-
Manolo
Punto,
tu
danses
le
Flamenco
depuis
plusieurs
années.
Pourquoi
as-tu
choisi
ce
moyen
d'expression?
- Je
suis
venu
au
Flamenco
assez
naturellement.
Mes
parents
étaient
des
aficionados.
Depuis
des
années,
nous
passions
nos
vacances
dans
le
pays
Basque
, à
Bayonne.
Ils
se
sont
pris
d'amour
pour
la
tauromachie,
ce
qui
les
a
amené
à
aimer
le
Flamenco.
J'ai
toujours
baigné
dans
cet
univers.
Quand
j'étais
petit,
ma
mère
m'amenait
voir
des
spectacles.
J'ai
pu
voir
Camarón
à 7
ans.
A
cet
âge
là,
on
ne
se
rend
pas
compte
de
la
chance
qu'on
a de
voir
Camarón
.
C'est
des
années
après
qu'on
le
réalise.
Je
suis
venu
au
Flamenco
sans
penser
tout
d'abord
que
j'allais
faire
une
carrière
artistique.
De
nombreuses
fois,
quand
j'étais
dans
ma
chambre,
je
montais
sur
le
tabouret
et
je
tapais des
pieds.
Mes
parents
m'ont
vu
et
ils
ont
compris
qu'il
fallait
m'inscrire
à un
cours
de
Flamenco
et
c'est
ce
qu'ils
ont
fait.
C'est
ainsi
que
j'ai
commencé
à
apprendre
cette
danse.
Plus
tard,
lorsque
je
faisais
mes
études,
je
pratiquais
le
Flamenco,
en
parallèle,
car
il
avait
pris
au
fur
et à
mesure
une
grande
importance
dans
ma
vie
et
me
permettait
aussi
de
conjuguer
cette
passion
avec
en
plus
une
activité
physique.
-
Manolo
Punto,
est-ce
ton
nom
d'état
civil?
-
C'est
mon
nom
d'artiste.
Mon
prénom
c'est
Emmanuel.
Pour
mon
métier,
j'ai
choisi
Manolo,
un
prénom
espagnol,
pour
faire
référence
au
Flamenco.
- Au
début,
ta
famille
a-t-elle
accepté
facilement
ton
choix
de
t'orienter
vers
une
carrière
de
danseur?
- Au
départ
le
Flamenco
était
simplement
une
passion
et
j'avais
une
autre
vie
à
côté.
Au
fur
et à
mesure,
cette
passion
a
pris
de
plus
en
plus
d'importance
et
c'est
devenu
ma
vie.
Quand
j'ai
pris
la
décision
de
me
consacrer
uniquement
à
cela,
mes
parents
ont
accepté.
Il y
avait
bien
évidemment
l'angoisse
de
la
famille
car
c'est
une
carrière
plus
aléatoire
qu'un
travail
qui
donne
une
rentrée
d'argent
régulière.
Mais
ils
sont
très
contents
et
ils
sont
mes
premiers
fans,
maintenant.
Moi,
je
n'ai
aucun
regret
et
je
suis
ravi.
-
Quelle
est
la
première
date
importante
dans
ta
carrière
artistique?
- Le
18
juin
1999
est
une
date
qui
est
importante
pour
moi.
C'était
la
première
fois
que
je
dansais
seul.
C'était
à
Planète
Andalucia;
c'était
d'ailleurs
l'un
des premiers
spectacles
qui
se
faisait
dans
cet
endroit.
Jean-Paul
Ferrand
m'avait
proposé
de
le
faire
et,
le
même
jour,
je
passais
une
audition
pour
obtenir
une
bourse
d'étude
(bourse
Lavoisier)
pour
partir
en
Espagne
étudier
à
l'école
'Amor
de
dios',
à
Madrid.
J'ai
commencé
ma
formation
artistique
avec
des
professeurs
parisiens
mais
le
fait
d'obtenir cette
bourse
m'a
permis
de
partir
me
former
en
Espagne.
Cela
fait
une
dizaine
d'années
déjà.
-
Comment
s'est
déroulé
ta
formation
à
l'école
Amor
de
dios?
-
J'ai
commencé
ma
formation
pendant
un
an
avec
des
professeurs
comme
La
China,
Antonio
Reyes,
Alejandro
Granados.
J'ai
essayé
de
reprendre
tout
depuis
le
début,
même
si
j'avais
des
connaissances,
mais
je
souhaitais
avant
tout
avoir
de
bonnes
bases.
