La
sortie en DVD des documentaires "Huelva Flamenca",
"La sombra de las cuerdas" ("L'ombre des cordes") et "El
Niño Miguel en concierto" est un évènement majeur dans
le monde du Flamenco tout d'abord parce qu'il concerne
Miguel Vega de la Cruz, plus connu sous le
nom d'El Niño Miguel, artiste né à Huelva en
1952 et qui est l'un des plus grands guitaristes Flamencos . La deuxième raison pour laquelle le mundillo se
réjouit de la sortie de ce coffret DVD est que ces
documentaires ont été réalisés avec beaucoup de sensibilité,
objectivité et sans verser dans le voyeurisme, nous faisant
ainsi découvrir le talent des réalisateurs Benoît Bodlet,
Annabelle Emeline et Chechu. Nous avons rencontré Benoît Bodlet
lors de son passage a Paris et c'est avec beaucoup
d'enthousiasme que nous avons réalisé l'interview qui
suit:
-
Benoît Bodlet, ton nom est étroitement lié au monde du Flamenco
depuis que tu as réalisé deux documentaires:
"Huelva Flamenca" et
"La sombra de las cuerdas". Nous aimerions connaitre ton
parcours professionnel et savoir ce qui t'a amené à réaliser ces
documentaires.
- J'ai une formation de philosophe et j'ai
commencé à enseigner la philosophie pendant 2 ans 1/2. Entre
temps, j'allais en Andalousie quelques fois dans l'année. C'est
là bas que j'ai découvert le Flamenco et, de fil en aiguilles,
j'ai rencontré Niño Miguel, sa famille, ses amis, et tous les
artistes de Huelva. Comme j'avais en même temps très envie de
faire des films , des documentaires, je me suis dit que ce
serait un bon sujet de documentaire. J'ai donc proposé le projet
au C.R.R.AV, une association qui s'occupe du cinéma, de
l'audiovisuel dans la région Nord Pas de Calais, d'où je suis
originaire. Le projet a été accepté et donc nous sommes allés
filmer, puis, cela a pris des proportions inimaginables.
-
Pourrais-tu nous parler de "Huelva Flamenca" et du synopsis de
ce documentaire?
- Ce documentaire traite du Flamenco à Huelva. Au
départ, je voulais faire un portrait de Niño Miguel mais je me
disais que c'était un peu difficile de faire un portrait sur un
mendiant. En plus, à l'époque, c'était quelqu'un de difficile à
aborder et à trouver. Je me suis dit que si je n'arrive pas à le
trouver et si cela ne marche pas, ce sera difficile. J'ai donc
proposé un sujet plus général sur Huelva, sur les Fandangos, sur
le quartier gitan, le folklore. Il se trouve que Huelva est une
province qui a d'énormes richesses musicales et culturelles. De
là est né le documentaire "Huelva Flamenca".
-
Dans le deuxième documentaire "La sombra de las cuerdas", tu réalises le portrait d'El Niño
Miguel. Comment as-tu rencontré Miguel et pourquoi as-tu décidé
de faire ce documentaire?
- J'ai connu Miguel dans des circonstances un peu
étranges, un dimanche à 4 heure du matin. Huelva est une petite
ville mais assez grande pour avoir du mal à trouver quelqu'un
quand on le cherche. Il faisait le tour de tous les bars.
J'étais avec mon ami Alvaro qui le connaissait très bien et
comme c'est quelqu'un qui a l'époque ne parlait pas beaucoup car
il était enfermé sur son monde, il s'exprimait plutôt avec sa
guitare, c'est d'ailleurs ce qu'il fait toujours. Maintenant il
parle un peu plus.
- On
peut dire que c'est l'un des plus grands guitaristes de tous les
temps. Comment perçois-tu Miguel?
- Au début, je ne savais pas du tout qui il
était, ce qu'il représentait. J'avais du mal à imaginer tout ce
que l'on me racontait. On me disait: "ce guitariste c'est un
grand, un génie". J'avais bien remarqué qu'effectivement il
jouait très bien, qu'il jouait des choses exceptionnelles avec 3
cordes, ce qui est pratiquement impossible pour n'importe quel
guitariste. Je me demandais quelle était la part de légende et
de fantasme.
- On
peut préciser qu'il a eu une période de gloire puis des
problèmes psychiques qui l'ont amené à une descente aux enfers.
