talentueux artistes ont fait
vibrer le cœur du public: le guitariste Samuelito, les danseuses
Lori La Armenia et Lea Llinares, le danseur Yacin Doudi, les
cantaores Jesus de la Manuela et Emilio Cortes.
Provenant d'Andalousie, Le danseur Yvan Vargas et la danseuse
Manuela Rios participaient aussi à cette programmation de rue.
Des scènes amateurs des scènes ouvertes, un festival Off dans
les cafés et les restaurants, des rencontres, stages,
expositions, conférences, projections de films ont complété
cette belle programmation qui a réunit un public très
nombreux et de tous âges, tout au long du Festival.
Retour sur cette édition
exceptionnelle, pleine de belles surprises et de moments placés
sous le signe du duende!
N.B.:
Nous relatons uniquement les évènements auxquels nous avons
assistés |
1ère partie
: Pepe Habichuela
Noche de maestría y poesía :
Cafe Cantante à
20h
Distribution:
Guitare :
Pepe Habichuela
Pepe Habichuela: la substantifique
moelle
du Flamenco de grenade
C'est la dynastie des Habichuela qui était à l'honneur lors de cette
première partie de "La nuit de la maestria et poesia", sur la
scène du Café Cantante. Provenant
de Grenade, le grand guitariste Pepe Habichuela a rendu un hommage
à son frère Juan Habichuela, illustre guitariste qui nous a quitté
récemment. Pepe Habichuela faisait vibrer les cordes de sa guitare avec
gravité; Il interpréta plusieurs palos qu'il dédia à son frère,
véritablement touché par la perte récente de celui-ci, et le public était en communion profonde avec lui. Un silence
épais s'était installé dans la salle, tandis que Pepe Habichuela livrait
la substantifique moelle de son art au travers d'un concert solo.
Né en
1944, Pepe habichuela a commencé à jouer dans les grottes
du Sacromonte. Petit fils de Habichuela el Viejo, Fils de Tio José
Habicuela, frère de Juan, Luis et Carlos, Pepe est le père de José
Miguel Carmona, fondateur du groupe Ketama. Dans sa riche carrière
artistique, Habichuela a accompagné Pepe Marchena, Camaron, Enrique
Morente, Fernanda y Bernada de Utrera, Carmen Linares et bien d'autres
artistes encore. Pepe Habichuela accompagne magnifiquement le
chant, mais il sait toucher le cœur du public également lors des concert
solos, en atteste cette soirée au cours de laquelle il livrait une
musique dénuée de toute fioriture et pourtant pleine de nuances et très
expressive. Que dire lorsqu'il interpréta une seguiriya aux cotés d' El
Pele qui l'avait rejoint pour interpréter ensemble un thème dédié à son
frère Juan? C'était bouleversant, poignant de beauté et de profondeur!
2e partie: Patricia Guerrero et "El Pele"
Cafe Cantante à
22h
pour El Pele: Chant : El Pele;
Guitare : Severiano Jimenez Flores
El Pele: Générosité et Maestria
La magnifique rencontre qui avait eu
lieu entre
la
chanteuse gaditane Encarna Anillo et le chanteur gitan de Cordoue,
Manuel Moreno Maya "El Pele", lors de la 26eme édition d'Arte Flamenco
était encore présente dans les esprits lorsque El Pele apparait sur la
scène du Café Cantante. Au rythme d'une
Solea qu'il dédie à tous les artistes d'Arte Flamenco et plus spécialement au danseur Antonio Canales, El Pele entre
dans la profondeur du chant, avec aisance et
maestria,
accompagné par le talentueux guitariste gitan de Cordoue
Severiano Jimenez Flores.
Ses lèvres se tordent, ses mains se ferment et ses doigts se crispent
tandis que sa voix à la fois puissante et ronde diffuse un chant profond, pur et entier.