Ensuite,
je
suis
rentré
en
France
et
j'ai
commencé
à
travailler
en
tant
que
danseur
tout
en
ayant
un
autre
travail
de
ma
première
formation.
Au
bout
de
deux
ans
à
faire
deux
choses
à la
fois,
c'était
difficile
et
exténuant.
J'ai
donc
pris
la
décision
de
me
consacrer
uniquement
à la
danse.
Je
suis
reparti
à
Madrid
pour
continuer
à me
former
et
pour
développer
ma
carrière
professionnelle.
-
Quelles
sont
les
conditions
pour
rentrer
dans
l'école
Amor
de
dios?
tes
impressions
sur
cette
formation?
-
Tout
le
monde
peut
entrer
dans
cette
école.
Il
n'y
a
pas
de
présélection
ni
de
sélection.
Il y
a
différents
cours,
mais
chaque
cours
a
son
niveau.
Il y
a
des
cours
débutants
en
soirée
et
des
cours
plus
avancés,
dans
la
journée.
Ce
que
je
reproche
a
beaucoup
d'élèves
actuellement,
c'est
qu'ils
veulent
très
vite
apprendre
des
chorégraphies
pour
danser
le
plus
vite
possible sans
passer
par
la
phase
initiale,
c'est
à
dire
l'apprentissage
des
bases:
les
planta
tacon,
apprendre
à
bouger,
etc.
Et
c'est
dommage
à
mon
avis
car
on
voit
beaucoup
d'élèves
qui connaissent
plein
de
chorégraphies
mais
sans
avoir
la
base
nécessaire
pour
les
danser
correctement. C'est
un
phénomène
que
l'on
constate
un
peu
partout
et
pas
seulement
à
Madrid.
Et
je
pense
vraiment
qu'il
faut
être
patient et
que
l'apprentissage
du
flamenco
se
fait
avec
le
temps
et
la
maturité
et
sans
courir
ni
accélérer
les
choses.
-
Quels
sont
les
artistes
que
tu
admires?
un
maître?
-
Concernant
la
danse,
il y
a
des
artistes
que
j'admire,
mais
je
n'abonde
pas
dans
le
fanatisme
qui
consisterait
à
idolâtrer
quelqu'un
en
particulier
car
j'évite
que
l'admiration
se
transforme
en
trop
d'inspiration.
Il y
a
des
gens
que
j'adore
sur
scène
et
qui,
en
tant
que
professeur,
vont
m'inspirer,
mais,
quand
je
crée
un
spectacle,
j'essaye
de
faire
des
choses
personnelles
et
je
tente
de
faire
abstraction
de
tout
ce
que
j'ai
pu
voir
et
aimer.
- Tu
enseignes
à
Paris.
Que
souhaiterais-tu
nous
dire
à ce
sujet?
-
Je
donne
des
cours
réguliers
depuis
deux
ans
sur
Paris, alors
que
je
donnais
auparavant
plus de
stages
ponctuels
d'une
semaine (à
Paris,
en
province
et à
l'étranger).
J'aime
beaucoup
enseigner
car,
en
plus
du
plaisir
que
me
procure
le
fait
de
transmettre
un
enseignement
à
mes
élèves
et
de
les
voir
progresser, enseigner
me
permet
aussi
de
préparer
mes
chorégraphies.
Cela
me
permet
de
prendre
le
temps
de
décortiquer
les
choses
et
d'avancer,
moi
aussi,
en
tant
que
danseur.
Quand
je
suis
en
studio
de
répétitions,
je
ne
prends
pas
le
temps
à ce
point
là
de
décortiquer,
alors
que
pendant
le
cours,
on
est
obligé
de
le
faire
car
les
élèves
sont
là
pour
apprendre
et
ont
besoin
de
temps
pour
intégrer
les
choses.
C'est
en
transmettant
mon
savoir
que,
moi
aussi,
j'arrive
à
développer
des
idées
nouvelles.
Quand
je
propose
un
stage,
je
n'arrive
jamais
avec
une
chorégraphie
déjà
montée.
Je
préfère
la
monter
sur
le
moment.
Selon
ce
que
je
vois,
les
défauts
de
certains
élèves,
ce
qui
leur
manque,
ce
sont
ces
choses
là
qui
vont
m'inspirer
sur
le
moment
pour
créer
tel
pas
ou
tel
mouvement
ou
les
faire
travailler. Le
cours
est
comme
un
laboratoire
d'apprentissage
et
d'essai
de
choses
nouvelles
pour
l'élève
bien
sûr
mais
aussi
pour
moi
et
c'est
dans
ce
sens
que
c'est
très
intéressant.
