Musique Alhambra

L'Actualité du Flamenco

 

  

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Inès Bacan                                                 

Née à Lebrija en 1952 dans une famille flamenca de gitans musiciens. Elle a chanté au sein de sa famille jusqu'à ce que son frère Pedro Bacán la révèle comme cantaora au public espagnol au début des années 90 et lui fasse peu à peu prendre conscience de l'art qui peut être le sien. Elle devient alors l'une des grandes figures féminines du cante, notamment en Espagne et en France, accompagnée par Pedro Bacán à la guitare et dans la vie artistique. Lorsque celui-ci disparaît en 1997, elle décide de continuer à chanter.

"Aujourd'hui, personne ne chante comme Inès Bacán. On peut tenter de comprendre pourquoi en s'arrêtant sur tel ou tel facteur musical. Il y a sa voix, puissante mais retenue; bien timbrée, avec ce qu'il faut d'Eco gitano et de voile, amis en maintenant toujours une certaine clarté. il y a la Lenteur frappante de son compás, de son rythme dans le chant. On a toujours chanté avec une certaine lenteur chez les gitans de Lebrija, notamment par rapport aux gens de Jerez ou de Cadiz. A Lebrija et à Utrera, les gitans chantent plus campo, plus terrien et moins marin. Il y a ausi le caractère tempéré du chant d'inès. En règle générale, le Flamenco des grands cantes de base (solea, siguiriya, martinete, saeta, tiento, certaines bulerias, etc.) repose sur une structure à dominante modale; le système tonal occidental y est marginal et l'attraction du système tempéré de l'échelle en demi-tons est moins forte que dans d'autres cantes. La voix se meut assez souvent par alternance de sons tempérés. Il y a une tension interne au son qui n'est pas linéaire dans sa hauteur. Il ne s'agit pas de justesse. Les cantaores entendent très bien quelle hauteur de son ils chantent; il s'agit d'une structure de musique vocale qui rejoint d'autres traditions orientales ou occidentales non tempérées. Il se trouve qu'Inès Bacán a une maîtrise exceptionnelle de ce cante a-tempéré. Peut-être n'en trouve-t-on pas d'autres exemples à ce degré. Ceci joue un rôle important parmi les moyens de son expression. Mais au-delà de ce qui est analysable, il y a Inès elle-même. Pourquoi son chant touche -t-il autant? Inès est sans apprêt. Elle donne l'émotion profonde, dans un chant qui est aussi un dire (un decir), avec une extrême simplicité. La tension lyrique la plus forte est aussi la plus ludique. Il faut la voir, en réunion de cante ou sur scène pour constater l'intensité de son rayonnement et en subir l'emprise. Elle rend manifeste ce qui semblait pouvoir être énoncé. Rarement le chant Flamenco aura été aussi peu tributaire des apparences sociales. Il y a chez Inès un peu de toutes les Vierges andalouses et le peuple andalou ne s'y trompe pas, qui voit en elle comme une certaine image de la grâce qu'il reconnaît sur leurs visages" .Fréderic Deval, Directeur de la collection Flamenco Vivo.

Discographie :
"Soledad Sonora" / Coll. Flamenco Vivo - Auvidis
"Pedro Bacan et le Clan des Pinini : En public à Bobigny" / Pee Wee