Nous attendions avec impatience la nouvelle représentation
du danseur Carlos Ruiz et c'est avec beaucoup d'émotions que
nous avons pu apprécier, lundi 4 novembre 2013, la qualité de sa création intitulée
"El Desvan", au vingtième théâtre, à Paris. Dans une salle
comble, ce danseur prodige a livré au public son histoire
personnelle au travers d'un spectacle qui rassemblait, sur
la scène, six artistes pleins de talent, dont la magnifique
danseuse Aurelia Vidal. Retour sur cette soirée vibrante
d'émotions.
"El Desvan"( "Le grenier") est le lieu privilégié pour
conserver des souvenirs d'enfance ou retrouver une histoire
familiale, et c'est aussi dans ce décor scénique crée par Régis Virot
que Carlos Ruiz a évoqué son lien d'amour avec sa grand-mère,
dans son spectacle éponyme. Femme inspiratrice qui est à l'origine de sa vocation de
danseur et dont la présence toujours tangible est incarnée par la
superbe danseuse Aurelia Vidal, sa grand-mère éclaire le
chemin de Carlos Ruiz, danseur formé au Conservatoire de Danse
espagnole de Valencia, au Conservatoire de Strasbourg
(classique, contemporain et jazz) puis à Madrid et à Séville
avec les grands maîtres du Flamenco actuel. Articulé en plusieurs
tableaux, le spectacle débute par le retour du jeune homme
dans le grenier et les souvenirs de son enfance qui émergent après
l'enterrement de sa grand mère. Au rythme d'une Seguiriya
magnifiquement interprétée par le chanteur Alberto Garcia,
accompagné par Stephen Bedrossian à la contrebasse, par Cristobal Corbel, à la guitare, par Cédric Diot
aux percussions, Carlos Ruiz danse la douleur et la solitude
qu'il ressent face à cette tragique disparition. Puis, c'est
au rythme d'un Fandango que l'espoir d'un rêve
nait. En effet, incarnant le fantôme de sa grand mère, Aurelia Vidal apparait sur scène et exécute avec
Carlos un duo poignant d'émotions. Rappelons que nous avions
déjà eu l'immense plaisir de voir Carlos et Aurelia danser
ensemble et nous
remarquions à chaque fois qu'une très belle énergie émanait
de leur danse harmonieuse et pleine de complicité. Ce soir
là, nous en avions à nouveau la preuve et c'est avec
délice que nous avons suivi les mouvements de ces danseurs
irradiant d'émotions,
accompagnés par des thèmes musicaux spécialement conçus pour
ce spectacle. Les textes signés Alejandro Ruiz et
magnifiquement chantés par Alberto Gracia exprimaient
aussi avec art toute la profondeur des sentiments que les
danseurs éprouvaient et traduisaient aussi dans leur baile: "Si
miro hacia las alturas, la luna esta illuminada, veo una
mirada pura, Mi abuelita esta sentada, Mirandome con ternura"
( "Si je regarde vers les cieux, La lune s'irise. J'aperçois
la pureté de ses yeux. Ma grand-mère est assise et me
regarde avec tendresse"). Puis les souvenirs et traditions
ont refait surface au rythme d'un Tango suivi d'une Solea
interprétée d'une manière sublime par Aurelia. Une Farruca, une
Nana et une Alegria se sont succédées, offrant ainsi un
large éventail d'émotions, passant de la douleur de la
disparition, de la mélancolie de l'absence à la joie des
retrouvailles dans le dernier tableau où la présence de la grand mère
qui guide les pas de son petit fils était symbolisée à
nouveau au travers du baile d'Aurelia: "Mira siempre adelante, No desanimes,
No pierdas un instante, El Paso firme" Regarde toujours
devant, ne te décourage pas, ne perds pas un seul instant Ce
pas décidé". Le spectacle s'est terminé par un moment festif où tous les
artistes se sont rassemblés au devant de la scène, dans une
atmosphère magique et pleine de joie.