Reportage sur le spectacle "Arena" d'Israel Galván à la Maison des Arts de Créteil

 mardi 7 novembre 2006

Texte:  Isabelle Jacq

Photos: Nathalie Goux

"Sublime Israel Galvan ! "

C'est dans la grande Salle de la Maison des Arts de Créteil que le bailaor Sévillan Israel Galvan a présenté son spectacle 'Arena' au public parisien, mardi 7 novembre 2006.   Novateur, avant-gardiste, atypique, impressionnant, tels sont mes maîtres mots de ce spectacle basé sur le thème de la corrida et  qui a fait salle comble , tenant le public en haleine pendant 95 minutes.

 Dans le spectacle" Arena", Israel Galván  rendait hommage à l'histoire de la tauromachie au travers de six tableaux, évoquant dans chacun d'eux le taureau qui a mis à mort leur torero. Le spectacle a débuté avec la scénette intitulée  "Bailador" , nom du taureau qui tua Joselito El Gallo en 1920. Israel Galván a dansé pieds nus uniquement dans cette chorégraphie , à l'intérieur d'un cercle lumineux, espace représentant l'arène . Au delà du faisceau de lumière,  le décor de la scène était sombre et dépouillé donnant ainsi toute la force à l'espace  concentrique dans lequel Israel dansait. En fond de scène, un écran blanc. Sur chaque coté des formes évoquant une pendaison animale.  Vêtu d'une manière très sobre, Israel Galván interpréta les assauts auxquels se livrent l'homme et l'animal. Il était accompagné  au chant par Diego Carrasco et David Lagos, par Alfredo Lagos à la guitare, par Bobote et El Electrico aux palmas, jaleo et pataita. La présence de la banda Charanga Los Sones et l'utilisation de la cornemuse par Mercedes Bernal apportait des sonorités nouvelles à la musique Flamenca . Au travers son baile, il visitait les thèmes de la mort, du courage, du danger, de la douceur  en transformant la scène «en un tableau noir où se résolvent les problèmes mathématiques, les trajectoires physiques, les calculs chimiques de la vie et de la mort». Le spectacle était ponctuée par une vidéo -projection diffusant des images saisissantes d' Enrique Morente chantant , assis auprès d'Israel Galvan, dans une arène, le public en arrière plan.  Des gros plans dans le public décrivait l'ambiance de la corrida. Dans cette atmosphère réaliste, la douleur, le danger  et la solitude du torero et du taureau était au centre de l'arène. Ce duel avait pour issu, dans ce spectacle, la mort inéluctable du torero.

Israel Galván: tour à tour matador et taureau

Tout au long du spectacle, Israel Galván  interpréta quelques palos  ainsi qu'une alegria , explorant ce compas , non pour mimer  la joie des aficionados lors de la mise à mort du taureau, mais plutôt pour s'en inspirer et en tirer une substance nouvelle pour son art. Puis, Israel fixa des couteaux sur ses chaussures et racla le sol , fit des taconeos sur une table , le bruit métallique du couteau donnant le compas. Il utilisa aussi une chaise comme 'partenaire', se livrant à une chorégraphie totalement atypique; Israel se situait bien delà du discours "anti" ou "pro" corrida. Tour à tour matador et taureau, il exprimait les émotions les plus intenses en une gestuelle toute de sincérité et de profondeur. A la fin du spectacle, il s'identifiait tant et si bien à l'animal qu'on l'entendait gémir tel  un taureau exténué; il se heurtait la tête contre le burladero , les spasmes envahissaient son corps et ses bras se tordaient dans une gestuelle impressionnante . Ce spectacle était d'une teneur totalement novatrice, étonnante de liberté et de prise de risques. C' était un témoignage de la force créatrice de cet artiste considéré par Enrique Morente comme 'Le plus vieux des jeunes danseurs'. Créateur d'une gestuelle originale à l'intérieur du langage propre au Flamenco, Israel est un explorateur qui a su intégrer la technique du Flamenco pour la porter plus loin encore; « Arena » est un spectacle hors du commun et résolument contemporain. à voir absolument!

Photos du spectacle 'Arena' réalisées par Nathalie Goux pour Musique Alhambra

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