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1°Rencontres
Internationales de Flamenco de Sanlucar de Barrameda : Le reportage
Textes: Isabelle Jacq
Photo: Nathalie Goux
Organisées par l'équipe de Planète Andalucia et de
P.A Productions en partenariat avec l'Ayuntamiento ainsi
qu'avec plusieurs personnalités et associations présentes dans la vie culturelle de
Sanlucar de Barrameda, les Premières Rencontres Internationales de
Flamenco de Sanlucar de Barrameda se sont déroulées du
21 au 30 juillet 2006 dans différents lieux de la ville andalouse et ont
rencontré un véritable succès.
Le programme du
festival était riche et varié. En effet, des spectacles de grande qualité
avaient lieu dans le magnifique cadre
des jardins du palais des ducs d'Orléans ; Pendant toute la durée du
Festival, une exposition de plasticiens
peintres , photographes sanluquenos et français se tenait dans la
Galerie 'Tartaneros' ainsi que dans la galerie Las Cobachas ; des mini concerts étaient donnés par les artistes du
festival dans la ville. Ainsi, durant 10 jours, la ville de Sanlucar de Barrameda a vécu au rythme du 1° Festival International de Flamenco dont
l'activité rayonnait dans toute la ville. Par cet évènement qui
rassemblait des artistes Flamencos de 14 nationalités différentes avec
ceux de l'Andalousie et plus particulièrement ceux de la région de
Sanlucar, les artistes de Flamenco du monde entier ont rendu un
somptueux hommage à l'Andalousie et ont donné un témoignage concret de
la position de l'Unesco du 25 novembre dernier déclarant que le Flamenco
appartient aujourd'hui au patrimoine immatériel de l'humanité. Le public
constitué en grande partie d'espagnols a accueilli chaleureusement cet
évènement dans la ville . La découverte de ces artistes de nationalités
diverses s'exprimant avec talent dans un art dont les andalous leur ont
transmis l'héritage a été un évènement majeur pour la vie culturelle de
Sanlucar et, plus globalement , pour le monde du Flamenco. Plusieurs
artistes andalous ont participé aux spectacles , créant ainsi une oeuvre
commune avec les artistes d'autres nationalités. En outre, plusieurs
personnalités et organismes de la vie culturelle de Sanlucar avaient
participé à l'élaboration de ce projet. Le succès indéniable de cette
première édition a marqué le début d'une longue collaboration entre ces
partenaires et l'équipe de Planète Andalucia et P.A Productions.
Durant tout le Festival, artistes, partenaires et organisateurs ont vécu
des moments de communion intenses , partageant avec le public cette
évidence qui consiste à reconnaître l'universalité du Flamenco.
Arrivant chaque jour en grand
nombre, le public a assisté aux spectacles qui se
déroulaient presque tous les soirs pendant toute une semaine, dans les
jardins des Palais des Ducs d'Orléans de Bourbon , siège de
l'Ayuntamiento. Vendredi 21 et samedi 22 juillet, six artistes et quatre
nationalités différentes étaient rassemblées sur scène. En 1è partie,
Cristina Aldon ( originaire de Sanlucar) et son cuadro constitué de
Jesus Oliva à la guitare, de Patricia Oliva, au chant, de
Domingo Aldon et Veronica Hidalgo aux palmas.
Artiste au talent prometteur, Cristina Aldon détient une
technique impressionnante du baile . Tout laisse à penser que cette
artiste pourrait tenir une place importante dans le Flamenco de demain.
La deuxième partie du spectacle était consacrée au guitariste slovaque
Flaco de Nerja qui a inauguré la scène, accompagné à la danse par
Cristina Aldon et Yasi de Cuba et son cuadro constitué de
Javier Gomez à la guitare (Espagne, Séville), de Fernando del
Paso (Espagne,Grenade) au chant, de Sandra "La Chispa"
(Autriche) à la danse et de Dino Valeria (Slovaquie) au cajon.
Déjà, on pouvait remarquer l' enthousiasme du public devant le talent de
ces artistes. Vincent Legall, Docteur en musicologie , ne dit-il
pas à propos de Flaco de Nerja ? : " Tout laisse à penser que ce
jeune guitariste marquera l'histoire de la guitare comme l'ont fait
avant lui les Django Reinart, Mac Laughlin, Baden Powel
ou Paco de Lucia dont il suit indiscutablement la voie".
Quant à Yasi de Cuba, cette jeune danseuse est née en 1976 à la
Havane, à Cuba. Depuis 2001, elle réside à Séville , ville dans laquelle
elle a reçu l'enseignement, entre autre, de Milagros Menjibar, Manuel
Soler, Rafael Campallo, Carmen Lesdema et Javier Baron. Sa
prestation fut également très remarquée par le public.
