Parmi les artistes coup de
cœur de la 29 ème édition du Festival Arte Flamenco, se trouvait
Leilah Broukhim, danseuse qui a enchanté le public lors de son
spectacle « La Sephardi ». Nous l'avons retrouvée en fin
de journée et avons eu le plaisir de l'interviewer:
- Bonsoir Leilah Broukhim, nous avons assisté à ton
magnifique spectacle nommé « La Sephardi », sur l’esplanade du
Midou. Pourquoi as-tu choisi de le nommer ainsi ?
- Ma famille et d'origine sépharade. Le
titre du spectacle permet de définir qui je suis et de définir
ma relation avec l'Espagne. En effet, les juifs sépharades
venaient d'Espagne et ont été expulsés pendant l’inquisition, il
y a cinq siècles. Je fais donc référence à mon retour en
Espagne. Je voulais aussi exprimer ce que je sens quand j'écoute
le chant et la musique du Flamenco. C'était un spectacle fait
pour être naturelle et libre, d’autant plus qu'on était à l'air
libre !
- Quelles sont
tes impressions sur le fait d'être au Festival de Mont-de-Marsan
et d'avoir présenté ton spectacle dans ce cadre?
- Je suis très heureuse d'être
ici, et je suis aussi très impressionné par le travail de
l'équipe organisatrice de ce Festival. Tout le monde est
tellement gentil et prêt à te venir en aide. Mais comme il n'y a
pas eu de difficultés et que tout s'est très bien passé, j'ai pu
aussi profiter de cette semaine d'art et de rencontres. J'ai
retrouvé des artistes que je n'avais pas vus depuis des années,
j'ai revu aussi des artistes que je vois souvent à Madrid, mais
les retrouver dans ce cadre, cela fait chaud au cœur. Ici, je me
suis sentie comme en famille, complètement à l’aise et libre. Je
suis très reconnaissante d'avoir été programmée dans ce
festival. Je remercie Sandrine de m'avoir donné l'opportunité
d’y présenter mon spectacle.
- Le fait de danser en plein
air, comment as-tu vécu cela ?
- Il faisait assez chaud, mais quand
on danse dans ces conditions, il faut se concentrer dans la
transmission du sentiment. C’est ce que j’ai fait.
- C'est un spectacle de Flamenco traditionnel,
n’est-ce pas ?
- Oui, effectivement. J’ai présenté
une Alegria avec bata de cola, une Zambra
dans laquelle je fais référence au style de Manolo Caracol et
Lola Flores, et ensuite, comme dernière pièce, une Solea.
- Parles-nous des artistes qui
t’accompagnaient, s’il te plait
- J'ai été très bien
accompagnée par Jonathan Reyes, un chanteur de Séville qui est
marié avec la fille de Juana Amaya. C'était la première fois
qu'on travaillait ensemble. On me l'avait recommandé et j'étais
très contente car il est très professionnel et très respectueux.
Il y avait aussi Victor El Tomate, guitariste provenant de
Cordoue. Il joue magnifiquement et il accompagne la danse d’une
manière très sûre, très solide. On se sent appuyée, et c’est
très agréable. Quant à Bandolero, le percussionniste, on ne
demande pas avec qui il a joué, mais plutôt avec qui il n'a pas
joué ! J’étais donc très contente de pouvoir compter sur lui
aussi.
- Comment
as-tu rencontré le Flamenco ? ta formation artistique?
- J'étais au lycée français de
new York et, lors d’un festival, mon professeur d'espagnol nous
a amené voir de ballet national d'Espagne dans lequel Lola Greco
jouait le rôle de Médée et dansait le Flamenco. Je n'avais
jamais vu quelque chose de semblable! J'ai commencé par étudier
le Flamenco avec un très bon professeur espagnol qui habitait à
New York mais aussi avec des artistes qui venaient d'Espagne et
qui donnaient des cours. De plus, j’ai étudié le cinéma à
l'université. En même temps que j’étudiais le cinéma, je prenais
des cours de danse. Quand j'ai fini mes études j'ai pris la
décision de partir un an en Espagne, et un an est devenu 17 ans!
En Espagne, l'école qui m'a le plus inspirée était celle des
Farruco.
- Comment
qualifierais-tu ton style, ta manière de danser ?
- Mon style est très
traditionnel. Je danse tel que je ressens les choses avec mon
corps.
- As-tu
d’autres créations, des projets en cours d’élaboration?
- J’ai un autre spectacle qui
s’appelle « Dejando Huellas », Dans lequel je raconte l’histoire
de mes ancêtres Sépharades. Nous y mélangeons la musique
sépharade et la musique iranienne. Nous incluons aussi les
œuvres picturales de ma mère, Elisabeth Louis, car elle est une
artiste peintre.
- Quelles sont
les autres collaborations artistiques dont tu aimerais nous
parler ?
- J'ai dansé dans plusieurs
compagnies, et surtout dans les tablaos, et je continue à
danser dans ces lieux. D’autres moments me reviennent à
l’esprit : celui où j’ai dansé avec Javier Baron au festival de
Jerez dans son spectacle « Meridiana ». J’ai participé aussi au
festival
Flamenco pa Todos à Madrid avec plusieurs artistes formidables :
Eva La Yerbabuena, Marina Heredia, Carmen Linares. J’ai de très
bons souvenirs de ce jour.
- Quand
pourra-t-on te revoir danser ? Quelles sont les prochaines
dates ?
- La semaine du 11 au 15 septembre,
je donne des cours à Séville, dans le Taller Flamenco. En
octobre, je suis aux Etats-Unis. En novembre, je prépare un
nouveau spectacle que nous présenterons le 5 décembre à Madrid.
C'est un spectacle que je travaille en collaboration avec un
danseur oriental qui s'appelle Mohamed El Saiheb. C'est une
rencontre entre le Flamenco et la musique arabe. Le concept est
de transmettre le côté mystique et spirituel de la danse et de
la musique.
- C’est un
magnifique projet ! Merci beaucoup Leilah, est vivement que tu
nous présentes ton spectacle à Paris, aussi!
- Ce sera avec plaisir, merci
à toi !
Reportage sur la 29 ème édition du Festival International
Arte Flamenco de Mont de Marsan:
cliquer ici
|