Issu d'une famille
humble bercée par le chant, El Pele a manifesté très tôt des capacités
de cantaor; C'est donc très jeune qu' il commence à chanter dans
les rues, les tablaos et les férias de la ville, d'abord pour subvenir aux besoins de sa famille,
puis par vocation. Animé par l'amour
du cante, il conquiert
très rapidement le
cœur du public. En
1983, il remporte deux premiers prix au concours national de Cordoue en
Soléa et en Bulerias. Sa participation dans les années 80 aux albums
tels que 'La fuente de lo
jondo' et 'Canto' enregistré avec le guitariste
Vicente Amigo vont marquer ses débuts discographiques et vont lui
apporter une reconnaissance internationale. Depuis, il navigue dans les
plus grandes scènes internationales, et surprend toujours le public par sa
capacité à innover et
sa parfaite maîtrise de tous les palos autant festifs que
profonds, en atteste ce récital où il passe avec une aisance extrême
d'un cante por Solea a une Alegria en choisissant, de
surcroit, de l' interpréter sans micro.
Par sa chaleureuse
présence, sa générosité et sa voix d'une musicalité exceptionnelle,
El Pele bouleverse et captive le public. A la fin du récital, c'est dans
un élan commun que le public montois lui fait, une nouvelle fois, une
standing ovation.
Distribution:
Baile : Patricia Guerrero; Cante : José
Valencia; Guitare : Juan Requena; Palmas : Manuel
Valencia
Quand le talent n'a pas de limites...
"La noche de maestria y poesia" se poursuit avec
la grenadine Patricia Guerrero. La venue de cette jeune danseuse au
Festival Arte Flamenco avait eu lieu, la première fois, il y a 11 ans,
avec Mario Maya, puis avec le Ballet Flamenco de Andalucia dans le
spectacle "Metafora", en 2012. Ce soir , le public l'attend de pied ferme
puisque c'est la première fois qu'elle se présente seule sur scène.
Encore toute imprégné du cante d'El Pele, le public voit
apparaitre la jeune danseuse qui s'installe aux
cotés du cantaor José Valencia et du guitariste Juan Requena. Le
chant puissant et déchirant de José Valencia emplit l'espace, au rythme
d'une Seguiriya. Vêtue d'une longue robe noire, Patricia Guerrero ferme
les yeux, écoute le chant. C'est alors qu' elle se lève, s'avance,
Gracieuse et féline; elle emporte le public dans
une chorégraphie d'une fluidité et d'une précision extraordinaires. Sa
danse est à la fois traditionnelle et novatrice. Elle
avance, tourne, retient ses mouvements avec un aplomb exceptionnel, reprend ses braceos, s'arrête,
plonge son regard qui brille de mille feux vers le public, puis tourne
la tète et martèle le sol de ses zapateados foudroyants. Le public retient
son souffle, captivé par ce tourbillon d'énergie à la fois sauvage et
maitrisé, par la puissance qui
émane de cette danseuse au talent hors du commun.
Son parcours artistique
a commencé lorsque, à seulement 3 ans, sa mère Maria del Carmen
Guerrero l'inscrit dans l'académie qu'elle dirige. Par la suite, elle
forge son art avec les maestros tels que Mercedez Ruiz, Eva la
Yerbabuena, la Presy, Juan Andrés maya, pour ne citer qu'eux. Elle danse
pour Mario Maya et Carlos Saura et remporte quelques prix prestigieux. A
26 ans, elle est désormais considérée comme l'une des grandes
figures de la danse. Le spectacle se poursuit por Solea avec le
cante du grand chanteur José Valencia qui emporte le public dans la
gravité et la profondeur de ce palo. Puis Patricia Guerrero
revient, tout de blanc vêtue et, en faisant tournoyer son manton,
elle interprète une Alegria, avec une gestuelle sensuelle et
épurée. Patricia illumine la scène et hypnotise le public. Le spectacle se termine avec une
formidable fin de fiesta qui rassemble tous les musiciens ainsi
que Pepe habichuela, José Valencia et El Pele. Un grand moment
Flamenco!
1ère partie
: José Valencia
- Directo {cante}
Café Cantante à 20 h
Distribution:
Chant
: José Valencia; Guitare : Juan
Requena, Manuel Parrilla;
Palmas :
Juan Diego Valencia, Manuel Valencia
José
Valencia au sommet de son Art!