Dimanche 23 juillet, en 1è partie, ce fut le groupe 'Dame
la mano' qui se produisit. La voix fascinante de Clara Tuleda (France)
accompagnée à la guitare par Gregorio
Ibor Sanchez (France) a conquis le public. De leur duo émanait une
harmonie totale. Les inflexions de la voix de Clara se mêlaient aux
accords de guitare exécutés avec une finesse extrême. Fils d'immigrés
espagnols, ces deux artistes sont nés et ont toujours vécu en France. Au
travers de ce spectacle flamenco, ils ont exprimé avec ferveur leur
attachement à leur culture d'origine.
Spectacle du 23
juillet 2006; Photos© Nathalie Goux pour Musique Alhambra: |
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Galerie de Photos
:Nathalie Goux
. Des agrandissements photos sont
disponibles, sur demande. Pour connaître les conditions,
contacter Nathalie Goux , par émail :
gouxnathalie@hotmail.com
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En 2è partie, place au
Trio Michel Albertini, José Siroco et Dimitri Puyalte avec le spectacle intitulé 'Poésie Flamenca et guitare
Flamenca et classique espagnole'. Ils étaient accompagnés
exceptionnellement pour ce soir là par la guitare de
Manuel «
Lin » et par le chanteur Antonio Jurado « El Nono » (de Sanlucar de
Barrameda). Avec sa voix profonde et chaude, Michel Albertini a
fait revivre les poèmes des grands auteurs espagnols et andalous
comme Lorca, Machado, Miguel Hernandez, Louis Aragon, Rafael Alberti,
Miguel Marti Pol, Leon Felipe, José Agustin Goytisolo et José
Angel Valente . Tandis que Michel Albertini disait les
poèmes traduits en Français, José Siroco lisait les textes en
espagnol, au fur et à mesure. Les aficionados y retrouvaient beaucoup de
letras de chansons flamencas traditionnelles. Cette lecture était
ponctuée par le magnifique chant d'El Nono et des moments musicaux de grande
qualité. L'originalité de cette création résidait dans l'association
simultanée des textes originaux et des traductions et dans la
combinaison judicieuse de musique, chant, guitare, danse et lecture .
Sachant que le principe de ce Festival était de favoriser le fait de
réunir sur scène des artistes qui ne s'étaient jamais produits
ensemble auparavant, les artistes sanluquenos (El Nono et Manuel «
Lin ») n'avaient pas répétés auparavant ce spectacle avec les
artistes du Trio Albertini . Chaque artiste avait d'autant plus de
mérite de se produire ainsi sur scène et ce fut pour eux aussi une
véritable rencontre artistique qui s'effectuaient entre eux, ce soir là.
Quant à Michel Albertini, quelle intensité dans sa voix , et
quelle présence extraordinaire sur scène! . Michel faisait
revivre ces poèmes avec la force tellurique qui les caractérise. Chaque
mot émergeait avec vigueur du profond de son être ...un véritable don de
soi en faveur de la poésie espagnole et du Flamenco . Magnifique!"
Spectacle du 23
juillet 2006: 'Poésie
Flamenca et guitare Flamenca et classique espagnole';
Photos© Nathalie Goux
pour Musique Alhambra: |
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Galerie de Photos: Nathalie Goux
. Des agrandissements photos sont
disponibles, sur demande. Pour connaître les conditions,
contacter Nathalie Goux , par émail :
gouxnathalie@hotmail.com |
Le lendemain, lundi 24 juillet, dans la bodega Pedro Romero, une soirée musicale a rassemblé le public
autour d'un spectacle de grande qualité avec la chanteuse française
Clara Tuleda , le français Gregorio Ibor Sanchez à la guitare et
El
Nono, chanteur Sanluqueno.
Jeudi 27 et vendredi 28 juillet à
22h30 , place à la création internationale réalisée dans le
cadre de "Flamenco sin fronteras". Rassemblant 16 artistes de 8
nationalités différentes, la première partie du spectacle était
intitulée « Flamenco y Caballos »
avec Raquel Villegas à la
danse, et Luis Cayetano Del Bustillo et ses chevaux de la cuadra
Alargavista . Accompagné par le jeune et talentueux Diego Villegas aux instruments à
vent et le cuadro Flamenco de "A Contratiempo' (guitare, chant,
percussions), ce spectacle fut très remarqué. Voir des chevaux montés
par un cavalier d'une élégance extraordinaire, exécutant des figures
majestueuses avec son cheval , tandis que Rachel Villegas dansait ,
tournait et virevoltait sous la croupe du cheval, le domptant des yeux et
des gestes , dansant la sévillanes et autres palos avec lui, cela a ravi
le public . Ce fut un spectacle époustouflant et très applaudi .
