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Interview de Juan Carmona réalisée par Isabelle Jacq Gamboena,

à Paris, en février 2022

 

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Chaque sortie d' album de Juan Carmona est un évènement très attendu dans le monde musical. En effet, chaque création du maître de la guitare Flamenca apporte de nouvelles couleurs à sa palette musicale et ouvre de nouveaux horizons dans l'univers du Flamenco. En signant son douzième opus intitulé "Zyriab 6.7", Juan Carmona atteint le sublime au travers de onze thèmes dont la puissance  poétique et musicale est indéniable. Dans cette création,  Juan nous convie à un voyage musical aux parfums orientaux et Flamencos pour rendre hommage à Zyriab, l'illustre poète et musicien du 9 ème siècle. Nous avons retrouvé Juan Carmona quelques mois après la sortie de cet opus et c'est avec un immense plaisir que nous partageons l' entretien qui suit:

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- Bonjour Juan Carmona, nous sommes ravis de t'accueillir en région parisienne  pour la sortie de ton album "Zyriab 6.7" qui est un évènement dans le milieu du Flamenco et dans le milieu musical en général. C'est un album qui est magnifique sur plusieurs aspects. Comment ce projet est-il né?

- En fait, en 2015, l'UNESCO m'a remis le Prix Zyriab. J'avais entendu parler de Zyriab et tout le monde sait que Paco de Lucia avait fait un titre « Zyriab », mais je ne savais pas vraiment qui était Zyriab. Donc en 2015 on me remet ce prix en me précisant que je suis le seul européen à l’avoir obtenu car pour l'instant il n'a été donné qu'à des grands musiciens du monde arabe. Alors, je me suis dit qu'un jour je fouillerai un peu pour savoir qui est Zyriab. Il y a deux ans, quand la pandémie arrive, tout est annulé, le monde du spectacle s'arrête et je me retrouve dans mon jardin et me demande ce que je vais bien pouvoir faire pendant cette période. J'ai la chance d'avoir mon studio chez moi. J'ai pensé que c'était peut être le moment de me pencher sur le projet de savoir qui est Zyriab. Je me suis donc informé et j'ai trouvé cela extraordinaire parce que non seulement Zyriab était un musicien poète du 9 ème siècle, mais en plus c'est grâce à lui que beaucoup de choses sont nées, des choses qu'on utilise au quotidien, et les gens ne le savent pas.

- Comme quoi par exemple?

- C'est lui qui a amené les premiers conservatoires en Europe, c'est lui qui a inventé les premiers instituts de beauté pour les femmes, c'est lui qui a inventé l'ordre des plats. En fait, en plus d’être un grand poète et musicien, il excellait dans d’autres domaines aussi: la gastronomie, la mode, mais aussi l’astronomie. Maintenant je reviens à l'aspect musical : c’est l'inventeur de la musique arabo andalouse, c'est donc l'inventeur des Noubas. Il a apporté la cinquième corde à l’Oud. C'est aussi un poète extraordinaire. Je me suis donc dit qu'il méritait un hommage. Il est né à Mossoul, en Irak, au 9 ème siècle. Il prend des cours et son maitre est jaloux de lui. Via le Kalife de l'époque, il le rejette du pays. Zyriab va donc partir et traverser différents pays: l'Algérie, le Maroc, le Liban, et d'autres pays. Le concept du disque c'est qu'à chaque pays où il est passé j'invite un artiste emblématique de ce pays. Il est passé au Liban, j'ai invité Ibrahim Maalouf ; il est passé au Maroc, j'ai invité Rachid Zaroual grand joueur de Ney. En fait Zyriab est né en Irak et il a fait un long parcours durant son exil. Sa dernière étape c'est  Cordoue,  c'est là qu'il va mourir.  

- Juan, on peut dire que tu as collectionné les prix internationaux. Tu parlais tout à l'heure du Prix Zyriab des virtuoses, tu as remporté aussi le prestigieux prix de la Buleria de Jerez, tu as été finaliste des concours de la Union de Cordoba, tu as reçu le Prix Charles Cros ainsi que plusieurs nominations aux Latin Grammy Awards, tu as remporté aussi le Grand Prix Paco de Lucia. Ces prix là, est-ce qu’ils t’ont ouvert une porte?