Le Festival Arte Flamenco,
c'est aussi une grande famille Flamenca dans
laquelle certains artistes grandissent avec
celui-ci. C'est le cas du talentueux chanteur José
Valencia que l'équipe d'Arte Flamenco a surnommé El
Niño (l'enfant) car, depuis 1992, il revient
régulièrement dans la programmation du Festival,
souvent en cantaor pa' trás, c'est
à dire en tant que chanteur qui accompagne la danse,
comme nous avons pu le constater lors de la soirée
précédente. Ce soir, le public a le bonheur
d'assister à un récital dans lequel José Valencia
est à l'honneur en tant que chanteur palante
et c'est avec maestria qu'il occupe le devant de la
scène durant toute cette représentation. Le décor de
scène constitué d' une table et de quelques chaises
évoque les tablaos andalous dans lesquels les
soirées flamencas se prolongent parfois
jusqu'à l'aube. Pour donner le meilleur de lui-même,
José Valencia sait s'entourer d'excellents
musiciens. En effet, Manuel Parilla provient
d'une famille de guitaristes de Jerez et Juan
Requena est aussi un très bon musicien maitrisant
autant l'accompagnement de la danse que celui
du chant. Pour les palmas, il est accompagné
de certains membres de sa famille: Juan Diego
Valencia et Manuel Valencia.
Natif de Lebrija d'où
est issu le défunt cantaor El Lebrijano,
Jose Valencia a aussi des liens de parenté avec des
familles de gitans de la ville voisine Jerez de la
Frontera. Comme dans beaucoup de familles
Gitanes Flamencas, le Flamenco se transmet de
génération en génération et au contact de
maestros dans les soirées privées, les fêtes de
familles ou dans les tablaos. De ce fait, José
Valencia a, lui aussi, reçu le cante en
héritage. Au travers d'un choix subtil de poèmes et
de letras populaires, José Valencia
interprète plusieurs palos,
exprimant toute une palette de sentiments, de
la douleur la plus profonde de la Seguiriya a
la joie et la frénésie de la Buleria.
Les musiciens frappent le rythme sur la table avec
les points tandis que José Valencia exprime le
quejio, cette plainte gitane, si caractéristique
du cante jondo.
La voix puissante et pure de José Valencia en fait
l'un des
cantaores
incontournables du Flamenco actuel, en témoigne les
nombreuses récompenses qu'il a obtenu, notamment
celle
du "Giraldillo del
Cante" lors de la Biennale de Flamenco de Séville,
en 2012. Son chant poignant et profond bouleverse le
public et provoque la chair de poule! quelle soirée
grandiose!
2e partie: Antonio Canales et Joaquín Grilo - Soniquetazo
{Rencontre Arte Flamenco}
au Café Cantante à 22h
Distribution: Baile :
Antonio Canales, Joaquín Grilo; Chant : El Londro,
El Galli, Gabriel de la Tomasa, Fabi; Guitare
: Paco Iglesias, Juan Requena; Percussions : José
Carrasco, Ané Carrasco
Palmas : Carlos Grilo, Diego Montoya
Antonio Canales et Joaquín Grilo ont
rendez-vous avec le duende!
Pour la deuxième partie de la soirée, deux
monstres sacrés de la danse se sont donné rendez vous sur la scène
du Café Cantante: Antonio Canales et Joaquin Grilo. Le mundillo se
souvient avec beaucoup d'émotion de la rencontre que Sandrine
Rabassa, la directrice artistique du Festival Arte Flamenco, avait
organisée entre Antonio Canales et Manuela Carrasco, sur la scène
montoise, en 2014. Canales avait dansé avec le duende "collé"
à ses chaussures. Ce soir, y aura-t-il la même alchimie entre
Canales et Grilo? l'attente du public est donc très forte
lorsque ces deux maestros s'avancent sur la scène, suivis de
cinq chanteurs et de sept musiciens.
Antonio Canales est natif de
Séville. Issu d'une famille d'artistes, il maitrise la danse mais il
est aussi un showman.
Son style personnel est fortement empreint de danse classique. Il
est aussi l'un des premiers artistes à avoir exporté le Flamenco
moderne sur les scènes du monde entier. Quant à Joaquin Grilo,
faut-il rappeler que ce danseur natif de Jerez a été le danseur et
percussionniste du légendaire Paco de Lucia dans les années 90?
