Interview
de Kiko Ruiz réalisée par Isabelle Jacq en décembre 2007
pour Musique Alhambra
dans le cadre de la sortie de son nouvel album ‘Tandem’

Kiko Ruiz
-
-
Kiko, il s'est passé beaucoup de choses dans ta carrière artistique
depuis notre entretien en 2004. Pourrais-tu nous faire un récapitulatif
de tout ce que tu as fait?
- ça passe
tellement vite.... cela fait un petit moment que je travaille avec
Renaud Garcia Fons, contrebassiste de renom. Nous élaborons une
belle musique de fusion avec des musiques orientales ,flamencas, de la
musique des pays de l'est. J'ai eu la chance d'enregistrer avec lui
l'album 'Entre mundos', deux ans plus tard, nous avons enregistré un
Live avec DVD 'Arco luz' ; puis j'ai été invité par Jean-Pierre Lafitte
à enregistrer un album avec une grande famille de musiciens de type
occitane. Nous avons enregistré un album ensemble 'Reson'. IL y a eu
l'album 'Cachito de vida', il y a presque deux ans. Je l'ai réalisé avec
des musiciens magnifiques qui m'ont fait le bonheur d'accepter
l'invitation...
et la dernière
nouveauté qui est l'enregistrement de l'album 'Tandem', album qui vient
de sortir
-
Pourrais-tu nous dire comment est venu ton projet de réaliser cet
album ?
- Avec Ravi, on se
connait depuis déjà plusieurs années. Nous enseignons tous les deux à
l'école musicale à Toulouse, on s'est donc croisé plusieurs fois ...Il y
a deux ans, il m'a appelé pour travailler dans un de ses projets , une
comédie musicale, ce que j'ai accepté. On a fait cette création, nous
l'avons fait tourner et cela a fait naitre l'envie de réaliser un projet
ensemble en montant ce duo. L'album a été enregistré chez Ravi.
Nous avons invité un musicien Jacky Grandjean à la basse, sinon
toutes les parties ont été jouées par nous. Nous avons utilisé quelques
samples et quelques boucles d'une manière assez légère.
- Qu'as tu
voulu mettre dans cet album?
- Pour moi, Tandem
n'aurait pas existé avec quelqu'un d'autre que Ravi. C'est une
histoire formée de deux identités et que l'une ne fonctionne pas sans
l'autre, c'est une entité.
- Pourquoi ce
titre 'Tandem'?
- Nous souhaitions
donner un titre qui ne soit ni en indien, ni en Espagnol. Il fallait une
connotation universelle, que tout le monde puisse comprendre. Tandem se
dit aussi en anglais.
-Le fait de
faire coexister deux univers musicaux différents, l'un flamenco, l'autre
indien du sud, est-ce que cela a été facile?
- En fait, je ne
me suis pas posé la question. J'ai beaucoup de respect pour la musique
indienne et la culture Flamenca. Le flamenco c’est la musique dans
laquelle je suis né et que je pratique. En fait, je me suis laissé
aller dans cette chose où l'aspect humain et la musique cohabitent.
C'est une vibration qui passe par la musique et par l'humain. Je l'ai
vécu d'une manière très naturelle, et je pense que Ravi aussi.
C'est plus qu'une fusion entre la musique indienne et le Flamenco,
c'est une fusion entre Ravi et Kiko, c'est l'univers de
Ravi qui s'unit à mon univers. Chacun de nous a fait un chemin par
rapport à sa propre culture pour trouver ce qui vient de nous même.
Ravi domine ses connaissances par rapport à sa culture et il en est
de même pour moi et à partir de là on s'est dit que l'on voulait faire
de la musique ensemble et les idées sont venues au fur et à mesure. Un
recul a été nécessaire lorsque nous avons voulu enregistrer l'album.
Nous avons structuré tout cela pour équilibrer le tout.
- Qui a composé
les paroles et la musique? Est-ce le fruit d'un travail commun aussi?
-
La musique, nous l'avons écrite tous les deux, même si nous avions des
propositions personnelles, et ses propositions ont donné naissance et
provoqué des choses chez l'autre. Concernant les paroles, c'est Ravi qui
les a écrites dans la mesure où il chante dans sa langue, dans son
dialecte.
- Dans cet
album, travailles tu avec les palos où vous êtes vous rencontré sur un
autre terrain rythmique?
