La 24ème édition du Festival
Arte Flamenco s'est déroulée du 2 au 9 juillet 2012,
transformant Mont de Marsan en Capitale du Flamenco et de la
culture andalouse, pendant toute cette période. La programmation
d'une qualité époustouflante est signée Sandrine Rabassa.
Directrice artistique du festival depuis 3 ans et déjà
plébiscitée pour la pertinence, la richesse et la diversité de
sa programmation, Sandrine sait aussi insuffler une âme à ce
festival où l'excellence est toujours au rendez-vous. A l'issue
du festival , alors que nous étions encore imprégnés par les
émotions fortes et les moments magiques que nous avions vécus
durant cette semaine, Sandrine nous a accordée l'entretien
suivant:
- Sandrine, nous
aimerions connaitre tes impressions sur la 24 ème édition du
Festival Arte Flamenco de Mont de Marsan qui vient de se
terminer.
Que souhaiterais-tu nous dire à
ce sujet?
- Lors de cette édition, se sont mélangés
beaucoup d'émotions et beaucoup de puissance dans les
propositions artistiques. Nous avions des danseurs et danseuses
très engagés, très impliqués pour donner le meilleur d'eux-mêmes
au public d'Arte Flamenco. Le bilan au niveau de l'organisation
est bien rempli et concluant car nous avons à nouveau réussi à
accueillir un nombre de festivaliers encore très important cette
année. Cela est vraiment du au travail d'une équipe: du Conseil
Général, ainsi que des personnes qui interviennent au niveau de
la Mairie, que des bénévoles et également des partenaires
extérieurs et privés. Toute cette réussite, ces résultats que
nous avons eu sur scène est le fruit du travail de tous et je ne
peux que saluer l'implication des artistes et de toutes les
personnes qui ont travaillés sur ce festival; C'est donc un
bilan très heureux, très satisfaisant et vivement l'année
prochaine.
- Cela fait 3 ans que tu
assures la direction artistique du Festival. Comment vis-tu ton
métier et les responsabilités inhérentes à cette fonction?
- J'ai travaillé auprès de Javier Puga
presque 10 ans avant de prendre la direction du festival. Je
n'avais pas une grande surprise quant à la pression qu'il
pouvait y avoir. Tout le monde attend de la programmation
qu'elle soit réussie, le public est demandeur, alors nous avons
toujours la pression de savoir si ce qu'on leur propose leur
plaira. Nous avons envie que le public soit debout à la fin des
spectacles, nous avons envie que cela soit complet. Je remercie
le public car les jauges sont remplies en un temps record, c'est
une preuve aussi de confiance et d'amitié quant à mes choix et
j'en suis très heureuse et très sensible. J'avoue que je ne
regarde pas le spectacle d'une manière très tranquille. Bien
sur, je me laisse emporter parfois, comme cela a été le cas avec
Manuela Carrasco qui m'a fait complètement sortir du
contexte professionnel. Sinon, je regarde toujours un peu les
visages dans la salle, les réactions, le fait que des gens
chuchotent à l'oreille, comment le public va applaudir, si ce
sont des applaudissements polis ou complètement fous, comme pour
Manuela Carrasco où l' ovation n'était pas progressive
mais immédiate et spontanée. Je regarde tout cela. Je regarde
également si tout se passe bien, s'il n'y a des problèmes
techniques qui surviennent comme pour Manuela Carrasco,
dès le début. Dans ce cas, je ne peux pas rester dans la salle,
je dois aller voir ce qui se passe. En tant que Directrice
artistique, il est nécessaire de veiller au bon déroulement du
spectacle pour que le public soit satisfait sur tous les aspects
de celui-ci.
-
Le public a répondu présent à tous les spectacles, et nous avons
appris que la billetterie était complète quelques semaines après
son ouverture. Concernant la programmation Off qui est gratuite
et ouverte au public, sans réservation préalable, as-tu un bilan
sur cette programmation?
- Oui, nous avons un très bon bilan qui aurait pu
être meilleur si le mauvais temps n'avait pas fait des siennes
car il faut dire qu'il a plu, donc nous avons été obligés
d'annuler un spectacle de rue notamment avec Bobote et ses amis.
Je n'étais pas ravie de prendre cette décision mais ce sont des
facteurs que je ne contrôle pas. Autant le reste, je peux y
veiller mais pour la météo, je n'ai pas encore assez de pouvoir
(sourire). Nous avons eu forcement un peu moins de monde
à cause du mauvais temps; néanmoins nous avons eu un bel
enthousiasme avec, par exemple, le spectacle de la Chocolata
qui a fait l'unanimité. Tout le monde est venu me rapporter
qu'elle était extraordinaire et je l'ai moi-même vue samedi soir
avant que le festival ne débute; c'était au 10 bis. C'était
vraiment une prestation et une artiste merveilleuse. Je ne peux
pas aller partout mais je reçois des vidéos, des résumés et
j'avoue que cette année la programmation du off a été d'un très
haut niveau et les résultats sont aussi merveilleux.
- Pourrais-tu nous faire part
de quelques moments d'émotions qui sont restés gravés dans ta
mémoire?
- Personnellement, lors du spectacle de la
Niña de Los Cupones avec l'hommage à Camaron, c'était
justement le jour de l'anniversaire de la mort du chanteur,
j'étais très touchée par l'ovation du public qui s'est levé en
applaudissant dans la langue des signes. J'ai été touchée par
El Carpeta qui a tout donné alors qu'il n'était pas dans un
état physique qui lui permettait pas d'être au mieux de sa
forme. La Macanita, Jesus Mendez, je l'ai adoré.