S'en est suivie la 2è partie du spectacle qui consistait
à présenter les danseuses, tour à tour, chacune dansant sur leur
création originale, en duo ou seule, accompagnée par Roberto d'Armiento
(Italie) et Dimitri Puyalte (France) aux guitares. Le
public a apprécié tout d'abord le Duo d'Eva Luna accomplissant
avec Lola Eiffel (Espagne) une
chorégraphie Flamenca atypique, incorporant des figures acrobatiques
dans leurs mouvements. Puis , ce fut le tour de 'La Sole' (États
Unis), Giorgia Mariani (Italie), Alba lucera (Suisse),
Alejandra Gonzalez ( Mexique), et
l'artiste libanaise Yalda Younes. Chaque artiste apportait sa
touche personnelle , modelée par sa personnalité et sa culture d'origine
qui influençaient la danse de chacune d'elles. Nous étions, à nouveau,
face à une pluralité de styles et d'inspirations avec le Flamenco comme
dénominateur commun. La prestation de Yalda Younes fut aussi très remarquée .
Avec un style personnel et novateur, Yalda Younes dansait sur une
musique signée par le compositeur Zad Moultaka (Liban)
qui diffusait des bruits de bombes , de mitraillettes mêlés à des taconéos et des
voix off, faisant 'allusion' à la guerre qui ravage le Liban, et plus
généralement, à toutes les guerres qui ravagent le coeur des êtres qui
la vivent. Cette création poignante d'intensité et de profondeur a
totalement bouleversé le public. Ce fut une véritable révélation pour le
monde du Flamenco.
Samedi 29
et dimanche 30 Juillet à 22h30: Honneur au grand danseur Juan
Polvillo et son cuadro International (
5 nationalités: Espagne,
France, Japon, États Unis, Allemagne).
Il était accompagné par José Manuel Tudela (Espagne) et
Manuel Delgado (France) à la guitare, par Emilio Cabello (espagne)
et José Cortes (France) au chant. Juan Polvillo
(Séville, espagne) est l'un des plus grands danseurs Flamencos actuels .
Sa carrière a pris une dimension internationale depuis ces dix dernières
années, ce qui l'a amené à se produire dans plus de 20 pays. Il a
partagé la scène avec les plus grands comme Manolo Marin,
Carmen Linares, Maria Pages et Carmen Montoya,
chanteuse qu'il a retrouvé sur scène lors de ces deux soirées Flamencas
. Juan Polvillo possède un sens inné du contraste. Si puissant
et si masculin dans sa danse, il fait trembler la terre sous ses
taconeos, puis, d'une manière totalement inattendue , avec une douceur
infinie et une parfaite maîtrise de chaque geste, il frôle notre âme par
des mouvements subtils et souples. Juan met tous nos sens en
éveil, nous emporte dans un tourbillon d'émotions et un bouillonnement
de vie... fantastique!!! La chanteuse Carmen Montoya , de
la célèbre 'Familia Montoya' a littéralement ébloui le public avec sa
voix, son charisme et sa chaleur humaine. Poussant son micro au loin,
elle s'est mise à chanter a cappella, interpellant le public et le
faisant s'impliquer émotionnellement dans son chant. Ce fut un très beau
moment. Puis les danseuses Remi Del Sol (Japon) , Isabel
Aguirre (France), la Maha (États Unis), Helena Martin
(Allemagne) ont dansé tour à tour sur scène, donnant un bel aperçu de ce
qu'est le plus haut niveau du Flamenco international actuel.
Exposition 'Flamenco, Toros y Caballos'
Durant le Festival , une
exposition Intitulée 'Flamenco, Toros y Caballos' réunissait les oeuvres
de plusieurs
artistes peintres et photographes étrangers et locaux dans la Galerie 'Tartaneros',
ainsi que dans la galerie Las Cobachas , sous l'égide de l'association
culturelle pour le développement de l'art contemporain . Ces
artistes proposaient au travers de leurs oeuvres un regard personnel sur
le Flamenco et la culture andalouse. Beatriz Moya, travaillant
principalement avec la couleur rouge, développe tout un langage pictural
d'une densité extraordinaire, incorporant parfois des collages ou des
fragments de textes qui se révèlent peu à peu au spectateur. Dans sa
peinture, Beatriz exprime ses origines ibériques avec toute la force de
sa culture d'origine. Du rouge profond au rouge vermillon, l'univers
pictural de Beatriz Moya est résolument Flamenco . Catherine Leborne
a proposé quelques tableaux sur le thème de la tauromachie,
sujet qui lui tient particulièrement à coeur depuis plusieurs années.
Pour cette exposition, elle rajouté quelques oeuvres sur le thème de la
danse. Chaque détail est peint avec une infinie précision. Le sens
du mouvement , l'harmonie des formes et des couleurs sont les
caractéristiques majeures de ces oeuvres picturales extraordinaires.