- Dans le cas de Zyriab, oui, mais pour tous les prix que j'ai gagnés avant, c'est sur que ca fait toujours plaisir. Un des premiers prix importants que j'ai gagné c'est le premier prix de la Buleria de Jerez de la Frontera. J'ai eu aussi le prix Paco de Lucia à Madrid; ça fait plaisir mais je ne m'arrête pas à cela. Un artiste a besoin de créer, de se confronter, il a besoin d'être constamment en recherche. Il ne peut pas perdre du temps avec cela. Ces prix sont une motivation pour continuer mais je passe vite à autre chose. J'ai l'impression que le temps passe vite et que je n'ai pas encore fait grand chose après mon douzième album. Ce besoin de créer est vraiment important!

- Pourrais -tu nous parler un peu plus de ton lien avec Zyriab?

- Ce qui m'a plu dans ce personnage, c'est qu'il s'intéressait à beaucoup de choses. Il est très ouvert et je me reconnais en cela. J'ai besoin de comprendre les choses et de m'ouvrir. C'est ce que l'on retrouve dans ma musique. Cette ouverture, les gens ne la comprennent pas toujours. J'ai fait des tournées avec Agujetas, le chanteur le plus orthodoxe qui puisse y avoir. Je suis ravi d'avoir appris et de m'être nourri de cette tradition du Flamenco mais cela ne m'empêche pas de jouer avec Al di Meola dans deux mois. Tu vois l'écart qu'il y a entre Agujetas et Al di Meola! J’ai besoin de cela. Ce n'est pas pour autant que je renie la tradition ni que je regarde la modernité avec un regard hautain, non, pas du tout. J'ai besoin de ces deux mondes et j'ai besoin de cette ouverture. Zyriab, j'ai ressenti qu'il était un peu comme cela aussi, qu'il est ouvert sur plein de domaines et en avance sur son temps.  C'est ce qui me plait beaucoup chez lui.

- Il y a plusieurs invités de marque dans ton album: les artistes Flamencos tels que Dorantes, Duquende, El Pele, il y a aussi des artistes d'autres univers: Nasser Shamma, Wissan Joubran ou encore Youba Adjrad. Sur quels critères as-tu choisi ces artistes pour enregistrer cet album avec toi?

- Tous ces artistes, qu'ils soient issus du monde du Flamenco ou du monde oriental, ils avaient un point en commun. Pour la part des artistes Flamencos ils avaient un énorme respect pour cette musique orientale et pour ce projet. Pour ce qui est des musiciens orientaux, par exemple Youba Adjrad, c'est un grand fan de Camarón de la Isla. Il chante por Buleria, il est fan et il adore cela. Il a une réelle passion pour le Flamenco. Quant à Ibrahim Maalouf, quand il est venu me voir, j'ai découvert qu'il connaissait aussi le Flamenco. J'étais agréablement surpris. Tous ces musiciens ont un énorme respect pour le Flamenco, et les Flamenquistes ont un véritable respect pour les musiques orientales.

- Il y a eu aussi probablement une belle complicité entre vous, j'imagine...

- Oui, tout à fait. Sur le plan humain, artistique et philosophique, cela fonctionnait très bien entre nous.

- Tu as pris combien de temps pour réaliser cet album?

- La composition, je l'avais plus ou moins définie. J'ai toujours des idées d'avance que je mets de coté et, pour certaines, je savais qu'elles concernaient ce projet "Zyriab 6.7". Puis, j'ai affiné. Ce projet a mis trois ans pour voir le jour. Pour la production, il y avait du travail aussi car il y avait le Liban, le Maroc, l'Algérie, la Turquie, la Palestine, l'Espagne. Cela a pris beaucoup de temps pour organiser cette production.

- Dans le titre « Zyriab 6.7 », que signifient ces chiffres énigmatiques?

- Zyriab est né à Mossoul et il est mort à Cordoue. Distance entre l'Iraq et Cordoue: 6743 km. Il s'agit donc du kilométrage mais c'est aussi un clin d'œil à la modernité. C'est un projet sur la tradition menée par quelqu'un comme Zyriab qui a une vision moderne et j'avais envie de le souligner avec ces chiffres 6.7.

- "Zyriab 6.7" est un album très poétique où l'on sent les ambiances différentes faisant référence au voyage. Prenons par exemple le thème "Llave de tu corazón " dont tu as réalisé un magnifique vidéo clip. Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur l'élaboration du thème, et nous préciser la signification qu'il a pour toi?

