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Reportage sur le spectacle
'Le Divan du Tamarit' de Vicente Pradal et José Manuel Cano
Lopez, à l'Odyssud, Blagnac (dep 31) le 26 janvier 2008
Texte: Isabelle Jacq
Œuvre de Federico Garcia Lorca, dont le titre
provient de "Diwan" qui est une forme poétique arabo-andalouse et du 'Tamarit',
nom du jardin de la famille Lorca ,à Grenade, 'Le
Divan du Tamarit' est aussi le titre du spectacle
conçu par Vicente Pradal et José Manuel Cano Lopez .
Dans ce spectacle présenté à 'l'Odyssud', à Blagnac, pendant trois
soirées consécutives, les derniers textes du
poète et dramaturge andalou sont à l'honneur: Le
Divan du Tamarit et Les sonnets de l'amour obscur. Au travers de ses
poèmes les plus intimes d'amour et de mort, le spectacle donne
aussi à voir et à écouter les œuvres poétiques d'amis poètes et
des textes relatifs à l' assassinat de Federico Garcia Lorca,
sur sa terre natale, par les soldats du régime Franquiste, en aout 1936,
à l'aube de ses 38 ans. Baignant dans une lumière bleutée, le
décor est constitué d'un socle central qui, ponctuellement
s'empourpre , de quelques chaises disposées autour, et de galets
tantôt gris tantôt vert émeraude évoquant l'élément naturel qui marque
le passage entre deux mondes: aérien et souterrain, annonçant aussi les
deux mouvements qui structurent le spectacle: 'l'air libre' et 'sous le
sable'. Galets circulaires comme la douleur qui resurgit au
rappel de la terrible évidence de la mort du poète et à l'évocation de
ses difficultés à aimer. Neuf artistes évoluent sur la
scène, espace onirique où rage de
vivre, amour et mort se retrouvent dans une
effroyable étreinte transcendée par le talent d'une danseuse, des comédiens,
musiciens et
chanteurs qui s'expriment avec une intensité et une
profondeur hors du commun, mettant à jour l'essence même de
l'œuvre poétique de Lorca. Les accords de piano de Rafael Pradal
se mêlent aux voix chaudes et magnifiques d'Alberto Garcia ,
Servane Solana et de
Vicente Pradal, chanteurs qui nous livrent, en espagnol, les poèmes
intimes de Lorca, tandis que la danseuse Fani Fuster
exécute une chorégraphie épurée et singulière. Hélène Artzen, au
saxophone, et Emmanuelle Joussemet, au violoncelle, suivent cette
marche à la fois nuptiale et funèbre, interprétant une musique où se mêlent
classique, Flamenco et jazz, accompagnés par les deux comédiens Françoise Cano Lopez et
Alain
Papillon qui nous dévoilent, avec émotion et ferveur, les textes en
français. Bien loin de tout artifice ou d'envie de briller, chaque
artiste s'exprime avec sincérité, profondeur et talent; Il émane de
l'ensemble une véritable harmonie et la présence de la danseuse Fani Fuster
durant tout le spectacle illumine la scène. Cette jeune
danseuse toulousaine au parcours artistique hors du commun captive
le public. Quelques mouvements esquissés suffisent pour
provoquer des remous dans l'espace scénique et pour que chaque note de
musique ou le moindre mot vienne trouver un écho dans ses lignes
dansantes. Parfois lascive et voluptueuse , parfois frémissante et
convulsive alors qu'elles exprime un état d'agonie, sa danse se
distingue par
son originalité et sa force d'expression, dévoilant ainsi au
public une large palette d'émotions. Se parant d'un voile
de mariée, Fani achève sa prestation dans zapateado magistral et une
formidable danse nuptiale, fête sacrée où joie, amour et mort fusionnent
dans un beau mouvement d'ensemble, rendant ainsi un vibrant
hommage au poète. 'Je veux dormir un instant, un instant, une minute,
un siècle; mais que tous sachent bien que je ne suis pas mort; qu'il y a
sur mes lèvres une étable d'or; que je suis le petit ami du vent
d'ouest, que je suis l'ombre immense de mes larmes' (FG LORCA) ...
les minutes sont passées et Federico Garcia Lorca est
toujours présent.
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