Musique Alhambra

L'Actualité du Flamenco

 

  

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Interview d'Antonio Ruiz Kiko réalisée le 22 juillet 2004 par Isabelle Jacq, pour le site  Musique Alhambra :



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Antonio Ruiz Kiko

I: - Antonio kiko, ta rencontre avec le Flamenco, comment s'est-elle passée?

A: - Ma rencontre avec le Flamenco a été très simple, c'était comme une évidence. Mes parents sont d'origine andalouse. Ma mère est gitane et mon père est andalou, de Malaga. Moi, je suis né à Toulouse. Enfant, j'écoutais du Flamenco à la maison; j'étais bercé par cette musique. J'écoutais des chanteurs comme Caracol, Chocolate, La Paquera et j'ai compris plus tard que j'écoutais des bonnes choses. J'écoutais également Camaron et Paco de Lucia qui étaient des jeunes talents de l'époque, qui démarraient leur carrière. Au départ, ce qui m'a fait flasher, c'est ça:la première fois que j'ai entendu un thème de Camaron avec Paco de Lucia, je devais avoir 7 ans et je me rappelle du moment exact où il y avait un radio-cassette dans la cuisine , j'écoutais et  j'aimais vraiment ça.

I: - Ta rencontre avec le Flamenco s'est donc faite aussi en écoutant des grands cantaors et tocaores...

A:- Oui, c'est comme cela que j'ai vraiment flashé sur le Flamenco. J'ai commencé à jouer, non pour être professionnel, mais pour le plaisir, comme les autres membres de ma famille. Ils pratiquent tous un peu le Flamenco.Ma mère danse, mon père joue un peu de la guitare. Au bout d'un moment, j'aimais vraiment ça. Mon entourage trouvait que j'étais doué pour cela et on m'encourageait à poursuivre dans cette voie. J'ai commencé à me produire un peu avec des copains gitans qui, eux, jouaient régulièrement dans les bars ou les restaurants. Ils m'invitaient à me joindre à eux.

I: - Est-ce une légende que tu te soies sauvé une main grâce à la pratique de la guitare?

A:- Effectivement, j'ai eu un accident vers 10 ans et je me suis blessé gravement la main. Tous les  tendons étaient sectionnés. J'ai subi une opération pour une greffe de tendons. C'est une histoire qui a duré deux ans. J'ai été opéré deux fois avec des périodes de rééducation entre chaque opération. Il n'y avait pas d'association, de musiciens ou de clown pour divertir les enfants à l'hôpital, à cette période là. Cependant, j'avais la possibilité de jouer de la guitare. Alors, j'étais vraiment avec elle et j'en étais de plus en plus mordu. J'ai fait ma rééducation tout seul et c'est cela qui a sauvé ma main.

I:- Peux-tu définir ton style musical et comment tu te situes par rapport au Flamenco?

A:- J'aime le Flamenco. J'ai envie de rester accroché au Flamenco. C'est comme si je provenais de l'arbre qui s'appelle le Flamenco et qui continue à faire pousser ses branches. Mais, au fond, c'est très difficile pour moi de mettre une étiquette sur de l'art , sur quelque chose qui raconte ma vie, en fait. Dans ma musique, j'utilise le Flamenco et les différents styles comme les alegrias, soleas, pour développer des thèmes, des mélodies, des idées musicales. Dans le même temps, j'aime la musique en général. Je joue avec des latinos, des rappeurs, des musiciens qui font de la techno...Chaque fois que j'ai l'occasion de découvrir une musique, j'y vais tout de suite.Du coup, ces influences imprègnent ma musique, tout en gardant une base  Flamenca. Je peux situer mon style musical dans la nouvelle génération du Flamenco, issu de l'école Paco de Lucia et Camaron... En fait, ils ont influencé tous les musiciens de la nouvelle génération de Flamenco.

I: - Ils sont une référence incontournable, c'est cela?

A: - Oui... ceci dit, Il y a également d'autres artistes qui m'ont influencé. Je peux citer Manzanitas et  Manolo Sanlucar. D'ailleurs, Manolo a été mon maître, lorsqu'à l'âge de 16 ans je suis parti à Séville pour approfondir le flamenco et rencontrer des professionnels de ce registre musical. J'ai travaillé dans le milieu du Flamenco là-bas, pendant une année entière, avec des  professionnels comme Jose Galvan et d'autres encore.

I:-Tu as donc approfondi le Flamenco avec des maîtres que tu as rencontré là-bas...

