Musique Alhambra

L'Actualité du Flamenco

 

  

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Interview d' Inma La Carbonera réalisée par Isabelle Jacq 'Gamboena', en septembre 2010,  pour Musique Alhambra

 

 

 

- Inma, tu as déjà donné des concerts à Paris, n'est-ce pas?

- Oui, je suis venue à Paris une première fois pour participer au Festival Larachi Flamenca. Là bas, j'ai rencontré l'équipe de Flamenco en France qui m'a proposé de chanter dans le cadre du Festival 'Voix de femmes' qu'elle organisait, l'année dernière.  

- Ce soir, comme l'année précédente, tu étais accompagnée par le guitariste 'El Mati'...que souhaiterais tu nous dire à propos de ta collaboration avec lui?

- El Mati, je l'ai rencontré à Séville et il m'a proposé de travailler avec lui pour ce concert car nous avions déjà travaillé ensemble l'année précédente et cela s'était très bien passé.  Nous avons travaillé seulement deux fois ensemble et pourtant il y a déjà beaucoup de complicité et de respect entre nous. Nous avons une relation qui dépasse le professionnel car nous sommes aussi des amis. Je pense que le public  ressent ce  compagnonnage, sur scène.

- Oui, nous avons ressenti cette belle amitié sur scène...on dit que le chant Flamenco se transmet oralement. As-tu reçu un enseignement? et avec qui?

- Mon père était cantaor Flamenco, mais il est décédé d'un accident de voiture quand j'étais petite. C'est ainsi que sa vie et sa carrière artistique se sont arrêtées brutalement. Il m'a transmis cette passion pour le cante. Chez moi, le flamenco était toujours présent; ma mère était  très flamenca. Elle aimait beaucoup l'art. Tous mes frères et sœurs sont des artistes  'de puerta pa dentro',  nous nous sommes formés à la maison. Je fus celle qui a choisi de me dédier au cante Flamenco.

- Quand as-tu décidé de te professionnaliser?

- Les choses se sont faites naturellement et sans que je m'en aperçoive réellement. J'avais toujours chanté à la maison. Il  y avait souvent des opportunités pour présenter notre show familial aux autres, dans toute la famille. C'est ainsi que j'ai découvert mon envie de chanter. Plus tard, des personnes extérieures à la famille nous invitèrent à chanter et j'acceptai, tout naturellement.

- Tu es née à la Cité des 3000, au "Poligono Sur" à Séville. Pourrais-tu nous raconter ton enfance dans ce quartier?

- Mon enfance était comme celle de tous les marginaux et je me souviens d' une vie très différente de celle que je mène, maintenant. Tous les gens qui habitaient dans ce quartier étaient pauvres.  Il n'y avait  pas d'école. J'ai été scolarisée par la suite, lorsque nous avons quitté las 3000 et que nous nous sommes installés dans un autre village. C'était à l'adolescence et j'ai réalisé à quel point j'étais différente des autres; j'ai vu les contrastes et les inégalités entre les gens. Ce fut une période assez difficile, pour moi. 

- Quand tu vivais dans le quartier de las 3000 Viviendas, y as-tu côtoyé les artistes Flamencos qui y résident?

- En fait, je les ai côtoyé plus tard, quand je me suis dédiée exclusivement au cante. 10 ans passèrent depuis le moment où je quittai le quartier jusqu'à ce que je me dédie totalement au cante. Il faut noter que la majorité des grands artistes viennent de ce quartier. J'y retourne régulièrement du fait que ma sœur habite dans la zone marginale de las 3000 Viviendas. Je garde donc aussi un lien avec les artistes et les habitants.

-Où résides-tu maintenant?

- Je vis à Sanlucar La Mayor, cela fait 5 ans maintenant. C'est un petit village à 15 km de Séville, ville où je travaille. Dans ce village, je trouve la tranquillité et comme j'ai un fils, j'ai voulu ne pas mélanger ma vie professionnelle et ma vie de mère.

