Avec: Alberto Garcia
(chant/guitare), Pierre Bertrand (sax, flûte),Nicolas Folmer
(trompette), David Vénitucci (accordéon), Sharon Sultan
(zapateados) et Xavier Sanchez (percussions). Compositions
et guitare soliste : Jean-Philippe Bruttmann.
Ces quelques lignes pour évoquer un magnifique voyage
effectué à l'écoute de 'Macadam Paseo', le nouvel album de
Jean-Philippe Bruttman:
...Cela débute, comme tout voyage, par une valise sous le
bras 'La maleta', mais ce qui est moins anodin, c'est
le motif du départ: 6 cordes tendues, sur un air de rumba,
et chaque corde qui dit 'Viens'.
La musique de Jean-philippe Bruttmann est bien trop
puissante pour nous donner le temps de réfléchir et, tandis
que cet air exerce une formidable attraction sur nous, sans
penser à la destination finale, en quatre minutes 13, la
maleta est faite, nous ouvrons la porte et suivons la
musique de Jean- Philippe qui nous entraine dans un
étonnant 'Macadam Paseo':
Cela se passe au petit matin.
Guidés uniquement par la mélodie et une intro qui évoquent
un moment qui s'éveille, nous entendons un chant. C'est la
voix d'Alberto Garcia.
Puis le sax du grand jazzmann Pierre Bertrand entre
en dialogue avec la guitare de Jean Philippe. Ce
somptueux moment musical nous précise que nous sommes dans
le versant occidental de la ville.
Puis, un nouvel accord de guitare et, sur un tango
Flamenco, nous pénétrons dans une ruelle 'El Caminito'...sentier
bordé de parfums, l'architecture est familière; les portes
s'ouvrent sur notre passage...laquelle franchir? laissons
nous guider par la musique... l'ambiance est paisible,
Jean Philippe poursuit por tangos et sans fermer le
compas, l'air se termine, laissant un espace en suspend,
ouvrant plus largement l'horizon sur le nouveau thème
intitulé 'Timeo'.
Cette fois-ci, la musique reprend sur une rondena qui débute
par un air de flûte traversière. Accordant sa guitare
différemment, Jean-philippe entame un très beau solo
suivi d'un duo avec Pierre Bertrand ,à flûte, et ils
nous emportent cette fois dans la Grèce antique avec des
letras issues de l'épopée mythologique 'l'Énéide'. Avec ce
thème, Jean-Philippe Bruttmann fait référence au
spectacle qu'il a réalisé en 2005 et qui évoque la crainte
de l'homme par rapport aux croyances et à la finitude. La
tonalité musicale est plus grave, chacun plonge dans une
intériorité nous mettant en contact avec notre profondeur,
et notre rapport à la vie et à la mort. Parcours initiatique
qui se poursuit à la flûte puis Alberto Garcia
conclut par le refrain 'Timeo danaos et dona ferentes'.
Une Solea qui débute par un taconeo réalisé par la
grande danseuse Sharon Sultan annonce la prochaine
étape de ce voyage:
C'est la 'vuelta'. Détour ou retour vers soi-même,
chemin d'errance et de solitude . Après un époustouflant
solo de guitare, Jean-Philippe accompagne les
taconeos avec une acuité qui témoigne de sa grande
expérience de la scène et de sa complicité de chaque instant
avec Sharon, sa partenaire artistique. Dans ce chemin de
solitude et de douleur, le rythme accompagne la musique.
Cette présence musicale et rythmique se fait de plus en plus
intense, et le crescendo des taconeos exécutés avec
fulgurance nous ramène à la vie, au partage... ce détour
nous rend plus fort, plus vivant, la vie reprend de plus
belle, rayonnante.
Par le thème suivant 'Tsadok', nous arrivons au carrefour de
plusieurs orients: cette ambiance orientale est accentuée
par la présence de l'accordéon chromatique joué par David
Venitucci. 'Tsadok' est un mot qui vient de l'hébreu 'Tzadik'
et qui signifie 'sage'. Tsadok est aussi un thème
oriental issu du spectacle 'La Venta Quemada',
création de Jean-Philippe. Ce thème est une évocation
du savoir et de la sagesse, de son lien avec le monde
andalou et le monde roumain.
'Esperanza', c'est le thème suivant:
La vie et le voyage continuent . La flûte distille une
mélodie douce , apaisante, en duo avec la guitare dont les
accords nous mènent vers une joie intérieure, un regain de
vie et d'enthousiasme.
Le thème 'El abuelo' conclut magnifiquement le voyage
et l'album. Ici, Jean-Philippe nous parle de son
grand-père et c'est aussi un hommage aux anciens qu'il rend
au travers de ce thème.
'Decir la muerte es igual que decir dios' chante
Alberto Garcia, puis, il poursuit:
'A la tarde de la vida,
por culpita ser un hombre,
esperando a la muerte,
el abuelo dice: no te preocupes.
Decir la muerte es igual que decir dios.
Semos todos hermanos en este mundo.
Para siempre te llevare en mi pensamiento'...
Ces sublimes coplas écrites par Jean-Philippe
terminent l'album au rythme d'une buleria dans
laquelle flûte, guitares, trompette et voix fusionnent dans
un merveilleux moment musical, nous ramenant à cette idée
fondamentale que tout passe, mais seul l'amour demeure...
Merci Jean-Philippe pour ce merveilleux 'Macadam
Paseo', qui est l'œuvre d'un virtuose, et d'un guitariste
inspiré...un album finement ciselé qui va sûrement faire son
chemin et qui, par certains aspects, n'est pas sans rappeler
l'album 'Cositas buenas' du Maestro Paco, par sa
finesse , sa qualité et sa perfection technique...