Jouxtant les peintures des autres artistes, les photographies
Nathalie Goux qui étaient exposés furent aussi très remarquées par
le public. 20 photos couleurs (format 30X 40) étaient présentées.
On pouvait apprécier des portraits guitaristes , chanteurs et danseurs
Flamencos. La particularité de l'oeuvre de Nathalie Goux réside dans le fait qu'elle sait
capter sous son objectif des attitudes et des instants inédits . La
beauté d'un geste, un regard, un sourire, un corps, tous ces éléments
prennent une dimension particulière dans ses clichés car ils révèlent la profondeur de
l'émotion qui émane de chaque instant qu'elle photographie. Nathalie
aime aussi capter sous son objectif photographique l'interaction qui
existe entre le danseur, chanteur et guitariste. Plusieurs de ses
photographies en témoignent. Les artistes peintres Paco Madame,
Guillermo Oyagues , E. Perez Suero et Isabelle Jacq (oui, c'est bien moi )
ont présenté également quelques unes de leurs oeuvres picturales les
plus récentes.
Exposition 'Flamenco, Toros y Caballos'.
Photos© Nathalie Goux
pour Musique Alhambra: |
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Galerie de Photos: Nathalie Goux
. Des agrandissements photos sont
disponibles, sur demande. Pour connaître les conditions,
contacter Nathalie Goux , par émail :
gouxnathalie@hotmail.com
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Impressions recueillies à propos
de la Première
édition des Rencontres Internationales de Flamenco de Sanlucar de Barrameda:
" J'ai assisté à plusieurs spectacles et cela a été une
grande satisfaction pour moi et pour les sanluqueniens de voir ensemble des artistes sanluqueniens
et des artistes
qui, pour la plupart ne sont pas issus de la culture andalouse. Réunir
dans plusieurs points de la ville des artistes Flamencos , danseurs,
guitaristes, artistes plasticiens, autour d'un spectacle ou
d'expositions, cela est très agréable pour nous. Le fait de réussir à
rassembler toutes ces nationalités autour du flamenco, c'est aussi très
plaisant. J'apprécie beaucoup le concept de ce Festival, et j'espère
avoir le plaisir d'assister à la prochaine édition". Myriam Velasquez,
membre de la fondation' Eduardo Dominguez Lobato', à Sanlucar de
Barrameda
" L'objectif global de ce festival était
de montrer que désormais, le Flamenco s'est mondialisé. Comme nous avons
réussi à réunir 15 nationalités différentes pour cette première édition,
c'est très bon signe et nous pouvons même dire que nous avons atteint notre
objectif... La réussite de ce festival est un argument fort pour
soutenir le développement du Flamenco en France." Christophe
Fourrel, président de l'association Planète Andalucia
" Malgré le fait que le Flamenco ne
soit pas leur culture d'origine, beaucoup des artistes étrangers qui
ont participé à ce festival nous ont démontré leur compréhension
fantastique du Flamenco. Lorsque j'écoutais Flaco de Nerja, par exemple,
j'avais vraiment l'impression qu'il était Andalou. Quand j'ai appris
qu'il était slovaque, alors cela m'a vraiment confirmé le fait que le
Flamenco s'adresse à toutes les cultures. Les artistes andalous et sanluqueniens qui étaient présents avaient aussi beaucoup de talent.
Juan Polvillo a aussi été une belle révélation pour tous les
sanluqueniens. Grâce à ce festival, nous avons découvert plusieurs
artistes internationaux. Ici, à Sanlucar de Barrameda, le Flamenco
s'écoute autour d'un verre, ou dans la rue; tout le monde danse plus ou
moins, chante ou joue de la guitare. Ici, nous sommes au 'sud du sud' , dans
la région où est né le Cante Jondo. Ici, la musique que l'on écoute dans
les salles de spectacle , c'est la musique classique. Je remercie
Jean-Paul Ferrand et toute l'équipe organisatrice de ce Festival d'
avoir élevé le Flamenco au rang de la musique classique et de nous
montrer l'universalité du Flamenco. Je suis donc très satisfait de ce
Festival et j'attends avec impatience la prochaine édition, à Sanlucar
de Barrameda" Pepe Oliva, Flamencologue
" Cette première édition est
perçue par l'ensemble des sanluqueniens comme une belle réussite
artistique. Ce festival s'est déroulé dans un lieu magnifique,
l'Ayuntamiento de Sanlucar qui nous demande de refaire ce festival
l'année prochaine. Nous sommes actuellement en période de réflexion et
de recherche de partenariat car nous pourrons pérenniser ce
Festival si de nouveaux partenaires se joignent à ceux que nous avons
déjà. " Laurent Milhou, membre de l'équipe de Planète Andalucia.
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