- Déjà le titre "Llave de tu corazón"(La clé de ton cœur) évoque le fait que pour aimer il y a quelque chose à deviner de l'autre. Or, pour le deviner, le comprendre, pour l'aimer, il faut une clé, la clé de son cœur. Dans les textes orientaux, l'amour est comme cela. J'ai voulu exprimer cela avec un Tiento évoluant en Tango. Le Tiento chanté en oriental par El Pele et la partie Tango où les deux viennent fusionner et tout cela soutenu par Istanbul string, un orchestre à cordes magnifique!

- Parle-nous d'un autre thème de ton choix, s'il te plaît…

- Un des titres que personnellement j'aime beaucoup même si j'aime aussi "Llave de tu corazón", c'est "Salam", qui veut dire la paix. Le monde a vraiment besoin de cela, encore plus avec ce qui se passe en ce moment. On a besoin de revenir aux choses de la terre. Ce thème est un genre de Buleria lente où je suis accompagné par le magnifique Dorantes avec des voix orientales avec un rythme qui pour moi reste essentiel dans ce cas là et qui a besoin d'assise avec le compas de Jerez, avec le fils de Diego Carrasco, avec la bande de Jerez que j'appelle "crac" et avec à la fin, un petit clin d'œil à Manuel de Falla, pour les connaisseurs. C'est justement la modernité qui vient. Manuel de Falla avait énormément d'avance musicalement. D'ailleurs, pour les gens qui connaissent, Paco de Lucia s'est beaucoup inspiré de lui. Dans son jeu, il avait une petite touche de Falla, et ça j'adore. J'ai donc voulu apporter cette pointe de modernité à mon tour.

- De quel autre thème souhaiterais-tu nous parler?

- J'aimerais parler d'"Agua dorada" avec Ibrahim Maalouf. Zyriab signifie « eau dorée », « Agua dorada » en espagnol, d’où le titre du thème. C'est un thème qui a grandi à chaque fois. Quand je  l'ai  composé il sonnait d'une façon particulière dans ma tête. La création c'est quelque chose de terrible car quand tu crées, tu entends la musique mais après, quand tu la réalises, la réalité elle revient là. Ce thème a évolué au fur et à mesure que les artistes sont intervenus, grâce à des gens comme Ibrahim Maalouf, mais on peut citer aussi Duquende. J'ai un souvenir de lui à l'époque où l'on enregistre "Borboreo", dans les années 95. Camarón était mort il n'y a pas si longtemps. On est en train de régler les micros puis un moment donné je me retourne et Duquende fait une letra de Camarón. Je te promets que j'ai eu la chair de poule tellement sa voix était similaire à celle de Camarón! Isidro Munoz, producteur des films de Saura, était présent. On s'est regardé avec un sourire en se disant "Il est là". Duquende a vraiment quelque chose d'exceptionnel dans sa voix. C'est sûr qu'avec Duquende, le thème "Agua dorada" prend toute son ampleur. Avec les envolées d'Ibrahim Maalouf, avec la voix de Youba, avec  le compas jerezano, tout cela fait que le thème me plaît beaucoup.

- Un autre thème à décoder ? si tu veux bien...

- Alors je vais parler d'un thème que je n'ai pas composé, c'est le seul et c'est important de le souligner aussi. J'ai fait une version de "Ya Rayah" qui est un thème au départ arrangé par Rachid Taha. A l'origine, c'est un thème très commercial et incontournable qu'on écoutait sur toutes les radios. J'ai voulu le mener sur un terrain complètement autre et je suis très satisfait du résultat aussi car, musicalement, j'avais envie qu'il y ait plus d'élégance, plus de finesse, plus de retenue. Au départ c'est un quatre temps du style Rumba et moi j'en ai fait un Tango qui passe por Buleria et l'auditeur ne se rend pas compte de ce qui se passe. Je commence por Tangos, je passe por Buleria, je reviens por Tangos et tout cela fait magistralement par tous les artistes de Jerez: il y avait le fils de Diego Carrasco, il y avait Juan Grande, Louis Perriqui enregistré à Jerez. Tu imagines: tout prend son sens! C'est un thème que j'aime beaucoup.

-  Tu parles d'ouverture, de rencontres mais en même temps tu parles de tradition, des palos. Il y a à la fois un ancrage très puissant et beaucoup de modernité dans ta musique. C'est un savant mélange entre la modernité et la tradition. Comment est-ce que tu te situes à ce sujet?

