« Soy
Flamenco
» : «
Je suis
Flamenco
».
Ainsi se
définit
l’amateur
de
flamenco
authentique,
l’aficionado
ultime,
celui
qui se
donne
corps et
âme pour
vivre et
promouvoir,
jour
après
jour, la
musique
Flamenca.
Quelle
plus
juste
définition
aurait
pu
choisir
Tomatito
lorsque
l’on
sait la
légitimité
qui est
la
sienne :
lui le
gitan,
petit-fils,
fils et
neveu de
guitariste
qui
depuis
45 ans
suit un
processus
de
maturation
cohérent
en
dédiant
sa vie à
son art
et sa
famille.
Pour
ceux qui
ne
connaitraient
pas
encore
Tomatito
ni la
place
qu’il
occupe,
on a pu
entendre
ce
disciple
de Paco
de Lucía
auprès
du
légendaire
chanteur
Camarón
de la
Isla
(qu’il
accompagna
les 18
dernières
années
de sa
vie) ou
dans les
films de
Tony
Gatlif.
Il a
collaboré
avec
George
Benson,
Frank
Sinatra,
Elton
John,
Mecano,
Neneh
Cherry…
Lauréat
d’un
Latin
Grammy
Award en
Flamenco
et d’un
second
en latin
Jazz
pour sa
collaboration
avec
Michel
Camilo
(L’album
«
Spain
»)
Tomatito
est
probablement,
avec
Paco de
Lucía,
le seul
guitariste
andalou
dont la
renommé
dépasse
le cadre
du
milieu
Flamenco
pour
toucher
un large
public.
Il est
l’une
des
figures
majeures
du
Nuevo
Flamenco,
à la
croisée
des
musiques
gitanes,
jazz et
world.
Un
courant
qui a
notamment
permit
l’émancipation
de la
guitare
(originellement
réservée
à
l’accompagnement
de la
danse et
du
chant),
l’introduction
de
l’improvisation,
d’harmonies
nouvelles
ou de
nouveaux
instruments
tels que
le cajon,
la basse
électrique…
Sur cet
album
très
personnel
et
attendu,
Tomatito
opère
une
synthèse
de ses
45 ans
de
carrière.
Il en
résulte
un
disque
dépouillé
d’artifices
dont
émane
une
grande
sensibilité
et un
profond
sens de
la
nuance.
Avec «
Soy
Flamenco
»,
Tomatito
s’est
senti
libre de
parcourir
une
impressionnante
variété
de
styles
et de
formules
qui
respectent,
alternativement
ou
simultanément,
l’esprit
et la
lettre
du
Flamenco.
Il est
ainsi le
compositeur
de 7 des
10
pièces
présentées
sur cet
album
qui
représente
le
flamenco
d’aujourd’hui
à son
plus
haut
niveau.
Il
suffit
d’entendre
le
guitariste
jongler
avec la
rythmique
complexe
d’une
Bulería
(« Soy
Flamenco
», «
Despacito
»)
harmoniser
audacieusement
une
Solea («
La
Fuentecica
»),
revisiter
Tangos
(«Asomao
a mi
ventana
»),
Rondeñas,
Seguiriyas
(« El
Regalo »
avec la
voix de
Camaron)
- autant
de
rythmes,
de «
palos
»
ancrés
dans la
chair
même du
flamenco
- puis
passer
avec
autant
d’aisance
et de
raffinement
à une
Rumba
funkisante
(« M.
Benson
»), ou
une
Cancion
Flamenca
Jazz («
Our
Spain »,
particulièrement
touchante
et
convaincante)
pour
s’en
laisser
persuader.
L’on
peut
tout
aussi
bien se
laisser
pénétrer
par la
beauté
poignante
de «
Cerro de
San
Cristobal
» pour
réaliser
sans
effort
que
Tomatito
est au
sommet
de son
art :
inspiration,
toucher,
nuance,
rigueur…
et
toujours
dans
l’émotion.
Des
qualités
qu’il
doit non
seulement
à ses «
gènes »
(comme
il le
dit
lui-même)
mais
aussi à
ses amis
en
mentors
à qui il
n’oublie
pas de
rendre
hommage.
Moraito
Chico
tout
d’abord,
disparu
en 2011
et à qui
Tomatito
dédie
une
buleria
desdobla
intense
: « A
Manuel,
Moraíto
Chico ».
Puis (et
surtout)
Paco de
Lucía et
Camarón
de la
Isla qui
l’ont
découvert
dans un
tablao
(taverne
flamenco)
de
Malaga
alors
qu’il
n’avait
que 12
ans. Le
miracle
de la
technique
permet
ainsi au
Maestro
et à son
disciple
d’accompagner
à
nouveau
leur
regretté
ami
Camarón
sur «
Corre
por mis
venas ».
Emouvantes
retrouvailles
où les
guitaristes
se
mettent
sobrement
au
service
du
cantaor
disparu…
La voix
de
Camarón
donne
toujours
autant
de
frissons
et le
vide
qu’il a
laissé
n’est
pas prêt
d’être
comblé.
Comme le
dit
Tomatito
: «
Le débat
actuel
sur la
succession
de
Camarón
est
absurde…
Le
soleil
brille
toujours,
et même
si on
essaye
de le
couvrir
il
brillera
toujours…
Nous
voulons
ériger
des
soleils
mais
comme
ils sont
faux,
ils ne
brillent
pas…
»
Tomatito
continue
pour sa
part à
être le
virtuose
sensible,
attachant
et
humble
qu’il a
toujours
été. Ce
nouvel
album en
est la
plus
belle
preuve.