Grilo et Canales se lancent dans
un duo por bulerias, faisant tournoyer des foulards de
couleur noués au poignets. Déjà le public s'embrase
devant le talent de ces danseurs et leur manière si naturelle de
captiver le public. Un simple mouvement de leur part suffit pour que
le temps suspende son vol et que la terre s'arrête presque de
tourner! Tandis que la musique et le chant attisent ce
brasier incandescent, un très beau passage rythmique apporté
par les percussionnistes José Carrasco et Ané Carrasco ainsi que par
les palmeros Carlos Grilo, Diego Montoya annonce une nouvelle
étape. En effet, à ce moment là, au travers de leur danse, Canales
et Grilo semblent invoquer les dieux pour qu'une pluie de
bénédiction se répande sur la scène et dans la salle. Se laissant guider par leur
fantaisie et leur sens de l'improvisation alliée à une parfaite
connaissance du baile Flamenco, Canales et Grilo hypnotisent le
public. Puis, chaque danseur intervient tour à tour,
interprétant divers palos tels que la Buleria, Alegria et
Solea,
portés par la voix des talentueux cantaores El Londro,
El Galli, Gabriel de la Tomasa et Fabi et par les musiciens. En
bouquet final, Canales et Grilo reviennent sur scène et dansent à
nouveau ensemble. Le Duende était là aussi pour les
applaudir!
Spectacle de rue
Esplanade du Midou à 18 h 30
(photos prochainement en ligne)
Cristian Guerrero, Dorantes et Diego del Morao
(artistes invités)
Promesas del flamenco {cante}
au Café Cantante à 20h
Cristian Guerrero: jeune cantaor au talent
prometteur
Distribution: Chant :
Cristian Guerrero; Percussions : Los Mellis;
Guitare : Manuel de la Luz, Diego del Morao;
Piano : Dorantes
Depuis plusieurs années, Sandrine Rabassa met
un point d'honneur à inclure quelques jeunes talents dans la programmation
artistique, en leur donnant la possibilité de se produire non
seulement dans les
meilleures conditions mais aussi aux cotés de grandes figures du Flamenco.
C'est ce que nous constatons dans la première partie de cette
soirée qui est consacrée au jeune
chanteur barcelonais Cristian Guerrero; celui-ci va partager la scène avec
le génie du piano Flamenco, David Peña Dorantes, et le grand guitariste Diego el Morao,
en artistes invités. Une soirée qui s'annonce palpitante d'autant plus que Cristian Guerrero, chanteur dont
la vocation ne provient pas d' une transmission familiale, vient
d'enregistrer un album chez Universal Music, opus dans lequel Dorantes,
Arcangel, Antonio Rey, Diego del Morao et Manuel Parilla
ont collaboré. Autant dire que ce jeune prodige est sur
une belle lancée!
Cristian débute par un chant festif accompagné par ses excellents
musiciens et palmeros. Sa chemise blanche dont il a retroussé
les manches laisse apparaitre ses bras tatoués et ses pectoraux
travaillés. Un visage aux traits réguliers, une barbe rasée de près,
voila le portrait de ce jeune premier débordant d'énergie et d'envie
de conquérir le public montois. Cristian Guerrero interprète les thèmes de
son nouvel
album et fait preuve d' une belle aisance sur scène. il enchaine
por tangos, rythme soutenu de plus belle par ses palmeros
et musiciens. S'en suit un passage musical mettant en avant les
sublimes mélodies des guitaristes Diego el Morao et Manuel de
la Luz. Le spectacle se poursuit avec un solo musical de Dorantes, artiste dont la belle présence, la sensibilité et le
talent ne sont plus à prouver. Cristian Guerrero revient sur scène et
interprète une Sévillane puis une Solea, en duo avec Dorantes. Quel
moment magique d'autant plus que Cristian avait dédié cette chanson
a ses parents, tous deux disparus! Cette Solea composée par Dorantes
fait partie des trois petits bijoux qu'il a composé et qui figurent
dans l'album de ce jeune espoir du cante. Au contact des accords de
musique de Dorantes, la voix de Cristian prend un éclat particulier.
Douce, profonde et pleine de nuances, elle plante son dar dans
notre cœur avec une puissance hors du commun. Assurement,
Dorantes sait mettre en lumière le meilleur de chaque artiste. Le public est conquis! Le récital se termine par un cante por
bulerias accompagné par les guitares, les percussions et les
palmas.
