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Interview de Maria Del Mar
Moreno réalisée par Isabelle Jacq
en juillet 2O07 , pour Musique Alhambra

Maria del Mar Moreno
- Maria, comment s'est fait ton premier contact avec
le Flamenco?
- La première fois, j'ai appris le Flamenco d'une façon naturelle. Même
si ,dans ma famille ,il n'y a pas beaucoup d'artistes Flamencos, ce sont
des grands aficionados. Je connais le chant, plus particulièrement,
depuis mon plus jeune âge. Quand j'avais 9 ans je disais tout le temps
à mes parents que je voulais apprendre à taconear car, même je
savais déjà danser por buleria , je n'avais pas encore acquis la
technique. J'ai eu la chance de connaitre Angelita Gomez à cet
âge là . Je suis rentrée dans son école et j'y suis restée jusqu'à
l'âge de 15 ans. J'ai toujours eu des facilités pour danser et pour le
rythme mais j'avais besoin d'acquérir la technique. C'est grâce à elle
que je connais tous les secrets de la danse la plus pure du Flamenco. A
partir de 15 ans, j'ai commencé à danser professionnellement avec
Manuel Morao de la compagnie de Gitanos de Jerez et, dès ce
moment, j'ai continué mon apprentissage, à partir des connaissances
directes, des tournées avec les grands artistes. La première fois que
j'ai dansé sur scène, j'avais 10 ans et c'était avec le grand chanteur
Sordera de Jerez, et avec le grand guitariste Manuel Morao.
J'ai eu la chance d'apprendre et de danser avec des grandes figures en
même temps: Parilla de Jerez , la paquera , el Mono,El Torta,
etc.
- Est-ce que des membres de ta famille ont
suivi ton exemple en pratiquant le Flame nco?
- Dans ma famille, il n'y avait pas d'artistes mais des
aficionados. Mon frère Santiago m'a suivi plus tard dans cette
voie en pratiquant la guitare et il a rejoint dans ma compagnie.
- Pourrais-tu nous préciser les caractéristiques majeures de la danse
Flamenca de Jerez?
- On a toujours dit que Jerez est une ville très importante concernant
le chant, surtout. Jerez est un grand berceau du chant. Dans ma
génération, la danse est devenue très importante et
les danseurs de Jerez sont très reconnus partout dans le monde parce
que, à mon avis, ce qu'il y a de plus important dans la danse de Jerez,
c'est le respect pour le chant. Qu'il s'agisse d' une danse flamenca
traditionnelle ou d'une danse contemporaine, il y a toujours un respect
du chant. Nous sommes des grands amateurs de
chant. Les rythmes sont très importants aussi. On joue beaucoup avec
les compas. Nous sommes aussi des danseurs sérieux, c'est à dire que
nous pouvons rigoler, nous amuser, mais , dans le fond, nous sommes
sérieux, profonds. C'est peut être lié à l'histoire de Jerez qui est
une terre sèche qui garde la mémoire d'une histoire dure, celle de la
culture des gitans et des mélanges avec les autres. Jerez est la ville
ou l'on a vraiment mélangé les gitans avec le peuple de Jerez.
-Pour toi, le Flamenco, qu'est-ce que c'est avant tout?
- La danse et le chant ont une technique qu'il faut connaitre et
apprendre car, sans travail, on ne fait rien. Mais pour moi, le flamenco
c'est une façon de vivre, de m'exprimer et d'être heureuse. Je ne danse
pas pour être la meilleure ou la plus connue. Je danse pour moi, au
départ. Mais si j'ai la chance de partager cela avec les musiciens, avec
mes copains qui sont des monstres sacrés, cela me plait beaucoup, c'est
mon objectif.
- Le public a été ému par ta danse et ce que tu exprimais au travers
ton art, c'est donc que tu lui donnes aussi beaucoup. N'est ce pas ?
- Le public a été ému parce qu'il a vu l'amour et l'envie de danser et
de chanter des artistes.
- Pourrais-tu nous parler de l'origine du
