Interview de Cristo Cortes réalisée par Isabelle Jacq,

en mars 2008, pour Musique Alhambra

- Cristo Cortes, tu es considéré comme l’un des plus grands chanteurs de Flamenco en France et tu es sollicité par de nombreux artistes au travers le monde…Comment es-tu venu au Flamenco ?

- Je suis issu d’une famille gitane d’Almeria où l’on chante le Flamenco. Mon père chante, ses parents chantaient aussi et moi, je suis le cadet de 9 enfants. Des 7 garçons , il y en a 5 qui chantent. Je chante depuis mon plus jeune âge.

- Tu résides à Marseille ainsi que les membres de ta famille. Tes parents sont-ils arrivés jeunes, en France ?

- Mon grand-père a quitté Almeria pour s’installer en Algérie. C’est là que sont nés mes parents. A cette époque, l’Algérie était française. En 1952, ils sont arrivés à Marseille.

- Certains de tes frères sont des chanteurs professionnels. Comment s’est passée cette professionnalisation pour toi ?

- J’ai débuté avec mon frère Luis d’Almeria, à l’âge de 15 ans et comme j’ai bientôt 37 ans, cela fait déjà plusieurs années…Tous les week-end, nous allions dans les bodegas qui sont des restaurants un peu chics où l’on pratique le Flamenco. Le public m’a entendu, apprécié et c’est ainsi que, peu à peu, j’ai commencé ma carrière artistique.

- As-tu toujours voulu chanter ?

- A l’origine j’ai fait des études de coiffure, car mes parents redoutaient le métier de chanteur. Selon eux, c’était un métier difficile, où il n’y a pas de sécurité matérielle. Ils ont donc voulu que j’ai un métier stable, en parallèle. J’ai   pratiqué pendant 6 mois le métier de coiffeur tandis que je faisais des tournées et enchainais des contrats en Europe. Donc le choix de me consacrer principalement au chant s’est imposé à moi, au fur et à mesure.

- Tu as travaillé avec beaucoup d’artistes en Europe et participé à plusieurs enregistrements d’album. Quelles sont les quelques collaborations que tu souhaites évoquer ?

- J’ai travaillé en 1996 avec Carmen Linares dans le spectacle intitulé « Le cantique spirituel », produit par Vicente Pradal. C’est ainsi que j’ai connu Carmen Linares qui m’a proposé un rôle important : Elle était la femme et moi j’étais l’amant. Suite à cela, elle m’a sollicité pour le spectacle « La Parala ». Ce spectacle a tourné pendant trois semaines, en Espagne. Concernant les enregistrements d’album, je citerais ma participation au très bel album ‘El Romancero Gitano’ de Vicente Pradal.

- Quels sont principaux conseils que tu donnerais à l’aficionado qui aimerait apprendre à chanter ?

- La meilleure manière d’apprendre le chant, c’est de savoir écouter et de savoir apprendre, écouter les autres et être à l’écoute de soi-même, car savoir écouter est un art. Il est nécessaire aussi de prendre des conseils de ceux qui maitrisent le chant.

- Dans les registres musicaux autres que le Flamenco, les chanteurs se tiennent debout pour chanter. Pourquoi les chanteurs de Flamenco sont assis, la plupart du temps, lorsqu’ils chantent ?

- Personnellement, je me sens mieux assis car, ainsi, j’ai une certaine stabilité qui me permet de mieux gérer ma voix. Quand je chante debout, je titube parfois car on entre tellement en transe qu’on ne sait plus où l’on est à cause des efforts que l’on fait, surtout que j’éprouve à ce moment là le besoin de fermer les yeux. Il peut même m’arriver de manquer d’oxygène tellement l’effort est intense, d’où le risque de perdre l’équilibre si l’on est debout. De plus, le fait d’être assis me permet d’exprimer tout ce que je ressens, sans avoir de contraintes physiques. 

- Y a-t-il un chanteur où une école qui t’inspire plus particulièrement dans ta manière de chanter ?

- En fait, c’est plutôt un mélange de plusieurs chanteurs : Camaron, Agujetas, Borrico, Chocolate, Jose Merce et d’autres. C’est la somme de tous ces artistes qui peut parfois m’inspirer.

- Nous avons assisté ce soir au très beau spectacle dans lequel tu chantais et accompagnais la danseuse Yasaray Rodriguez. Comment ressens-tu ta collaboration avec cette danseuse ?

- Yasaray m’a sollicité pour chanter dans son spectacle car elle a eu  en Espagne des échos très élogieux à mon sujet. C’est pour cette raison que Jean-Paul Ferrand, directeur artistique de Planète Andalucia a fait appel à moi.

- Le fait de vivre en France et de continuer ta carrière artistique dans ce pays est-ce un choix ? As-tu déjà eu l’envie d’exercer ton métier en Espagne ?

-Oui, il y eu une période où je suis parti travailler en Espagne, lorsque je travaillais avec Juana Amaya. A cette période, j’ai travaillé avec les plus grands, mais, finalement, j’ai choisi de vivre et travailler en France, car je m’y sens bien. L’Espagne, j’y vais pour les vacances Flamencas durant lesquelles je fais de belles rencontres artistiques.

- Quels sont tes projets ?

- J’ai un projet qui me tient à cœur avec Joss Rodriguez qui a monté un site qui se nomme 'Flamenco- Events'. Nous préparons un spectacle qui sera un parcours de toute l’Andalousie avec la guitare et le chant. C’est un spectacle traditionnel et ce sera mon spectacle.

- Nous saluons au passage nos amis Isabelle et Joss Rodriguez; Nous découvrirons ton spectacle avec plaisir… Merci beaucoup Cristo et à bientôt !

Visiter le site Web de Cristo Cortes: http://cristocortes.free.fr