2e partie: Antonio
El Pipa, Esperanza Fernández, et Dorantes (artistes invités)
Gallardía Gitanería {baile}
Gallardía Gitanería: un message
d'espoir et de résilience
Distribution: Chant :
Esperanza Fernández, Felipa del Moreno, Sandra Zarzana
Baile : Antonio El Pipa;
Corps
de baile : Ofelia Márquez, Cristina Vidal,
Laura Begines Durán, Fabiola Barba, Celia Martínez,
Margarita Ruiz de Castro, Pilar Ramírez, Vanesa Reyes;
Guitare : Juan José Alba, Javier Ibáñez;
Piano : David Peña Dorantes
La deuxième partie de la soirée est
consacrée plus particulièrement au danseur de Jerez Antonio
El Pipa. Il y présente sa création "Gallardia Gitaneria"
(Bravoure et noblesse Gitane) avec sa compagnie constituée de huit
danseuses, de deux chanteuses et deux
guitaristes. Dorantes et la grande chanteuse Esperanza Fernandez
interviennent en tant qu'artistes invités. Petit-fils de la célèbre
danseuse Tia Juana la del Pipa, Antonio el Pipa s'est formé dans son
propre environnement familial. Il intègre très tôt les formations
artistiques de sa ville natale, Jerez. Au fil de sa carrière déjà
riche,
il collabore avec de nombreuses compagnies comme celles de
Morao, Cristina Hoyos, La Tati, Lola Flores et côtoie les plus
grands artistes de cet art. Antonio est considéré
à juste titre comme l'héritier du baile Gitan le plus pur et
le plus authentique. Dans cette nouvelle
création qu'il dédie à tous ceux qui vivent dans l'adversité et (ou)
qui ont réussi à dépasser les épreuves de la vie,
Antonio El Pipa rend hommage au peuple Gitan dont il est issu et
dont il est fier.
Au travers de 8 tableaux, Antonio El Pipa raconte
l'histoire du peuple Gitan qui (faut-il le rappeler?) a
vécu le rejet, les camps de concentration et la misère. Dans des
costumes qui évoquent la tragédie, Antonio el Pipa et le corps de
ballet dansent la douleur et l'horreur tandis que Dorantes
interprète "Gelem Gelem", l'hymne du peuple Gitan, aux cotés de la
chanteuse gitane Esperanza Fernandez. Plongé dans la tragédie de
l'histoire de ce peuple, au travers de ces
notes noires comme ces nuits sans lune ni étoiles, Dorantes,
Esperanza et Antonio el Pipa bouleversent le public. Ces trois
artistes racontent chacun dans sa discipline artistique, l'histoire
de leurs ancêtres, l'histoire de ce sang qui coule dans leur veine.
Tout au long du spectacle, Antonio El Pipa témoigne d'une grande
maitrise de son art en tant que danseur, chorégraphe et dirigeant de
sa compagnie. La diversité des chorégraphies et des costumes,
l'alternance de solo et de moments plus étoffés en artistes
apportent une belle diversité à l'ensemble.
Au
moment où Dorantes interprète son magnifique thème "Orobroy" dédié
au peuple Gitan, aux cotés de la sublime chanteuse Esperanza
Fernandez, d'Antonio El Pipa et du corps de ballet revêtant
des costumes somptueux et très élégants, le message est très clair:
On peut sortir de la tragédie et nous devons aider les gens qui en
ont besoin à en sortir. Les paroles d'Orobroy renforcent ce message
d'espoir: "Cuando escucho la vieja voz de mi sangre que canta y
llora recordando pasados siglos de horror, siento a Dios que perfuma
mi alma y en el mundo voy sembrando rosas en vez de dolor." (Quand
j'écoute la voix ancienne de mon sang qui chante et pleure se
rappelant l'horreur des siècles passés, je ressens que Dieu
parfume mon âme et, au lieu de semer la douleur dans le monde, j'y
sème des roses "). Avec ce très beau message d'espoir et de
résilience porté par de très grands artistes, le spectacle touche à
sa fin. Saluons le talent d'Antonio El Pipa et de chaque artiste qui
a livré son art avec Maestria, authenticité, intégrité et passion.
Bravo à tous!
