"Je
nais à Madrid, le 6 avril 1969, d’une mère
française d’origine slovène et d’un père
espagnol, bohème et fantasque, politiquement
engagé contre le régime franquiste, qui voue
sa vie au théâtre le jour et dirige une
imprimerie clandestine la nuit.
La fin d’une dictature est
souvent la plus aveuglément violente : mon
père disparaît souvent de nombreux mois, ses
dix frères et sœurs se dispersent eux aussi
entre Espagne, Belgique, France et Brésil –
deux d’entre eux se suicident – et ma mère,
à bout de ressources, décide pour moi d’un
exil au « pays de la lumière toujours
éteinte », comme je l’appellerai quand je
parlerai français.
Car quelqu’un a bel et
bien éteint tout espoir de revoir les miens
et ma terre, ma belle terre brûlée et jaune
de Castille, pendant ces années que d’aucuns
pensent « heureuses » parce qu’elles sont
celles de l’enfance.
Je les vis à attendre de
retrouver la liberté de marcher pieds nus,
sans horaires, sur les routes, même si dans
la triste banlieue parisienne, on mange plus
souvent à sa faim qu’en Espagne, alors.
Mais une fois Franco mort,
une fois ses généraux écartés du pouvoir,
j’aurai le bonheur de rejoindre la troupe de
mon père et de sa compagne, la grande
actrice Alicia Hermida : LA BARRACA. Onze
années de tournées dédiées à l’œuvre
intégrale de Federico García Lorca, une
plongée en poésie dont on ne ressort
heureusement pas indemne, et qui m’a
naturellement menée au flamenco comme
l’expression la plus profonde des tensions
entre l’être et le monde. Mes cousins (Jesús
Salázar Montes, Jaime Salázar Losada…) et
les musiciens arabes de la compagnie jouent
et chantent tandis que je danse et
chorégraphie les « pasacalles » qui
précèdent les représentations. Puis on me
confie toute les scènes dansées des pièces
et intermèdes.
Là est pour moi ma vraie
formation, celle de ma sensibilité et de ma
culture.
S’ajouteront à ce sillon
artistique une formation classique en
Conservatoire, en France, puis des passages
à « Amor de Dios », à Madrid, et autres
stages intensifs avec Carmela Greco, La
Truco, La China, Farruquito, Nuria Truco
Pinillos, José Maya, Pedro Córdoba, Yolanda
Heredia, Pepa Molina, María Torres…
En mars 2014, je fonde
L’ACADÉMIE DE FLAMENCO jumelée avec celle de
Madrid et nous collaborons pour former les
élèves à tous les savoir et savoir-faire de
la culture flamenca : flamencologie, compás,
guitare, chant, percussions (palmas, cajón,
castagnettes), danse…
Il s’agit surtout de
préserver et de transmettre l’histoire d’un
peuple qui n’est pas qu’une danse ou une
musique.
Nous accueillons des
artistes de tous les pays (Prado Jiménez,
Miguel Sánchez, Ercan Dursun, Bálint Perjési,
Luis Dávila Oria, Julián Demoraga, Bastián
de Jerez, María Torres…) afin que L’ACADÉMIE
soit un point de rencontre à la croisée des
chemins du monde." Anita Losada
Site Web d'Anita
Losada et de son Académie de Flamenco:
www.academie-des-musiques-et-danses-du-monde.com