Spectacle 'Gilgamesh'
d'Abed Azrié, en novembre 2009, à l'I.M.A, Paris
Reportage réalisé par
Isabelle Jacq 'Gamboena' pour Musique Alhambra
Photos: Alain Jacq
L'Institut du Monde Arabe recevait le
spectacle 'Gilgamesh' d' Abed Azrié, pendant trois soirées consécutives.
Ce chanteur syrien présentait, pour la première fois sur scène, la
légende sumérienne de Gilgamesh à partir de textes qu'il a écrit entre
1960 et 1971, en hommage à la Mésopotamie, à l'Irak et à la Syrie.
Retour sur cette représentation dont l'universalité du thème et la
qualité d'interprétation nous ont particulièrement touchés.
De l'œuvre musicale d'Abed Azrié, nous avions
plus particulièrement évoqué l' album 'Suerte' dans lequel
l'artiste, en quête de l'âme andalouse, réalise un somptueux métissage
des cultures arabes et espagnoles en faisant intervenir, entre autre,
des artistes Flamencos. Mais l'œuvre d'Abed ne s'arrête pas là;
elle est beaucoup plus vaste que cela et s'adresse à "tous ceux qui,
quels que soient leur nationalité et leur âge, ont tout simplement un
cœur". C'est ce que nous confirme ce spectacle qu'il présente ce soir là
et dans lequel il met en scène l'épopée de Gilgamesh qui se présente, à
l’origine, sous la forme d' une série de tablettes d’argile sur
lesquelles furent gravées, il y a plus de 3000 ans, en
écriture cunéiforme, les aventures légendaires de Gilgamesh,
cinquième roi de la dynastie sumérienne d’Ourouk, héros aux deux tiers
divin. Il s'agit du plus vieux texte de l'humanité. Il
raconte la vie de ce héros, sa rencontre avec Enkidou,l'homme sauvage,
qui va changer sa vision du monde et les aventures qu'ils vont vivre
ensemble jusqu'à ce que l'un d'eux meure et que l'autre parte en quête
d'immortalité. Ce poème babylonien met en scène la démesure du héros
qui, de victoire en victoire, ne sait pas s'arrêter à temps et offense
les dieux. Ses tentatives pour trouver le secret de l'immortalité
échoueront et, de retour dans sa demeure, au terme de sa quête,
Gilgamesh découvre que, malgré la mort, la vie vaut la peine d’être
vécue et que chaque humain peut rester vivant en accomplissant la
mission que les dieux lui ont assignée. Le spectacle s'articule sous la
forme de 33 tableaux depuis 'La cité première' jusqu'à l'épilogue
intitulé 'Ourouk-Gilgamesh'. Abed Azrié s'entoure d'un ensemble
d'Orient et d'occident composé de talentueux musiciens tels que
Jean-Lou Descamps à l'alto, Alain Lagrange au violoncelle,
Olivier Morte à la contrebasse, Khaled Aljaramani au
oud, Taoufik Mirkhan au qanoun, Mohamed Fetyan à la flûte
Ney et Youssef Hbeisch aux percussions. Agrémentant le spectacle,
une vidéo projection présente de magnifiques sculptures et bas- relief
de l'époque sumérienne et nous retrouvons les représentations de
Gilgamesh, Enkidou et certains dieux de cette épopée. Filmées au
ralenti afin d'en apprécier chaque détail, ces œuvres sont d'une beauté
exceptionnelle et mettent tous nos sens en éveil. La voix chaude et
profonde d'Abed nous rapporte avec brio ce récit chanté en arabe
et dont la traduction en français est projetée sur un écran et le temps
semble suspendre son vol car, bien que plusieurs millénaires nous
séparent de cette épopée, elle nous parait très proche et d'une grande
modernité... à croire qu'Abed a trouvé le secret de
l'immortalité!