Il a eu différents problèmes qui ont fait qu'il a été
marginalisé. Tu es allé à la rencontre de quelqu'un qui était
dans une période de marginalisation qui durait depuis plusieurs
années. Comment a-t-il accueilli ton projet de faire un
documentaire sur lui?
- ...pas avec indifférence, mais presque. Lui, il
est là, il joue et si on le filme, ça le laisse indifférent car
il est dans son monde. Bien sur, je devais lui dire et lui
expliquer ce que j'étais en train de faire. Il me donnait son
accord, mais le
fait d'être devant la caméra, cela ne changeait pas
fondamentalement le rapport qu'il avait avec les autres. On
sentait qu'il ne remarquait même pas la présence de la caméra.
-
Quel est ton lien avec le Flamenco? as-tu une pratique
artistique en rapport avec le Flamenco?
- La première fois que j'ai écouté du Flamenco
c'était lorsque j'était dans le sud, en Camargue, qui n'est pas
le Flamenco que l'on peut entendre en Andalousie mais c'était le
Flamenco des gitans de Camargue. C'était Manitas de Plata
que mon père adorait et qu'on allait voir chaque année près de
la Grande Motte. C'est quand je suis arrivé en Andalousie que
j'ai découvert les disques de Camarón
et ceux de Niño Miguel que j'ai pu écouter en direct et puis
ces artistes de Huelva qui ne sont pas professionnels mais ceux
qui portent toute cette culture qui n'est pas non plus celle
qu'on retrouve sur scène. C'est plutôt une culture des bars, des
tavernes, du Flamenco vivant. Je joue un peu de guitare, de
palmas.
- Tu
as travaillé en équipe pour réaliser ces documentaires.
J'aimerais que tu nous parles de ta manière de travailler avec
ton équipe.
- Nous sommes organisés comme un collectif et
surtout, ce qu'il faut comprendre, c'est que cela représente 5
ans de ma vie, 5 ans de nos vies. Comme nous filmions à
différentes périodes, nous alternions des moments de tournages,
des moments de montage et aussi, parfois, des moments où chacun
repartait dans sa vie ou travaillait. Il n'y avait pas vraiment
de frontière entre le travail documentaire, le fait de filmer et
notre vie personnelle. Les gens que j'ai rencontrés, en
l'occurrence Annabelle et Chechu, ils se sont
joints au projet parce qu'il n'y avait pas d'autres solutions.
Nous avions chacun notre domaine de prédilection. Chechu,
c'est un peu plus la caméra, moi c'était un peu plus la
direction au sens strict et Annabelle
s'occupait plus de l'écriture et du montage, mais nos rôles
n'étaient pas cloisonnés; de plus, comme chacun apportait sa
petite touche et que nous ne sommes pas du tout dans une
revendication d'auteur, c'est pour cela que nous l'avons signé à
3. Puis, bien sûr, je veux souligner le travail de l'ingénieur
du son Ulysse, au rôle primordial dans un documentaire musical.
-
L'objectif du documentaire "La sombra de las cuerdas", quel
est-il?
- En fait, l'objectif c'était de parler d'un
artiste qui était méconnu et justement de parler de l'artiste et
pas vraiment de l'être humain qui était dans une situation
compliquée. Le but n'était pas de faire un documentaire sur un
drogué qui se trouve être quelqu'un de
talentueux. C'était le contraire, c'est de réaliser un
documentaire sur un artiste qui a la malchance d'être drogué,
mais, malheureusement, dans le domaine de la musique, il y a des
cas similaires. Nous ne voulions pas entrer dans une espèce de
voyeurisme qui consisterait à parler de choses qui finalement ne
servent pas à expliquer pourquoi c'est un génie, pourquoi il
joue si bien de la guitare. Finalement, ce sont des histoires
qui sont des accidents mais, fondamentalement, cela ne change
rien si ce n'est que ça à a voir avec sa propre vie et celle du
Flamenco, parce que lui, il a commencé très jeune. Il était dans
une famille qui était pauvre. Il a été en quelque sorte utilisé
par son propre père parce qu'il l'emmenait jouer dans les
tavernes et qu'il n'a pas eu d'enfance comme chacun de nous a pu
l'avoir. C'est quelqu'un qui a commencé à travailler très tôt.
Plus tard, c'est ce qui a du aussi déclencher un mal -être en
lui.