- C'est vrai que
quand j'aborde la musique, j'essaye de l'entendre avec un format dans
lequel j'ai été nourri. Il y a tellement de styles dans le Flamenco que
je ne me suis jamais senti limité pour essayer d'adapter tel ou tel
rythme à un rythme flamenco. Par exemple Ravi m'avait fait la
proposition de jouer un style libre qui est inspiré de la cana qui est
un style Flamenco. Ce n'est pas une vrai cana non plus. Il y a une
inspiration qui provient de là mais comme c'est un style libre il n'y a
pas du tout de rythme mais une pulsation qui se rapproche de ce rythme
- Joues- tu
aussi sur des rythmes indiens dans cet album?
- Si je l'ai fait,
je l'ai fait sans m'en rendre compte car je ne connais pas suffisamment
cette culture. Il n'est pas improbable que dans la façon de cadrer les
cycles il y ait une influence indienne. Ravi t'en dira plus que
moi à ce sujet.
- Pourrais- tu
nous citer quelques thèmes contenus dans l'album?
- Parmi les thèmes
de l’album, il y a 'Nihure', un titre à consonance indienne ; le thème'
Esperanza' est une rumba, 'Flores' est une buleria, 'Tandem' qui est
aussi le titre de l'album est un thème très particulier, à la fois
tribal et contemporain ; nous trouvons aussi une 'Valse à Ravi'. 'Parashurama',
qui signifie Lune et soleil est un morceau libre, une balade qui a une
inspiration indienne par l'utilisation la tambula qui est un instrument
typiquement indien.
- Dans quel
registre musical classes-tu l'album Tandem ?
- C'est un album
qui est le fruit de la rencontre de deux individus, l'un qui a évolué
dans la culture indienne et l'autre qui baigne dans la culture Flamenca.
Il oscille entre le Flamenco et la musique indienne. On pourrait classer
l’album dans le style 'Musique du monde'. Cet album s'adresse tout
d'abord aux gens qui me connaissent ou qui connaissent Ravi ou
qui nous connaissent tous les deux. J'ai des racines et une culture
Flamenca, mais en même temps je me suis détachée du Flamenco pour faire
une musique de la façon que je l'entends car, ne résidant pas en
Andalousie, ma situation géographique me pousse à agir ainsi.
- Cet album
a-t'il changé ta vision de la musique ou est-ce une étape dans ta
carrière artistique?
- Chaque aventure
est l'occasion de découvrir les choses de la vie, de se découvrir
soi-même, d’aller à la rencontre de soi, découvrir les autres et
apprendre des choses sur le plan humain et aussi sur le plan musical.
C'est aussi une étape, un épisode de ma vie, c'est une façon de jalonner
mon parcours artistique.
-
Quelles sont tes prochaines dates de tournée pour la sortie de
l'album?
- Pour la sortie
de l'album, nous organisons un concert à Toulouse et nous offrirons
l'album à la sortie du concert. C'est une opération promo qui me semble
intéressante. On ne fait pas un album juste pour les vendre ; c'est
aussi pour faire connaitre un projet et qu’il soit à la portée de tous.
- La tournée
pour la sortie de l'album Tandem est-elle ponctuée d'autres projets
artistiques?
-
Oui,
en décembre j'enregistre un autre album en quartet avec Renaud Garcia
Fons. J'aimerais aussi enregistrer un nouvel album en 2008. J'ai eu
aussi une collaboration avec Yasmin Levi. Nous avons collaboré lors du
festival de Toulouse. J'ai aussi le projet d'enregistrer un album sur le
thème d'un chanteur espagnol Antonio Molina. Il y a aussi l'autre
projet avec Victoria Abril. On nous a réuni pour un concert en
hommage à Claude Nougaro dans le cadre d’un festival. Elle m'a
proposé de faire des choses avec elle. Elle vient d'enregistrer un album
de chansons françaises. Je l'ai aidé à préparer cet album, à choisir les
thèmes et à conditionner ces thèmes par rapport à un répertoire
Flamenco.
- Quelles ont
tes impressions à propos de 'Tandem'?
- C'est un album
qui est le reflet de ce qu'on sait faire mais il y a aussi une démarche
spirituelle. On a essayé de faire en sorte qu'il y ait une belle
intention et que cela contribue à ce qu'on vive une vie meilleure.
-
Merci Kiko pour le temps que tu nous a accordé pour l’entretien.

Interview de Ravi Prasad réalisée par Isabelle Jacq en décembre 2007
pour
Musique Alhambra

Ravi Prasad
- Ravi, quel
est ton lien avec le Flamenco?
