Musique Alhambra

L'Actualité du Flamenco

 

  

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Interview de Kanélé réalisée par Isabelle Jacq 'Gamboena' en mai 2010,  pour Musique Alhambra

 

 

- Kanélé, le spectacle que tu as présenté dans le cadre du festival 'Ascension Flamenca' de Banyuls/Mer, a obtenu un véritable succès. L'idée de participer à ce Festival, comment est-elle venue?

- Il y a un certain temps, je suis parti  en Allemagne avec Pedro Soler pour faire un concert de cante et, à notre retour, il m'a proposé de faire ce concert sous la forme d'un cuadro Flamenco traditionnel. Cela fait deux ans que le Festival Flamenco de Banyuls/Mer existe et c'était l'occasion justement de faire du Flamenco parce que nous adorons cela et cela nous fait beaucoup de bien de faire du traditionnel. Du fait que nous avons enregistré un album flamenco fusion dans lequel nous mélangeons plusieurs styles, revenir au traditionnel, c'est toujours très agréable.

- Les musiciens qui constituent ton cuadro Flamenco sont-ils les mêmes que ceux avec lesquels tu as enregistré ton nouvel album?

- Oui, ce sont les mêmes musiciens et nous venons tous de la tradition du Flamenco. En ce qui me concerne, j'ai toujours accompagné le baile et comme j'écrivais de plus en plus, j'avais besoin de m'exprimer au travers d'autre chose. Les textes m'ont amené à écrire la musique d'une autre manière.

- Tu viens de Perpignan. Comment s'est déroulée ta formation dans ta ville natale?

- Au départ, j'ai travaillé avec toutes les danseuses qu'il y avait à Perpignan. J'ai commencé très jeune dans le chant, en cantaor pa tras; c'est vrai que cela m'a toujours intéressé d'accompagner la danse. Je suis d'origine andalouse. Ma grand-mère est gitane andalouse. Elle est venue à Perpignan et s'est mariée à un gitan catalan d'ici. Je me suis formé à Perpignan. A la maison, j'entendais un peu chanter et vers 17 ans, on est venu me chercher. On m'a proposé d'accompagner la danse et je me suis mis à accompagner la danse.

- Quelqu'un chantait ou dansait dans ta famille?

- Ma mère chantait. Artistiquement, je trouvais cela super, mais elle n'en a pas fait son métier.

- Qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer professionnellement?

- On est venu me chercher pour l'accompagnement de la danse et je me suis pris au jeu.

- Tu sors ton troisième album. Peux-tu nous expliquer les étapes de ta carrière artistique auxquelles chaque album correspond?

- Le premier album a été enregistré en 1999 'Desde Francia'. C'est une carte postale du moment enregistré très vite. Le deuxième album est un travail sur le poète Federico Garcia Lorca. Il s'appelle 'Gitano en Nueva York'. Dans cet album, l'écriture prend déjà une part prépondérante. J'ai mélangé mes textes à ceux de Lorca. Je compose aussi avec mes musiciens. J'écris un peu les paroles et les mélodies. Sur le dernier album, j'ai pratiquement tout écrit. J'ai fait aussi une reprise de la chanson 'Je suis malade' de Serge Lama. Je l'ai réécrit en essayant de respecter le côté Flamenco. Dans ce nouvel album, il y a une idée que je voulais affirmer, celle de ma mixité culturelle. Il y a un morceau que j'ai intitulé 'Andalunia'.  Cela représente la confrontation entre espagnol et catalan, ce qui est de bonne guerre avec Barcelone et Madrid. Andalunia est représenté par un personnage que j'ai inventé. C'est un minotaure entre le taureau et l'âne car nous sommes en catalogne,  région où l'emblème est l'âne et pour l'Espagne, l'emblème c'est le taureau. J'ai mélangé ces deux identités et j'ai crée une république qui s'appelle Andalunia, entre la Catalogne et l'Andalousie, pour abonder dans les mélanges. L'album 'Entre dos mundos', c'est tout cela.  Pour certains, la rumba a une connotation péjorative. Pour moi, la rumba fait partie intégrante de ma vie, et je considère qu'une rumba bien faite peut avoir beaucoup de présence. Je n'avais pas envie de séparer tous ces styles. C'est un album de musique et ceux qui veulent y trouver du Flamenco, ils le trouveront aussi. Cet album est un album Flamenco, mais non traditionnel. Il y a par exemple un bolero très cubain. J'ai écrit un texte pour le mettre en bolero. Il y a beaucoup d'ambiances, d'atmosphères et d'influences. Je n'avais pas envie de mettre des barrières. Par ce fait, les morceaux Flamencos ressortaient encore plus. Il y a un martinete, fandango, une alegria.

- En fait, tu crées ta propre identité an travers cette fusion...

- Oui...le public qui vient nous voir sait que Kanélé peut faire de la rumba, de la solea, un martinete. C'est une histoire d'ouverture, de sincérité. Quand nous faisons les choses avec sincérité , les gens le ressentent.

- Tes références dans le Flamenco?

- C'est Jerez: El Torta, au chant, el Morao à la guitare, Tio Borrico et d'autres...

- Composes-tu la musique et les textes dans ce nouvel album?

- Oui, pratiquement tout hormis la reprise dans laquel j'ai adapté les paroles; Il y a aussi une chanson de Manuel Serra qui s'appelle 'Mediterranea', chanson que j'adore et que je trouve bien dans l'esprit de la méditerranée, sur un rythme de buleria. J'ai écrit toutes les paroles des autres thèmes et j'ai composé les musiques.

- Quels sont les artistes qui t'accompagnent?

- Il y a Olivier Morlan, à la guitare, François Miniconi aux percussions, Philippe Elias à la guitare électrique, et Floriane, mon épouse, à la danse.

- Comment as-tu choisi les musiciens qui t'accompagnent?

- Nous travaillons ensemble depuis une dizaine d'années. Nous nous sommes rencontrés en accompagnant dans les ateliers. Nous avons commencé à faire des choses ensemble. François, le percussionniste, nous a rejoint il y a 6 ans.

-Avez vous montés d'autres spectacles ensemble?

- Oui, l'année dernière, nous avons monté un spectacle qui se nomme 'Señorita Isabel' dans lequel nous nous inspirons de la vie d'Elisabeth Eidenbenz, une jeune infirmière autrichienne qui, sous l'égide de la Croix Rouge Suisse, mit en place une maternité pour les réfugiées espagnoles et qui accueillit aussi des mères juives, tsiganes ou celles fuyant la barbarie nazie, pendant la guerre.

- Merci Kanélé pour ce moment passé avec toi et à très bientôt.

- Merci à toi aussi...

 

Visiter le site web de Kanélé: www.kanele.net