-
L'objectif de ce documentaire, c'était aussi de réhabiliter un
grand artiste, de lui redonner sa place , celle d'une légende
vivante, n'est-ce pas?
- ...Il y avait une urgence, car Miguel était
dans une situation personnelle et psychologique qui était celle
de la détresse. On se demandait même s'il n'allait pas mourir au
coin de la rue. L'urgence, c'était de faire un documentaire qui
puisse appeler l'attention du monde du Flamenco et dire qu'il
faut faire quelque chose pour le sortir de là. Ce qui m'a frappé
c'est sa situation, comment les gens de Huelva le percevaient,
ce que lui vivait au quotidien, et l'image qu'avaient les
artistes qui l'avaient côtoyé, il y a très
longtemps. Quand nous sommes allés à Madrid pour interviewer
Enrique Morente, je me suis présenté en lui donnant mon nom
et en lui disant que je voyais Niño
Miguel tous les jours. Et à ce moment là, il m'arrête et me
dit "tu en as de la chance". Je comprenais en même temps, mais
j'étais surpris car il disait cela avec beaucoup d'envie. Il
était très sincère. Nous lui avions montré des vidéos de lui. Il
était très étonné et disait "il joue encore comme cela!". Il
n'en revenait pas. Le monde du Flamenco l'avait un peu oublié.
-
Les rencontres que tu as faites, les artistes que tu as
interviewés et qui sont des gens qui ont côtoyé Niño Miguel ,
tels que Paco de Lucia, Enrique Morente, Tomatito, tu peux nous
en parler?
-
En fait, ça a commencé avec l'interview de Tomatito parce
que c'est le neveu de Miguel. La famille m'avait gentiment donné
son numéro de téléphone. Je l'ai appelé et lui ai proposé
l'interview. Il m'a dit qu'il était d'accord. Une semaine après,
avec le fils de Miguel, nous sommes allées le voir et donc nous
avons fait cette interview. Le lendemain, nous allions sur
Valence et nous espérions interviewer Paco de Lucia. Tomatito
l'a appelé directement pour lui dire que nous serions à Valence
et que nous aimerions qu'il nous accorde 5 minutes pour pouvoir
lui poser quelques questions. Nous sommes allés le voir à la fin
de son concert. Il nous avait réservé 5 minutes et ça a duré 5
minutes chrono.
-
Les interviews que tu as faites concernant Miguel ont amené une
prise de conscience chez les artistes Flamencos que tu as
interviewés, n'est-ce pas?
- Oui... en fait, nous sommes venus avec des
images que nous avions tournées de lui et nous disions à chaque
fois que Miguel est dans une situation difficile, nous lui
racontions ce que nous savions. C'était un choc pour chaque
artiste interviewé, déjà parce qu'il voyait que c'était
quelqu'un qui n'allait pas bien mais surtout qu'il continuait à
jouer, qui n'était pas du tout handicapé, au contraire, il
jouait même très bien. ça leur a permis de prendre conscience de
ce que vivait Miguel. C'est là que les artistes se sont dit
qu'il fallait faire quelque chose. C'est vrai que nous avons été
appuyés pour pouvoir faire ce documentaire. Puis, il y a eu un
hommage qui a été organisé, qu' Arcangel a organisé avec
quelques amis, à Huelva. C'était en
novembre 2009 et, plus récemment, en 2011, il y a eu le concert
à Séville qui était son grand retour sur scène. Cet évènement
s'est réalisé grâce, cette fois-ci, à une prise de conscience
des institutions puisqu'on était appuyé par l'Institut Andalou
du Flamenco qui a financé une partie des concerts et puis le
Théâtre central de Séville qui nous a été mis à disposition, en
plus de tout le personnel qui nous a aidé.
- Tu
vas sortir prochainement un coffret de DVD. Qu'est-ce qu'il va
contenir précisément?