Vivencias- Spectacle de Lori la Armenia
à la Bodega, à 21h
Distribution:
Lori La Armenia, danse; Melchior Campos, chant;
Jesus de la Manuela, chant; Ana Barba, chant;
Dani Barba, guitare; Daniel Torres, percussions;
Artyom Minasyan, Duduk, Aurélie Gallois, Violon
Photo:
Claudio Rey
(article et
photos prochainement en ligne)
"Compagnie
Flamenca Cordança Álvaro Paños y Carmen Manzanera
Romero de Torres : el Alma de Andalucía {baile}
Dîner-spectacle
au Café Cantante, à 20h
Distribution:
Direction artistique et chorégraphie : Álvaro
Paños et Carmen Manzanera avec la collaboration de Rubén
Olmo
Baile : Álvaro Paños, Ángel Reyes,
Alejandro Rodríguez, Lorena Franco, Verónica Llavero,
Carmen Manzanera
Chant : José del
Galli
Percussions : Javier Rabadán
Guitare : Luis Medina
Piano : Alfonso Aroca
L'âme de l'Andalousie sur la
scène montoise
Pour terminer en beauté cette édition d'Arte Flamenco,
la soirée de clôture s'est déroulée sous la forme
d'un traditionnel diner dans
la salle du Café Cantante. Très raffiné, le diner crée avec le concours de François
Duchet, chef étoilé du restaurant "Un Air de Campagne" à
Mont-de-Marsan en partenariat avec la Maison Paris était
largement à la hauteur du spectacle "Romero de Torres"
de la Cie Cordança d'Alvaro
Paños et Carmen Manzanera, programmé ce soir
là.
Un corps de ballet constitué de 6 danseurs,
du chant,
des percussions, un piano et une guitare, tels sont les
ingrédients utilisés dans ce spectacle pour évoquer
l'œuvre picturale de Julio Romero de
Torres, célèbre peintre cordouan du 19eme siècle. Le
spectacle débute par une Solea magnifiquement
interprétée par le cantaor Jose del Galli puis la
compagnie au complet se lance dans numéro de
percussions. Plusieurs scénettes et ambiances se
succèdent pour exprimer à la fois l'âme humaine et l'âme
de l'Andalousie si présente dans l'œuvre de Romero de
Torres: La religion, les traditions, la mort, la vie,
la passion, la jalousie, le drame, la joie...
La mise en musique et en mouvement des
tableaux du peintre de l'âme de l'Andalousie est
subtile, d'autant plus qu'il n'y a aucun visuel de ses
œuvres sur scène. Au travers de leurs chorégraphies, les
artistes qui emportent le public dans un éventail
d'émotions. Certains solos sont très remarqués
comme celui d'Alvaro
Paños. Disciple privilégié de Javier Latorre, Alvaro
danse d'une manière très personnelle. Nous remarquons
aussi le l'allure altière et la finesse de la danse
d'Angel Reyes, ainsi que le talent des danseuses Carmen Manzanera
et Veronica Llavero. Le cantaor José del
Galli interprète un répertoire de chants
populaires et de musiques dont les palos font
alterner des rythmes festifs avec d'autres passages plus
sombres et mystérieux comme l'évocation de la
femme cordouane livrée à la dualité entre le sacré et le
profane. Parfois des enregistrements sonores de
fontaines et de chants d'oiseau, ou encore
de carrosses et de chevaux renforcent l'évocation de la
ville andalouse de Cordoue. L'esprit du peintre est
présent en filigrane tout au long du spectacle et plus
particulièrement, vers la fin, lors de l'évocation du
tableau "Cante jondo" où se mêlent des sentiments
douloureux, forts et passionnels, concluant un spectacle
riche en émotions et en sensations.
Maestros
"Mercedez
Ruiz"
à la Bodega à 23h30
Festival dans la ville:
Comme chaque année, le
Festival Arte Flamenco
investit tous les lieux de la ville au travers des
spectacles,
Soirées Bodega, flamenco de rue, spectacle jeune public,
Festival off dans les cafés, restaurants, librairies.
Rappelons que les spectacles y sont gratuits et que
cette programmation
permet de donner une place aux artistes de haut niveau ainsi qu'
aux compagnies
amateurs. Ainsi, à
partir de 21h sur
la scène de la
Bodega, nous
pouvions découvrir
ou revoir les
spectacles des
artistes et
compagnies suivants:
le talentueux guitariste Samuelito, la compagnie Lea
Llinares, Yacin Doudi "Moreno", la Cie La Pescaora, la
Cie de la grande danseuse Lori La Armenia, les grands
chanteurs Jesus de la Manuela et Emilo Cortes.