- Quoi qu'il en soit, je pars de la tradition sur tous les plans: historique, philosophique,.... Si je fais une Taranta, c'est une Taranta. Si je fais un Martinete, c'est un Martinete. Même si je lui garde cette racine qui est hyper Flamenca, hyper structurée, il me vient une idée harmonique et mélodique qui fait partie déjà d'un autre temps. Et là, je vais chercher un musicien précis. Dans le cas du Martinete, je vais chercher Rachid Zeroual avec le Ney. Le Ney, il ne se ballade pas de tons en tons mais de quart de tons en quart de tons. Un flamenco, quand il chante, il ne va pas de demi tons en demi tons mais il va passer par une sorte de quart de ton qui ressemble beaucoup à cet instrument que je veux lui apporter: le Ney. Ma part de modernité, elle est là. Je vais chercher harmoniquement et je vais chercher des instruments qui sont modernes tout en ayant un regard sur la tradition.

- "Zyriab 6.7" c'est aussi une ode à l'ouverture des cultures comme tu le disais tout à l'heure. Y a-t-il d'autres messages que tu souhaites faire passer dans cet album?

- Moi j'ai envie de faire passer le message d'ouverture et aussi de tolérance. Cessons tous de croire   qu'on est les meilleurs! Ce qui m'a beaucoup apporté c'est de voyager. Quand on reste dans sa zone de confort, on a un apriori à partir de ce cercle. Donc on donne des opinions à partir de ce cercle. Mais dès qu'on sort de ce cercle, on se rend compte que l'on peut voir les choses autrement et que finalement elles sont belles aussi et que ça peut fonctionner autrement. Tout cela c'est la tolérance. Il y a plusieurs cultures qui fonctionnent différemment d'un point de vue musical et c'est aussi de la grande musique. Donc le maître mot c'est la tolérance.

- Quand tu joues cet album sur scène, comment fais-tu pour retranscrire l'âme de ton album ? Réunis-tu tous ces artistes sur scène?

- Quand j'ai fait cet album, je souhaitais qu'il sonne comme je l’avais dans la tête. C'est pour cela que je suis allé chercher Duquende, Diego Carrasco, et tous les autres artistes. C'est sûr que quand on fait un album où il y a les meilleurs dans chaque domaine et que l'on sait très bien que pour chaque concert il sera impossible de les réunir tous, alors je garde les compositions, l'âme même du projet et je m'adapte aux musiciens qui vont interpréter ces thèmes à leur manière tandis que le message sera le même. Donc je vais adapter le format en fonction des budgets. Si on m'appelle demain pour me demander de jouer sur scène avec Ibrahim Maalouf, j'accepterai bien évidemment. Il est fort probable qu'il y aura des concerts où certains invités qui ont participé à l'album seront présents sur scène.

- L'expérience de l'enregistrement de cet album, qu'est-ce que cela t'a apporté d'un point de vue personnel et par rapport à l'évolution de ton travail et ta vision du Flamenco?

- Ce projet m'a apporté la patience. Il faut être calme dans sa tête pour réaliser un projet de cette envergure. C'est pour cela qu'il est lié à la pandémie car pendant cette période, tout s'est arrêté et cela  m'a un peu rassuré. Habituellement, quand on fait un album, il faut faire vite car les maisons de disque nous pressent, il y a aussi la réalisation de la pochette, le mix, les journalistes qui commencent à s'impatienter. Il faut faire tout très vite. Là, comme tout s'est stoppé, j'ai trouvé cela très rassurant. J’ai pris mon temps. Cela a été très positif pour moi. La planète est stoppée et je peux enfin m'assoir dans mon studio, être devant ma page blanche et commencer à écrire lentement, tranquillement sans avoir cette pression. De plus, j'ai la chance d'habiter dans un endroit très calme. Pour composer, c'est idéal. Pour ce qui est de ma vision du Flamenco, je suis agréablement surpris du Flamenco tel qu'il est aujourd'hui. Il y a trente ans en arrière, quand je commençais à mettre des voix sépharades dans le Flamenco avec des artistes comme Françoise Atlan, j'appréhendais les réactions de l'entourage. La première fois que j'ai présenté toutes ces compositions au producteur  Isidro Muñoz, le frère de Manolo Sanlucar, celui qui a produit les films de Carlos Saura, je me disais qu'il n'allait pas comprendre, qu'il n'allait pas accepter ce projet. C'est vrai que quand on amène des projets si modernes, il y a trente ans en arrière, c'était dur. Je me demandais si je n'allais pas trop vite, si je n'étais pas en train de les bousculer. Heureusement que je suis tombé sur quelqu'un comme Isidro car il a tout de suite compris qu'il fallait le faire et que c'était une très bonne idée. Pour revenir à ta question, le Flamenco d'aujourd'hui emprunte à beaucoup de cultures musicales, à la danse contemporaine, que ce soit le classique ou autre. Je trouve cela très bien. Mais il y en a qui le réussissent mieux que d'autres.