- Ton surnom, La Carbonera, d'où provient-il?

- J'ai travaillé pendant 3 ans à 'La Carboneria', une Peña et un lieu emblématique du Flamenco, à Séville.  Avec le violoniste Alexis, le guitariste Carlos Heredia et le cantaor Enrique Heredia nous formions un quartet de Flamenco fusion et nous travaillions ensemble tous les jours . C'est de cette période que provient mon nom d'artiste 'La Carbonera'.

- Parlons de ta voix qui est magnifique. Il y a une jondura, une teinte tragique nuancée par de la douceur et de la sensualité. As-tu travaillé ta voix? a-t-elle changé au cours des années?

- Ma voix, je ne l'ai pas réellement travaillée. Elle sort, tout simplement, mais je crois qu'elle s'est nuancée et teintée, avec le temps. Quand j'étais plus jeune, ma voix était déjà douce mais j'étais plus agressive. La façon dont je prenais la vie, cela façonnait ma manière de chanter. Avec l'expérience et le temps, ma voix s'est posée.

- Le Flamenco, qu'est ce que cela représente pour toi?

- Je suis née dedans et même avant de naitre, je ressentais et entendais déjà le Flamenco dans le ventre de ma mère. J'aime cet art car il vient de mon père, de ma famille, de mes amis, de mes racines. Mais, la musique c'est quelque chose de plus large et donc je ne me centre pas exclusivement sur le Flamenco. Je chante sur d'autres styles de musiques et collabore avec des artistes d'horizons divers. En fait, ma voix peut s'adapter à beaucoup de genres de musiques. J'ai travaillé, par exemple, avec de la musique cubaine, avec du tango argentin. Ma voix colle presque mieux au tango argentin qu'au Flamenco...

- Travailles-tu avec un groupe, ou plusieurs?

- Oui, je travaille avec plusieurs formations. Je travaille depuis un an avec 'Mermaid's Call' ('le chant des sirènes'), une compagnie contemporaine. Je chante du Flamenco sur de la musique électronique et contemporaine. C'est une fusion et un concept qui me plaisent beaucoup. Après avoir présenté notre travail en Espagne, nous effectuons une tournée dans plusieurs pays et avons déjà eu de très bons échos de la part de la critique et du public. Je travaille aussi dans une compagnie de tango Argentin et nous faisons tourner le spectacle  intitulé "Tango, de los pies al corazón". Avec ma voix flamenca, je chante  un répertoire de tangos des années 40. Nous avons donné la première à Madrid et cela a été un vrai succès. En parallèle de ces tournées, j'ai préparé aussi la biennale de Séville.

- Actuellement tu prépares ton premier album, n'est-ce pas?

- Effectivement, après avoir participé à plusieurs albums, je prépare mon premier album, celui qui représente mon travail, mais ce n'est pas du Flamenco...

-Mais ta voix est  Flamenca... Pourrais-tu nous préciser le contenu de cet opus?

- J'ai focalisé mon attention sur un répertoire des années 70. Je fais une sorte d'hommage aux  cultures latines en faisant référence au folklore Mexicain, argentin et cubain. Dans cet album, j'explore la capacité que j'ai à pouvoir chanter sur ces différentes musiques car je souhaite élargir mes perspectives, ouvrir mes portes au monde, aux autres pays et aux autres cultures. Je collabore aussi avec Junior, un  rappeur , qui est un ami proche. C'est une belle collaboration. Je suis très contente du résultat.

- Quand reviens-tu donner un concert à Paris?

- Je reviens à Paris pendant deux soirées consécutives, les 19 et 20 novembre prochains, dans le cadre du Festival 'Larachi Flamenca'.

- Nous avons hâte de découvrir ton album et de revoir sur la scène parisienne...merci et à bientôt Inma.

- Merci à toi..