- Tu
prépares
actuellement
un
nouveau
spectacle
'Flamenco
Al
Desnudo'.
Quelle
est
la
trame
de
ce
spectacle?
-
Mon
idée
sur
ce
spectacle
est
de
faire
quelque
chose
d'un
peu
plus
intime,
de
plus
ressenti.
Le
dernier
spectacle
que
j'ai
monté
, il
y a
deux
ans,
était
intitulé
'Bailando
sobre
la
lluvia'.
C'était
une
version
Flamenca
inspirée
du
film
'Chantons
sous
la
pluie'.
Ce
nouveau
spectacle
est
plutôt
une
introspection.
J'ai
voulu
revenir
à la
source
en
évitant
les
clichés
relatifs
au
Flamenco,
chercher
plus
le
sentiment
dès
la
base.
Le
thème
de
'Flamenco
Al
Desnudo'
c'est
de
m'ouvrir
totalement.
J'ai
l'impression
d'être
plus
nu
quand
je
danse
que
quand
je
suis
chez
moi,
dans
ma
salle
de
bains,
car
je
montre
au
public
comment
je
bouge
et
ma
façon
de
ressentir
des
sentiments
à
travers
mon
propre
corps.
L'idée
est
de
montrer
les
choses
sans
pudeur,
en
se
dévoilant
et
sans
se
masquer
derrière
une
façade.
Etre
sur
scène
comme
je
suis
dans
la
vie,
sans
jouer
nécessairement
un
rôle
bien
que
dans
ce
spectacle,
j'interprète
un
personnage
mais
avec
qui
je
pense
avoir
beaucoup
de
points
communs.
- Je
remarque
que
tu
choisis
souvent
de
danser
en
duo
avec
une
femme.
Est-ce
un
moyen
pour
toi
d'évoquer
et
d'explorer
la
relation
amoureuse,
le
couple,
au
travers
le
Flamenco?
-
Effectivement,
je
n'ai
jamais
monté
un
spectacle
avec
un
autre
homme,
mais
pourquoi
pas,
cela
pourrait
se
réaliser.
Je
pense
que
cela
apporte
des
choses
différentes.
Un
homme
ne
danse
pas
de
la
même
manière
qu'une
femme
et,
dans
un
spectacle,
le
fait
d'avoir
une
danseuse,
cela
diversifie
le
propos.
La
sensibilité
féminine
apporte
une
touche
différente
et
c'est
intéressant
pour
le
public
de
voir
une
danseuse
et
un
danseur.
Ce
n'est
pas
nécessairement
un
hymne
à
l'amour.
Il y
a eu
des
rencontres,
un
bon
feeling
qui
nous
amènent
à
travailler
ensemble.
-
Sur
ce
spectacle,
tu
travailles
avec
la
danseuse
Aurélia
Vidal,
n'est-ce
pas?
-
Oui.
Nous
nous
connaissons
depuis
au
moins
dix
ans.
Je
l'ai
introduit
dans
un
spectacle
en
remplacement,
il y
a
deux
ans.
Cela
s'est
très
bien
passé
et,
du
fait
que
nous
nous
connaissons
depuis
longtemps,
il y
a
une
vraie
complicité
qui
s'est
installée
entre
nous
et
nous
partageons
beaucoup
de
choses,
humainement.
De
plus,
Aurelia
est
une
super
danseuse.
C'est
très
important
aussi
d'avoir
un
bon
contact
personnel
quand
on
monte
quelque
chose,
surtout
pour
un
spectacle
comme
celui
là
où
je
demande
à
chacun
de
ne
pas
avoir
peur
de
se
dévoiler,
d'être
un
peu
impudique.
Je
suis
très
content
de
faire
ce
travail
avec
elle
et
notre
collaboration
se
passe
très
bien.
-
Qui
sont
les
autres
artistes
qui
t'entourent
dans
ce
spectacle
et
pourquoi
les
as-tu
choisis?