Sur l'Esplanade du Midou,
la compagnie Ivan Vargas et la Cie Manuela Rios étaient programmés
pour le plus grand bonheur du public qui a bénéficié de
surcroit d'une belle semaine ensoleillée, profitant
ainsi entièrement de ces spectacles en plein air.
Cette année encore, des scènes amateurs,
ateliers et scènes accueillaient tout au long de la
semaine un public très nombreux. Cinéma, exposition,
conférences et tables rondes agrémentaient cette riche
programmation. Arte Flamenco est aussi venu à la
rencontre du public à l'hôpital Sainte Anne avec la compagnie
Laura Vital et à la
Crèche Barbe d'Or avec Cie flamenca pratique amateur de
L'Atelier flamenco Soledad Cuesta. C'était donc une semaine Flamenca
bien remplie pour tous!
Stages de compás, palmas, cajon, baile, guitare, chant:
Du lundi 4 au samedi 9 juillet, les
stagiaires ont suivi avec beaucoup d'enthousiasme les
stages de
danse, chant, guitare ou percussions proposés par Arte
Flamenco. Organisés en partenariat avec le Taller
Flamenco de Séville, 23 cours par jours étaient
dispensés par des professeurs renommés, parmi lesquels
nous citerons le célèbre
Antonio Canales qui a animé une Master-Class de baile.
Des conférences :
Dans le cadre des
conférences de Presse, plusieurs
rencontres avec les artistes ont eu lieu
durant toute la semaine; ces moments ont
permis un échange entre les artistes,
les journalistes et le public. Un autre moment d'échange
avec le public avait
été programmé aussi avec El Pele,
Patricia Guerrero et Antonio Canales,
après leur spectacle. Soulignons qu'un
des privilèges que le Festival Arte Flamenco octroie au public, c'est
de pouvoir lui offrir la de rencontrer les artistes dans
la journée, ou en soirée, car, en plus
des rencontres programmées, ils
passent souvent plusieurs jours à Mont
de Marsan et nous pouvons croiser ces artistes
très régulièrement, dans la ville.
Des rencontres et tables rondes
Diverses rencontres étaient proposées
lors de cette édition d'Arte Flamenco. Ci-dessous, nous
évoquons celles auxquelles nous avons participé:
"L'œil de la letra. Solea", conférence concert
de José Sánchez et Alberto Garcia
Les éditions "L’Entretemps-Octavibe"
dirigées par Philippe Grand inaugurent une série
sur le Flamenco avec des ouvrages à la fois
pédagogiques et des outils d'entrainement pour
les musiciens et aussi pour les aficionados.
"Solea" constitue le
premier volume de la
série "L'œil de la letra" . Dans ce recueil,
l'auteur, José Sanchez, focalise son attention
sur la Solea, style de cante plein
de nuances. Cet ouvrage est agrémenté d' un Cd
dans lequel Alberto Garcia interprète des chants
avec et sans accompagnement de la guitare,
permettant ainsi d'illustrer vocalement et
musicalement le contenu du livre. Pour présenter
cet ouvrage paru récemment, José Sanchez a animé
une conférence-spectacle à l'auditorium de la
médiathèque du Marsan, accompagné par le
chanteur Alberto Garcia.
Guitariste, titulaire du Diplôme
d’État de professeur de musiques
traditionnelles, José Sanchez enseigne à
Toulouse. Spécialiste virtuose et attaché à la
qualité de la transmission de sa culture, il
explore les zones de contact entre Flamenco,
musique classique et courants contemporains.