- On peut dire que tu fais partie de ceux qui ont ouvert la voie, n'est ce pas?

- Sans fausse modestie, cela fait longtemps que je suis là- dedans. Au début c'était moins bien accepté. Il y avait toujours des puristes. Je me rappellerai toujours des réactions face à la « Sinfonia Flamenca ». Cette création a beaucoup fait parler en positif mais aussi en négatif. Je ne me suis pas pris pour Mozart mais j'avais simplement envie d'entendre ma musique dans toute sa "splendeur" avec une orchestration. J'ai fait l'album qui est allé aux Grammy Awards et je me suis retrouvé à concourir avec Diego El Cigala, José Merce, Pepe de Lucia! Je me retrouve à Miami avec tous ces gens. Cela m'a beaucoup rassuré. Meilleur album de l'année avec tous ces gens, oui cela encourage à suivre ma lignée artistique. C'est pour cela que la vision du Flamenco telle qu'elle est aujourd'hui, je trouve cela très bien. Il y a des gens qui excellent dans la tradition et qui veulent rester là-dedans. C'est parfait. Il y en a d'autres gens qui osent davantage et je trouve cela très bien aussi. Je pense à des artistes comme La Tremendita, Israel Galvan.

- Quel circuit as-tu fait et quels sont tes nouvelles destinations pour la tournée de cet album? Quels sont tes projets?

- Là, je viens de tourner au Maroc. On a fait une vingtaine de dates dans toutes les villes impériales, donc inutile de te dire que le projet a été très bien accueilli. Zyriab est passé au Maroc aussi. J'ai fait beaucoup d'interviews, pour les télés et la presse marocaine. On envisage de présenter ce projet aux Etats Unis, au Canada, au Nouveau Mexique, en Europe. En parallèle de cette tournée, j'ai aussi le projet de présenter une nuit de la guitare avec Al di Meola. C'est un projet qui me tient à cœur car justement Al Di Meola fait partie des gens qui m'ont beaucoup inspiré. Quand on a 14 ans et qu'on voit ce trio Al Di Meola, Mac Laughlin et Paco de Lucia, on ne peut qu'être impressionné par tout cela! J'ai eu la chance de tourner longtemps avec Larry Coryell qui était le quatrième guitariste de l'époque.  J'ai rencontré Al Di Meola à New York quand je donnais un concert. Il était dans la salle, devant moi. Il est venu me voir dans les loges après le concert. Il m'a salué et il m'a dit "Dans un mois je joue en France; je t'appellerai et on jouera ensemble". J'étais bien surpris. Un mois après, effectivement, le téléphone sonne et il jouait en France; on a joué ensemble, comme prévu. Ce sont des moments qui sont importants pour moi.

- L'accueil du public par rapport à ton album, quel est-il? Quels sont les retours?

- Je dois t'avouer que depuis que l'album est sorti j'ai énormément de presse très favorable à propos du disque. Hier je faisais une interview en Pologne, la semaine dernière aux Etats-Unis, la semaine d'avant au Mexique. En Espagne, j'ai fait toute la presse nationale. En Angleterre aussi. C'est un projet qui séduit énormément. Je crois que les gens ont besoin de se retrouver et de moins se sentir divisés. Ce projet montre que cela peut fonctionner. La musique c'est un langage universel. Je ne parle pas marocain, ni l'algérien, je ne parle pas le libanais et pourtant on s'est compris sans problème. J'ai reçu une lettre de l'UNESCO hier pour me remercier d'avoir réalisé cet album. Cela fait vraiment plaisir. Je pense qu'un des messages importants de cet album c'est "Salam", qui veut dire "la paix".

- Merci beaucoup Juan pour cet entretien, pour ce magnifique album que nous écoutons en boucle et pour cet appel à la fraternité humaine. A très bientôt!

 

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boutons018 Site web de Juan Carmona: www.juancarmona.com

 

 

 

 

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