Interview de Duquende
réalisée par Isabelle Jacq en mars 2007
pour Musique Alhambra

Sur scène, Duquende vit profondément son chant. Le
duende est là , dans sa voix, dans son corps qui se plie ou
s'ouvre au fur et à mesure qu'il chante. Sa voix touche et
bouleverse le public. Imprégnés par la magie de son spectacle qu'il a
donné ce soir là, au Grand Rex, nous avons rencontré Duquende, dans sa
loge. Homme d'une bonté et d'une humilité profondes, Duquende répondait
à nos questions, d'une voix douce et posée:
Isabelle: - Duquende, ce soir, tu as offert au public
un spectacle de Flamenco sous sa forme la plus authentique. Tu es ouvert
aussi au nouvelles formes du Flamenco, ce qu'on nomme le Flamenco-fusion.
Peux-tu nous en parler?
Duquende- Oui, dans le spectacle Qawwali-Flamenco, je
fais de ce qu'on appelle de 'la fusion' . Cette création rassemble
Faiz Ali Faiz accompagné de son ensemble
Qawwali, le chanteur Flamenco Miguel Poveda et moi même ;
nous sommes accompagnés du guitariste Chicuelo. Cette création
reste toujours du Flamenco car cette rencontre de cultures se réalise au
travers les rythmes du flamenco. Ce soir, avec Chicuelo, nous
avons fait uniquement du Flamenco traditionnel.
- Pour toi, qu'est ce que le Flamenco traditionnel?
- Pour moi, le flamenco traditionnel c'est le Flamenco
des anciens . Le Flamenco traditionnel vient des familles, de l'ambiance
d'une maison...
_ A ton avis , le Flamenco est-il en train de
s'ouvrir ou plutôt de se perdre avec toutes les tentatives
de fusion que l'on constate actuellement?
_ Le Flamenco, c'est l'art le plus grand au monde, mais
c'est aussi la musique la plus difficile, comme le jazz. On ne sait pas
où elle va mais c'est une musique qui est aussi vitale que de respirer,
pour nous. Je pense que le Flamenco ne se perdra jamais
- D'où te vient cette passion pour le Flamenco?
- Je pense que cela vient de Dieu. J'ai été bercé toute
mon enfance par du Flamenco et ,quand j'avais deux ans, je m'enfermais
dans ma chambre et j'écoutais Camarón. Depuis, le Flamenco ne m'a
jamais quitté.
- Tu as travaillé avec les plus grands artistes
flamencos, Paco , Camarón, Tomatito... Quels sont les artistes
Flamencos qui te touchent le plus?
- Avant d'être un artiste Flamenco, je suis un
aficionado. Je suis reconnaissant envers tous les artistes avec lesquels
j'ai collaboré. Ceux qui me touchent vraiment aussi, ce sont les
artistes anciens: Mojama, Talega, Terremoto,
Borrico.. les anciens qui portent l'essence du Flamenco. Je voudrais
préciser aussi que pour les jeunes qui veulent se dédier au Flamenco, il
est important d'écouter ces anciens pour comprendre ce qu'est le
Flamenco et pour que ce que l'on chante soit du fla menco.
- D'après toi, est- ce que le chant Flamenco peut
s'apprendre?
- Oui, cela peut s'apprendre. On peut apprendre à chanter
'bien'. Mais, je pense qu'il s'agit avant tout d'un don et que cela
vient dès l'enfance.
- Tu as réalisé en 2005 un album intitulé 'Mi forma de
vivir', album qui a obtenu un véritable succès auprès du public.
Pourrais-tu nous dire quels sont tes projets artistiques dans les mois
qui viennent?
- Oui, dans deux mois nous allons sortir un album
contenant un CD et un DVD qui a été enregistré en direct, il y a
deux ans, au Cirque d'hiver, lors de la première édition du Festival
International de Flamenco de Paris . Ces jours ci, avec la photographe
Nathalie Goux, nous avons fait une séance photos dans Paris pour illustrer l' album. Nous sommes allés vers la
tour Eiffel, et nous avons flâné dans cette très belle ville.
- Que penses-tu du flamenco en France?
- J'ai remarqué que le Flamenco est très présent en
France... c'est légitime car le Flamenco est universel, il peut exister
partout.
- Duquende, nous te remercions vivement pour cet
entretien et pour le merveilleux concert que tu as offert au public, ce
soir. nous te souhaitons une bonne continuation... à bientôt! |