Résident à Toulouse, c'est dans cette ville
aussi qu'il enseigne la guitare, le cajón,
la théorie et les palmas à
la Fábrica
Flamenca, école de Flamenco crée
avec sa compagne, la grande danseuse Stéphanie
Fuster. ( voir le site web:
http://www.lafabricaflamenca.com )
Qu'est ce que la Solea,
qu'elles sont les manières de l'organiser?
quelles sont les différentes formes
poétiques et mélodiques inhérentes à ce style?,
quel est le lien entre ces deux formes et
l'impact de ces deux formes entre elles? telles
sont les questions auxquelles José Sanchez a
répondu lors de cette rencontre avec le public,
à l'auditorium de la Médiathèque du Marsan,
tandis que José Garcia chantait par
ponctuellement, pour illustrer ces propos. Le
livre, quant à lui, offre au musicien les
sources textuelles des chants, leurs
traductions, des grilles d’accompagnement, des
partitions ainsi que de nombreuses explications
et analyses. Un ouvrage d'une grande qualité
pédagogique et une véritable mine d'or pour tous
les aficionados!
José
Sánchez
dédicaçant son
ouvrage, à l'issue de la conférence:
José Sánchez et Alberto Garcia:
Flamenco et littérature: un infini dialogue:
Conférence animée par
Jean-François Carcelén, professeur de
littérature espagnole contemporaine à
l'Université Grenoble-Alpes.
Arts visuels
Cinéma
Trois films incontournables sur
le thème du Flamenco étaient programmés
gratuitement au Cinéma Le Royal: "Flamencas:
mujeres, fuerza y duende", de Jonathan
Gonzalez et Marcos Medina, "Paco de Lucia,
légende du Flamenco", réalisé par son fils
Curro Sanchez Varela, et "Agujetas cantaor"
de Dominique Abel.
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Expositions:
Arte
Flamenco accorde
toujours une
place importante aux
arts visuels et aux
artistes contemporains.
Cette année, cinq expositions étaient
accessibles dans plusieurs lieux culturels de la
ville. En effet, l'exposition Brindis du
photographe Cyrille Vidal présentant des
photographies taurines avait lieu à la réserve.
Intitulée "Arte Flamenco vu par 7 photographes",
cette exposition réunissait les clichés
photographiques de ceux qui avaient participé au
stage photo encadré par Jean-Louis Duzert.
Cette
exposition avait lieu à la librairie Caractères
et à l'atelier du cadre. Les très beaux
portraits croqués de Denis Demouge étaient
exposés à l'Office de tourisme, le temps du
Festival.
"Flamenco, Código abierto", exposition photos de
Javier Caró au Musée Despiau-Wlérick.
Exposition en partenariat avec la
Junta de Andalucia
Photos d'Olivia Pierrugues, au Cercle des
Citoyens
Intitulée "Querencia",
cette exposition de la jeune photographe
Olivia Pierrugues nous plongeait dans l'ambiance
des bars et des rues montoises lors des
éditions précédentes d'Arte Flamenco.
Exposition "Como se dice", photographies de
Laura Mouilié, à la librairie Bulles d'encre:
Cette année, la photographe Laura Mouilé est
l'auteur de la superbe affiche d'Arte Flamenco.
Une exposition lui était consacrée à la
librairie Bulles d'encre. On pouvait
découvrir une série de photographies du Festival
Arte Flamenco prises en 2014 et en 2015. Un
magnifique travail qui mérite cette mise en
avant!
Des stands
de qualité:
Présents sous le
chapiteaux, au village, plusieurs créateurs
sélectionnés par Arte Flamenco présentaient leur stand d'accessoires, habits et chaussures Flamencas.
De quoi faire nous faire plaisir et penser aux
prochaine cadeaux de Noel:
Karine, créatrice de la marque "Vent de
Bohème", devant son stand de magnifiques
éventails. ( pour plus d'informations voir le
site web:
http://ventdeboheme.com/fr
)
Chaussures de
marque Senovilla:
Le créateur
présentant les chaussures du danseur Antonio Canales(
Pour plus d'infos,
cliquer ici)
Nous clôturons ce reportage avec
les magnifiques dessins réalisés par Marc Dubos
avec son festigraphe, lors des spectacles de
cette édition d'Arte Flamenco:
Cliquer ici |
Visiter le site Web du Festival Arte Flamenco:
http://arteflamenco.landes.org
Remerciements aux organisateurs du Festival Arte Flamenco, plus
particulièrement à Antonia Emmanueli, François Boidron, Sandrine Rabassa, Lionel
Niedzwiecki, ainsi qu'à tous les
artistes qui ont enflammé le Festival. Merci à tous les aficionados et
artistes que nous avons eu le plaisir de revoir ou de rencontrer.
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