spectacle 'Jerez Puro Esencia' que nous avons vu hier soir?
- Nous avons fait l'avant première de ce spectacle à Jerez ,au théâtre
Villamarta, et nous avions gagné tous les prix ainsi que le prix pour la
critique des journalistes et du public et Antonio Malena obtint le prix
du meilleur chanteur. Le plus important dans mon spectacle, c'est la
sincérité. Avec le chant d' Antonio Malena, Manuel Moneo, une
danse de Juan Ogalla , les guitaristes, ma famille, ma compagnie,
nous disons tout. On peut voir un danseur avec beaucoup de technique, le
chant gitan de Manuel, Antonio,
Macarena, tu peux voir tout, l'essence, la source d'où je viens.
- Tu as interprété plusieurs palos aussi...
- Oui, nous avons interprété essentiellement les styles Jerezanos
. Par exemple, nous avons fait la Buleria, Solea, Seguiriya, Solea
por buleria, Cantina, Alborea, Martinete...
- Quand tu danses sur scène, qu'est ce qui génère cette force et
cette énergie qui émane de toi, d'où te vient-elle?
- Je me suis posée moi-même la question mais maintenant, à 34 ans, je
commence à comprendre ce qui passe au travers de moi quand je danse,
parce qu'avant je n'en vais pas conscience. Je pense que c'est le
résultat et la conséquence de plusieurs éléments: de ma famille, de mon
éducation, de ma culture, mon expérience, mais aussi mon caractère.
Avant je pensais que tout le monde pouvait danser, ce qui est vrai
d'ailleurs, mais ce qui est encore plus vrai c'est que, pour danser, on
a besoin d'énergie ,d' une intention de
communiquer, d'exprimer; il est nécessaire de développer cette énergie
et de la travailler. Je suis le résultat de tout ce que j'ai vécu mais
je travaille aussi pour apprendre à contrôler les émotions, la passion.
La passion sans contrôle, cela n'a pas de valeur pour moi.
- Quand tu danses, as-tu des palos que tu
préfères?
- Maintenant je danse de tout car je commence à connaitre les secrets
de chaque style et je me rends compte que chaque
palo a de la valeur. Ceci dit, la seguiriya , le martinete, et
la solea correspondent plus à mon caractère, à ma personnalité
profonde.
- Peux-tu me parler de ta compagnie?
- Tous les artistes qui m'accompagnent, je les connais depuis
longtemps. Je travaille depuis
longtemps avec mon frère Santiago et Antonio Malena qui
est un maitre incontesté du chant. Nous avons monté ensemble la
compagnie. Manuel Moneo, Macarena je les ai connu quand
j'avais 14 ans.
- Tu donnes des cours partout dans le monde.
Tu es une excellente pédagogue,
et tout le monde le reconnait. Comment vis tu cet
aspect de ton métier ?
- Merci ...pour moi , être professeur, c'est plus difficile qu'être
danseuse car quand tu danses, tu es responsable de
toi, et de la compagnie bien sur, c'est aussi une autre responsabilité.
Parfois, certains professeurs ne sont pas assez conscients de
l'importance de leur pédagogie. Nous sommes responsables de
l'apprentissage d'autres danseurs. Dans ces moments là , j'essaye de
trouver la meilleure façon de communiquer les secrets de la danse
Flamenca.
- Comment fait-on pour te contacter en vue de
stages?
- En France, Nomades Kultur est mon agent exclusif. En Espagne,
je travaille avec beaucoup de
monde et j'ai aussi ma propre Ecole 'Jerez Puro'
- Quand est-ce que le public pourra te revoir sur scène?
- Nous allons continuer la tournée de 'Jerez puro, Esencia', et
'Maria Maria'
- Merci Maria pour cet entretien et à très bientôt!

Contact artistique de la Compagnie Maria del Mar Moreno:
Jerez Puro S.L. Plaza Monti, 12 local 3 11403 Jerez (Cadiz)
Tel: 956 32 31 48 / 695 59 15 19
web: www.jerezpuro.es

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