- Je suis arrivé
en France en 1985. C'est à ce moment là que j'ai eu l'occasion d’écouter
de la musique Flamenca pour la première fois. J'ai tout de suite senti
une attirance. J'ai ressenti un lien avec cette musique et qu’elle
m’apporterait quelque chose par rapport à ma culture. Depuis que j'ai
quitté l'Inde, je ne fais plus de musique indienne, je fais ma musique
avec ma culture. Je n'ai pas cherché forcément à travailler avec un
flamenquiste, j'ai simplement attendu le bon moment, les bonnes
rencontres qui me permettent de faire la musique.
- Est-ce la
première fois que tu collabores avec un artiste flamenco?
- Avant de
travailler avec Kiko, j'ai travaillé avec Pedro Soler.
Nous avions travaillé ensemble jusqu'en 1999. Nous avions fait beaucoup
de concerts. Cela restait un dialogue entre la musique indienne et le
Flamenco. Nous avions enregistré un album ensemble et nous avions
beaucoup tourné, puis, peu à peu, nous nous sommes éloignés
naturellement.
- Comment as-tu
rencontré Kiko?
- Je connais
Kiko depuis 20 ans car nous étions professeur de musique dans la
même école. On se croisait régulièrement. Un jour, Kiko me
propose de m'accompagner en voiture jusqu'au métro, c'est là que l'on
s'est échangé nos coordonnées. Six mois après je proposais 'Ponguel', ma
création musicale, au théâtre musical. J'avais besoin d'un guitariste
et j'ai pensé à Kiko. Je l'ai appelé et cela a été le début d'une
collaboration. Lorsque l'on se retrouvait à Saint Priest, nous
improvisions ensemble parfois, et il y avait quelque chose qui coulait
de source. Cela n'était pas intellectuel. Entre nous il y avait une
évidence et en même temps je trouvais ce que je cherchais dans mon
parcours avec le Flamenco, j'avais l'impression d'aller plus loin.
C'était une rencontre entre deux êtres humains. Comme j'ai un studio à
la maison, j'ai propose à Kiko d'enregistrer notre musique. C'est
comme cela qu'est né l'album Tandem.
- Quel est ton
apport dans cet album?
- Je suis musicien
et chanteur. J 'ai écrit les paroles à l'écoute de la mélodie ou avant
la mélodie. je chante donc ces paroles et comme je suis aussi musicien,
je joue de la flute
- Que
racontes-tu dans tes chansons?
- Je chante
l'amour, l'amour universel. Par exemple 'Nihure ', c'est le bruit des
grelots typiques que portent les femmes lorsqu'elles dansent. Je ne
raconte pas une femme mais les femmes en général. 'Manasoru', c'est un
état de conscience lorsque la fonction du mental me permet de toucher le
spirituel. En fait, la musique, c'est presque un prétexte pour aller
plus loin. Le texte est un moyen de rythmer la musique, cela me permet
de m'exprimer.
- Quelles sont
les langues que tu as utilisées pour écrire les paroles de cet album?
- J'ai utilisé
trois langages dans les textes de Tandem. Le Malayalam, le sanscrit, et
le Hindi.
- As-tu intégré
des rythmes indiens dans ta musique?
- Quand on rentre
dans la musique indienne, on découvre que c'est une musique très
complexe, pour finalement exprimer quelque chose de simple ; donc avec
Kiko, lorsque nous avons fait cette rencontre Tandem, nous voulions
faire une musique simple mais sans compromis pour le public. C'est une
musique naturelle.
- Quelles sont
tes impressions sur ce travail?
- Habituellement
je n'aime pas particulièrement réécouter mes albums, mais pour Tandem,
c'est autre chose. Pour l'album Tandem, je réagis différemment. Ce
week-end, nous sommes partis, nous avons fait 350 km et j'ai mis deux
fois l'album. Avec cette musique je peux aller plus loin, elle est
accessible pour moi aussi. On peut pénétrer dans cette musique parce
qu'il y a de belles mélodies, de beaux arrangements, la musique c'est
tout le temps un dialogue, la musique est spontanée, elle donne envie de
bouger...
- Donc tu es
satisfait de cet album, n'est ce pas?
- Je suis plus que
satisfait, je suis ravi!
- Merci à toi
Ravi pour tout et à très bientôt…

KIKO RUIZ et RAVI PRASAD sont des artistes de chez
WORLD MUSIC COLORS.
Toute leur actualité est à suivre aussi sur
les sites web suivants:
www.kikoruiz.fr
www.raviprasad.com
www.worldmusiccolors.com
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le nouveau dossier de presse de Kiko Ruiz
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