- C'est un coffret de DVD qui va contenir nos 2
documentaires qui sont "Huelva Flamenca" et "La sombra
de las cuerdas" et un troisième DVD qui est le concert de
Miguel que nous avons filmé au mois de novembre; de plus,
chaque DVD contient des Bonus. Il y a quelques interviews de
différents artistes, de guitaristes, il y a des morceaux inédits
de Miguel que nous avons filmé dans différents endroits,
à différentes occasions. Il y aura quelques archives dont un
morceau inédit de Miguel et de Camarón
. S'il était encore là parmi nous, il aurait été enchanté de
dire quelques mots sur Miguel car ils se sont côtoyés
quand Camarón venait à Huelva. Il allait chercher
Miguel pour pouvoir jouer avec lui. La petite histoire dit
que si Tomatito est devenu son guitariste, c'est parce qu'il
avait un lien avec cette famille de guitaristes que sont los
Tomates et même si Tomatito et Miguel n'ont pas la
même façon de jouer, il y a quand même un air de famille; cela
convenait à Camarón
. Il na pas sorti de disque avec lui, mais nous avons eu la
chance d'avoir l'enregistrement d'un concert qui a eu lieu en
1986, qui est un des rares enregistrements qui existe de
Camarón et Miguel.
- ça
va être passionnant! Quelle est la date de sortie de ce coffret
DVD?
- Il va sortir le 1er octobre 2012.
Nous terminons actuellement quelques détails techniques de droit
et de contrats de distribution.
- Ce
documentaire, comment a-t-il été accueilli par le public et par
la critique? il me semble qu'il a été primé...
- L'accueil du public a été à la hauteur de ce
que nous pouvions espérer. On nous a remercié de l'avoir fait et
de l'avoir traité avec autant de pudeur. C'était notre intention
au départ et je suis satisfait que nous n'ayons pas dépassé
cette ligne. Nous avons réussi à garder un peu de distance en se
limitant à expliquer qui est l'artiste et donc, forcément à
expliquer certaines choses. Mais je suis satisfait parce qu'il
faut aussi prendre conscience que ce document, dans quelques
années, quand nous ne serons plus là, quand Miguel ne sera plus
là, c'est ce qui va rester de son histoire et c'est important
que cela reflète l'image que c'est un génie et qu'il n'a pas eu
de chance à un moment donné de sa vie et d'expliquer que c'est
un génie, indépendamment des circonstances dans lesquelles il a
pu développer son art. C'est important pour les générations
futures de ne pas porter trop l'accent sur ses problèmes
psychologiques et ses problèmes avec la drogue, de la même
manière que ce que l'on retient d'Elvis Presley, ce n'est pas à
la fin de sa vie, quand il est bouffi et qu'il a des problèmes
d'alcool. Pour tous les artistes, on retient l'image la plus
belle.
-
D'avoir réalisé ces documentaires, ce travail de tournage, ces
rencontres que tu as faites, d'avoir côtoyé Miguel, les
interviews de grandes figures du Flamenco, avec tout cela, ton
regard sur le Flamenco a-t'il changé?
- Je ne peux pas dire que mon regard sur le
Flamenco a changé car ma découverte du Flamenco va de paire avec
l'élaboration des documentaires et le déroulement de ceux-ci. Ce
qui, peut-être, aurait été différent, c'est que je n'aurait
peut-être pas pu entrer aussi profondément dans le monde du
Flamenco si je n'avais pas fait ces documentaires. Je n'aurais
pas rencontré tous ces artistes, mais fondamentalement, j'ai
vraiment pris conscience que le monde de la musique est très
difficile, qu'il y a, à la fois, des artistes qui sont reconnus
et très bien lotis, et d'autres, comme Miguel, qui sont
malheureusement sur le bord du chemin. Ce que je retiens, c'est
la chance d'avoir côtoyé tous ces artistes et pour certains,
d'être devenu amis, par ces circonstances là.
-
Pour Miguel, ce concert d'hommage et ces documentaires ont-ils
eu un impact bénéfique dans sa vie? ses conditions de vie
sont-elles meilleures?
- Cela fait 2 ans qu'il est dans une maison de
retraite. Ce n'est pas vraiment l'endroit indiqué parce qu'il
vient d'avoir 60 ans cette année, mais, le plus important, c'est
qu'il est sorti de la rue et que cette maison de retraite est un
endroit où il a réappris à manger à sa faim, où il a une vie
plus réglée, où l'on se lève et où l'on se couche à des heures
précises. Il a pris conscience qu'il était en train de se
détruire et que, s'il continuait comme ça il n'allait pas faire
long feu.
-
J'ai entendu dire qu'il jouait sur une guitare à 3 cordes.
Est-ce une légende?