Ce chanteur est pour moi le digne héritier de la Paquera de
Jerez et je pense qu'il est déjà un très grand dans le
milieu. Manuela Carrasco m'a transportée dans son
univers, dans son monde à elle, et j'ai encore son visage et ses
yeux qui sont au fond de ma mémoire, et cela pour très
longtemps, je crois. Il y a Rocio Molina et la
Tremendita, cette complicité également. Rocio qui
danse dans un mini caisson en bois en utilisant toute les
parois, j'avais déjà vu ce numéro, mais que le public montois
d'Arte Flamenco puisse découvrir cette prouesse était un beau
cadeau qu'elle nous a fait. La clôture avec les magnifiques
danseuses de Los Reyes et leur père. Tout le monde
s'accorde à dire qu'elles étaient splendides et d'un niveau
exceptionnel. David Lagos était merveilleux de puissance
et d'émotions... En fait, toutes les images m'arrivent dans la
tête au fur et à mesure, et les émotions qui vont avec, mais il
est certain que le public a passé aussi de très bons moments.
- Un critique espagnol nous a
dit qu'il n'avait pas vu Manuela Carrasco danser de cette
manière, avec autant de duende, depuis 15 ans. Comment
expliques-tu ce phénomène?
- Elle serait la mieux placée pour en parler,
mais, d'après ce qu'elle m'a dit après le spectacle, il y a eu,
pour elle, une implication particulière. Pour Manuela, Mont de
Marsan n'était pas un spectacle parmi tant d'autres. Par amitié
pour nous et pour le public d'Arte Flamenco, elle avait envie de
rendre tout ce qu'elle avait reçu toute la semaine où elle
animait les Master Class. Manuela n'est pas souvent en
contact avec son public et donc le fait d'être immergée, voire
submergée parfois, par les émotions d'autres personnes, et cela
durant toute la semaine, je pense que cela lui a donné envie de
s'impliquer et de se donner encore plus. Il a aussi un facteur
d'amitié car nous sommes amies depuis très longtemps et nous
appartenons à la même famille de cœur et, forcément, ce rapport
privilégié fait que c'était particulier pour elle, pour nous et
pour moi et sincèrement je la remercie du fond du cœur parce que
je sais que ce que disent les critiques est vrai, qu'elle
n'avait effectivement pas dansé comme cela depuis des années et
qu'elle nous a donnée un spectacle qui, je pense, restera dans
l'histoire du Festival.
-
Pour revenir à la programmation, le Festival a donné une place
importante aux les arts visuels avec des photographes, des
plasticiens comme Pilar Albarracin, Francisco Moreno, Prisca
Briquet. L'affluence a-telle été bonne pour les expositions?
- L'exposition de Prisca Briquet, on ne
pouvait l'éviter car ses photographies grands formats étaient à
l'air libre et aux vues de tous; elles étaient donc inévitables
et tout le monde a vu les magnifiques photos de Prisca.
Concernant le Musée, j'ai eu des échos de l'exposition de
Francisco Moreno Galvan. Tout le monde l'a trouvé
magnifique; il a ravi le public qui ne le connaissait pas et
aussi les connaisseurs. Nous avions notre Pilar qui est toujours
dans la folie, dans l'exceptionnel, elle a remportée aussi son
succès auprès de personnes qui l'ont trouvée surprenante,
originale. C'est aussi cela le Flamenco et ce qu'il y a autour:
pouvoir surprendre et offrir au public et aux artistes la
liberté de s'exprimer et d'offrir sa vision. De plus, à chaque
fois que je suis allée au musée, j'ai croisé beaucoup de monde,
donc je pense que l'affluence a été bonne pour les arts visuels
- Pourrais-tu nous parler de
la fréquentation des stages par rapport à l'année dernière ?
- Oui, nous avons répondu à la demande de l'année
dernière d'ouvrir plus de stages, plus de niveaux et nous avons
cette année ouvert des classes au Pôle Culturel, ce qui a permis
de désengorger l'école de musique qui a été prise d'assaut. Cela
a désengorgé aussi les cours qui étaient archi-complets et qui
permet une qualité d'accueil et une meilleure qualité de travail
pour les stagiaires. Nous continuerons l'année prochaine sur ce
mode là. Visiblement, les stages de chant ont été encore
complets très rapidement. Il y avait un cours avec Alicia Gil
en débutant et un cours intermédiaire avec Jesus Mendez.
Nous allons faire un bilan et réfléchir mais, d'après les
premiers échos, il se pourrait que nous ouvrions une classe
supplémentaire de chant. Il y aura surement une classe de piano,
l'année prochaine. C'est la petite surprise du 25 ème, mais on
n'en parlera lorsque ce sera le moment d'en parler. Ce sont des
projets qui sont en cours pour pouvoir améliorer l'accueil des
stagiaires, pour répondre à une demande. Il y a un questionnaire
qui est proposé chaque année aux stagiaires qui permet d'évaluer
les résultats de cette année et de tenir compte des propositions
des stagiaires, pour l'année prochaine. Nous allons analyser ces
questionnaires et faire en sorte qu'il y ait des réponses aux
attentes des stagiaires.
-
Concernant la programmation de l'année prochaine, quelles sont
les caractéristiques principales de cette prochaine édition?
- Je prévois un festival exceptionnel avec des
rencontres au sommet...
- Nous serons très heureux de
découvrir cette nouvelle programmation. Merci énormément pour ce
Festival qui été une très grande réussite.
- Merci à vous d'avoir été là, comme toujours,
pour votre fidèle amitié et confiance et à l'année prochaine.
Reportage sur la 24 ème édition du Festival Arte Flamenco de
Mont de Marsan: prochainement en ligne
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