1. Semblanzas
de un río; 2. Abuela perrata; 3.
Orobroy; 4. Ventanales; 5.
Gallardó; 6. Silencio de
patriarca; 7. Gañanía; 8. Nana
de los luceros; 9. Oleaítas,
mare
David
Peña «Dorantes»
a reçu le jondo en héritage. Né à Lebrija, berceau du flamenco
traditionnel, il est issu d’une légendaire dynastie gitane de musiciens. La Perrata est sa grand-mère. Son père s’appelle
Pedro Peña.
Son oncle n’est autre qu’«El Lebrijano»… Pas une des branches de
son arbre généalogique qui ne renvoie à un monstre sacré de la musique
andalouse. Il aurait pu suivre leurs traces. Il a emprunté une autre
voie. Au Conservatoire royal de musique de Séville, il suit les classes
d’harmonie et de composition et, contre toute attente, étudie le piano
dans un monde où le cante est roi. « Lesinstruments ne
naissent pas flamencos. Ce sont les musiciens qui doivent se sentir
flamencos», explique-t-il aujourd’hui. Celui qui avait tout pour
incarner une musique immuable a donc choisi ses propres armes pour
défendre son côté intemporel. Comme Paco de Lucia qui a participé
à une révolution instrumentale flamenca, Dorantes va trouver dans
sa double appartenance musicale son propre Duende. Notamment
quand il propose à Esperanza Fernández, cantaora absolue,
imaginative et instinctive, de reprendre Di Di Ana. Ecrite par
son père, cette romance, proche de la berceuse, raconte l’histoire vraie
d’une «Pénélope» dont le mari a été ravi par la dictature franquiste.
Dans ses compositions (Orobroy fut salué par Yehudi Menuhin), il
met en résonance le feu de son héritage, la puissance des percussions de Tino di Geraldo ou de José Carrasco, le chant grave du
saxophone de Nacho Gil et les rêves portés par son piano.
Et, quand on lui demande d’où lui vient son inspiration, il répond :
«Le flamenco ? C’est ce qui m’a façonné depuis l’enfance. Quand j’écoute
duflamenco , je ne perçois pas seulement la musique :
expériences et sentiments se rappellentà moi. Autant de
fondations sur lesquelles je bâtis ma musique aujourd’hui.»«Il
n’y a pas eu véritablement de début à ma carrière. Il y a eu ce jour où
mon frère Pedro et moi sommes allés voir notre père pour lui dire
que nousvoulions nous aussi faire du Flamenco. Il a été très
heureux», explique David Peña «Dorantes». «Je jouais de la guitare.
Et puis, un jour j’ai réalisé que le pianoétait fait pour moi. A
mes débuts, la guitare m’a aidé à gagner suffisamment d’argent pour
m’acheter un piano !» Une réussite. En 1996, il participe au
Festival Flamenco de Mont de Marsan. Sa prestation intitulée Orobroy
est alors saluée par Yehudi Menuhin. Trois mois plus tard, il
donne son premier récital en Espagne au cours de la Biennale de Flamenco
de Séville. Il est acclamé par la critique et les amoureux d’un flamenco
aussi bien traditionnel qu’avant-gardiste. Il est alors nommé artiste de
l’année. Entre 1997 et 1998, Dorantes enregistre son premier
album, aussitôt élu meilleur album instrumental par l’association des
critiques madrilènes. De La Havane à Tokyo, il commence alors une
tournée internationale. En 2000, Dorantes collabore avec le
Ballet National d’Espagne, Antonio Canales et Aida Gomez.
En 2002, il sort son second album, 'Sur', enregistré entre Paris,
Sophia et Séville et qui, comme le premier, est élu meilleur album
instrumental de l’année. A cette occasion, il travaille avec Esperanza
Fernández. 'Sur' devient un spectacle et reçoit lui aussi plusieurs
prix lors de sa création à la 12ème Biennale de Séville. Dans ses
concerts, Dorantes essaye d’emmener le Flamenco «là où il devrait être
aujourd’hui.» Sa musique, profondément enracinée dans la tradition
andalouse, fait appel à des éléments d’autres expressions musicales.
C’est son piano qui, par exemple, marque seul le rythme et le temps
flamenco.