A:- Oui, avec des bons professionnels du Flamenco qui vivaient en Andalousie...J'ai surtout eu la chance de rencontrer Manolo Sanlucar. Auparavant, j'étais autodidacte. Il m'a guidé et m'a enseigné plein de choses. Je lui ai fait confiance, j'ai tout remis en question et je suis reparti à zéro, techniquement. Cela a été très positif pour mon évolution dans le Flamenco.

I:- As-tu un projet d'album en cours?

A:- J'ai fait un album auto produit intitulé "cuerda y madera", il y a 6 ans. On a eu du mal à trouver une distribution. Il a été distribué pendant 3 ou 4 mois, puis la maison de distribution a fermé.Heureusement qu'il y a des gens qui l'ont encore dans leur catalogue. Sinon, je suis en train de finir un deuxième album qui,lui, va être distribué car j'ai eu la chance de trouver "Nocturne", une maison qui va s'occuper de la distribution. Pour cet album, j'ai enregistré avec des artistes comme Blas Córdoba, chanteur Flamenco, le pianiste Chano Dóminguez, Vicente Amigo que je connais depuis "toujours" et que je considère comme un membre de ma famille, le percussionniste Cepillo qui travaille avec plusieurs grands guitaristes Flamencos en Espagne comme Tomatito, Gerardo Nuñes etc. Et puis, j'ai enregistré l'album avec le violoniste Malik Richeux, qui est également dans le groupe ,ce soir,Jean-Louis Matigny, fabuleux violoniste parisien.Renaud Garcia Fons a également participé à  l'album.

I:- Quelle est la date de sortie de l'album?

A:- il sortira en décembre 2004

I:- Quels sont tes autres projets à moyen terme ?

A:- En septembre prochain, je rentre en résidence dans un théâtre à proximité de Toulouse pour présenter un nouveau spectacle qui s'appellera "Flamenkiko". C'est un concert de récital de guitares avec quelques palmas et un chanteur. J'ai un autre projet musical avec Renaud Garcia Fons et l'Orchestre Philarmonique d'Edimbourg.J'ai également un projet de création musicale avec Ravi Prasad, chanteur indien. Cette création se fera à Lyon.

I- Ce sera donc un mariage entre l'art Flamenco et l'art indien, n'est-ce pas?

A:- Oui. Ce qui m'intéresse dans ce projet c'est que Ravi Prasad est un artiste issu de la culture indienne et qu'il a en même temps une démarche artistique très personnelle.Ce sera donc la fusion entre sa vision artistique et la mienne. De plus, c'est un artiste que je connais depuis plusieurs années et que j'apprécie beaucoup; je suis content d'avoir l'opportunité de travailler avec lui.

I: - Quels sont les conseils que tu pourrais donner à un aficionado qui aimerait faire l'apprentissage de la guitare Flamenca?

A:- Tout dépend s'il veut devenir un professionnel ou s'il veut pratiquer en amateur.En fait, les conseils se donnent sur mesure, en fonction de l'individu. D'une manière globale,je pense qu'il faut faire les choses avec amour, parce qu'on aime faire ça et non parce qu'on a envie de paraître ou de ressembler à quelqu'un d'autre. Pour pratiquer le Flamenco, il est nécessaire de le ressentir et de se cultiver également, écouter des albums,lire, voir des DVD. En fait, il y a beaucoup de moyens de communication et il faut s'en servir et se nourrir de cela également, parrallèlement à une pratique musicale.Il est souhaitable aussi de partir en Espagne, si possible,et de voir ce qui se passe là-bas dans le domaine du Flamenco, essayer de rencontrer un maître qui lui enseigne la guitare. Si on veut faire évoluer les choses, les maîtres sont là pour nous transmettre leurs acquis et nous pousser de l'avant avec une énergie nouvelle, jeune, à chaque fois un peu plus loin, si possible.

I:- Pourrais-tu nous dire ce qu'est un artiste pour toi?

A:-Je dirais que c'est quelqu'un qui fait de l'art. A partir de cette définition, tout le monde est un peu artiste. Elever des enfants est un art, vivre dans le monde dans lequel on vit, c'est de l'art, cuisiner, c'est de l'art,essayer de grandir intérieurement, de travailler sur soi-même, c'est de l'art,créer de la peinture, de la sculpture, de la musique, du théâtre ou de la danse, c'est de l'art.En fait, la vie ,pour la vivre bien, c'est tout un art.

I: Merci Antonio Kiko ...y Hasta pronto!

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Antonio "Kiko", Isabelle, Diego (le Manager du groupe) et le groupe au complet, après l'interview.