- Non, c'est vrai. Il faut dire que les cordes
cassent de temps en temps et que ce que font la plupart des
guitaristes, c'est qu'ils les remplacent, alors que lui, il
continue à jouer. De ce fait, il avait développé une capacité à
transposer sur 3 cordes ce que normalement il fait avec 6, ce
qui est assez exceptionnel. Indépendamment des conditions dans
lesquelles Miguel jouait de la guitare, pour les
guitaristes, cela était fascinant de voir jouer un artiste de
cette manière. Ils se demandaient comment il faisait, pourquoi
il choisissait certains accords. C'est assez extraordinaire.
-
Maintenant que tu as fait ces documentaires et que tu t'es
beaucoup investi dans ce travail, as-tu un nouveau projet de
documentaire? quels sont tes projets professionnels?
- Cette année, je vais commencer un documentaire
pour France 3 Nord Pas de Calais. Cela n'a rien a voir avec le
Flamenco. C'est un documentaire d'histoire
sur la première guerre mondiale, sur l'histoire des soldats
indiens qui faisaient partie de l'armée britannique et qui sont
venus mourir dans les tranchées du Nord. Sinon, j'ai d'autres
projets, j'ai envie de continuer à filmer la musique, faire des
documentaires, des portraits.
-
As-tu des projets en lien avec le Flamenco?
- ...Pas pour l'instant. Il
y a des choses que j'aimerais faire, mais nous sommes
malheureusement confrontés au manque de financement ou, disons,
à un financement qui va devenir de plus en plus difficile, voire
impossible, dans une Espagne qui est en crise. L'envie est là,
mais est-ce qu'on me donnera les moyens de le faire?
- Ce
coffret, où pourra-t-on l'acquérir lorsqu'il sera sorti?
- On le trouvera dans quelques endroits à Paris,
mais je ne peux pas encore le dire car il faudrait que j'ai les
accords. Quoi qu'il en soit, on peut l'acquérir via notre site
internet
www.anabenche.es.
-
Que dirais-tu sur le monde du Flamenco? quelle est ta définition
du Flamenco ?
- Il ne faut surtout pas que le Flamenco perde
son essence, c'est à dire, une esthétique qui n'est pas celle
des musiques qu'on connait, une esthétique de la beauté
immédiate, mais plutôt celle de l'expression, même si elle est
quelque fois dure à entendre, dans un sens physique, ce qui
pourrait, pour une oreille profane s'apparenter à un cri de
souffrance. Le jour où le Flamenco perd cette forme d'expression
qui est la sienne, cela deviendra une musique comme les autres,
peut-être facile à entendre, très belle, mais ce ne sera plus du
flamenco. Le problème est de savoir jusqu'à quel point il faut
plaire au public, jusqu'à quel point la commercialisation de la
musique l'influence [...] Miguel est à l'image de cette musique.
Je ne pense pas qu'on puisse comprendre sa musique de manière
immédiate. Il faut une adaptation, il faut aussi faire l'effort
d'entrer dans cette musique. Le Flamenco doit refuser tous les
ornements qui consisteraient à plaire. Il y a des artistes
formidables mais, au niveau des productions musicales, dans les
enregistrements des disques, il y a des choix artistiques qui
peuvent me choquer, que je n'apprécie pas particulièrement. Eux
pensent que c'est ce qui plait, alors qu'ils ne se rendent pas
compte que c'est ce qui rend leur musique très lisse,
finalement, et c'est bien dommage car ce sont des artistes qui,
dans la vie privée, font autre chose. Le Flamenco c'est une
guitare, un chant et des palmas, même s'il y a énormément de
formes jusqu'au Flamenco-jazz, mais la base, elle, ne doit pas
être pervertie.
-
Oui, nous sommes d'accord avec toi... merci beaucoup Benoît pour
ce moment d'échange. Nous avons hâte de découvrir tes
documentaires.
- Merci à toi

Coffret DVD réunissant 3 documentaires:
HUELVA FLAMENCA
LA SOMBRA DE LAS CUERDAS
EL NIÑO MIGUEL EN CONCIERTO

Pour acquérir les DVD:
- à Huelva: Ramblado, C/Rábida, 24 (tlfno: 959 24
69 81)
- à Sevilla: Flamenco y mas, C/ San Luis, 120
(tel: 954 90 87 07)
http://flamencoymas.es/commerce/
- El Flamenco Vive, Madrid
- Disco 100, Barcelona
- Mos Esily, Valencia
-
www.deflamenco.com
+ Infos, contact:
huelvaflamenca@gmail.com
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