-
D'abord,
avec
le
guitariste
Javier
Cerezo,
nous
n'avons
jamais
réellement
travaillé
ensemble
sur
un
spectacle
en
théâtre,
mais,
il y
a
deux
ans,
quand
il
faisait
les
'jeudis
Flamencos'
au
Prado,
j'ai
participé
à
plusieurs
soirées
là
bas
et
cela
c'est
très
bien
passé,
je
me
sentais
très
à
l'aise
avec
lui. Cela
m'a
donné
envie
de
travailler
certaines
choses
avec
lui;
je
l'ai
donc contacté
pour
ce
spectacle. Quand
je
lui
ai annoncé
qu'il
y
aurait
une
viole
de
gambe,
cela
l'a
vraiment
intéressé
car
il
n'avait
jamais
travaillé
avec
cet
instrument
et
d'ailleurs,
je
pense
que
cela
ne
s'est
jamais
fait
en
Flamenco.
Alberto
Garcia,
le
chanteur,
cela
fait
longtemps
que
nous
travaillons
ensemble
et,
comme
il
était
disponible,
je
n'ai
pas
hésité
à
l'intégrer
dans
ce
projet.
D'un
point
de
vue
artistique
et
humain,
Alberto,
c'est
un
régal.
Quant
à
Lucas
Peres,
il
joue
de
la viole
de
gambe.
Il
joue
aussi
dans
un
ensemble
de
musique
renaissance
nommé
'Doulce
Mémoire',
groupe avec
lequel
je
travaille
depuis
plusieurs
années
et
pour
lequel
j'ai
monté
des
chorégraphies
flamencas
sur
de
la
musique
renaissance.
C'est
là
que
j'ai
rencontré
Lucas
Peres.
En
écoutant
cet
instrument,
je
me
suis
dit
qu'il
était
fait
pour
le
Flamenco
car
il
dégage
un
poids
et
une
force
impressionnante.
C'est
un
instrument
qui
exprime
de
la
mélancolie
et
de
la
grandeur.
Du
fait
que
j'accorde
une
large
place
aux
sentiments,
dans
ce
spectacle,
l'aspect
démonstratif
"tape
à
l'œil"
y
est
quasiment
absent.
La
viole
de
gambe
convient
parfaitement
pour
mettre
en
avant
l'atmosphère de
mise
à
nu qui
émane
du
spectacle
.
Pour
Lucas
Peres,
c'est
sa
première
expérience
dans
un
groupe
de
Flamenco
mais,
comme
c'est
un
très
bon
musicien
et
qu'il
a
une
excellente
oreille,
son
intégration
s'est
très
bien
passé.
-
Comment
as-tu
élaboré
les
chorégraphies
du
spectacle?
- Au
départ,
j'avais
une
idée
globale
du
spectacle.
J'ai
commencé
à
monter
l'histoire
qui
se
raconte
au
travers
d'un
journal
intime.
Concernant
les
chorégraphies,
il y
a
des
parties
que
j'ai
monté,
en
amont.
Ensuite
nous
avons
passé
du
temps
avec
les
musiciens
pour
créer
des
musiques
en
adéquation
avec
l'esprit
du
spectacle et
j'ai
monté
ensuite certaines
chorégraphies
sur
ces
musiques
avec
l'aide
d'Aurelia
Vidal.
Pour
réaliser une
chorégraphie,
je
m'enferme
dans
un
studio
pendant
des
heures,
tout
seul.
Je
rentre
dans
le
studio
avec
la
boule
au
ventre
car
je
sais
que
je
dois
produire
quelque
chose
et
comme
je
ne
sais
pas
si
je
serai
inspiré
ou
pas,
je
ressens
l'angoisse
de
la
page
blanche.
Généralement,
je
surmonte
vite
cette
appréhension
et
cela
se
passe
très
bien.
Cela
fait
maintenant
plusieurs
années
que
je
monte
des
chorégraphies
et
je
sais
maintenant
que
cette
page
blanche,
j'arrive
toujours
à la
remplir.
Je
me
mets
dans
l'état
d'esprit
que
je
veux
donner
au
spectacle
et
je
crée
les
chorégraphies
au
fur
et à
mesure,
puis
je
reviens
dessus
pour
élaguer.
-
Ton
sentiment
sur
cette
création?
-
J'essaye
de
créer
à
chaque
fois
un
spectacle
différent.
Je
crois
que,
de
tous
les
spectacles
que
j'ai
crées,
celui-ci
est
le
plus
accompli,
le
plus
sensible,
le
plus
personnel
et
le
plus
original
car
je
n'en
dirai
pas
plus
mais
il
réserve
pas
mal
de
surprises...
-
Que
cherches-tu
à
exprimer
au
travers
ta
danse?
- Je
ne
prétends
pas
exprimer
autre
chose
que
ce
que
je
suis.
J'essaye
d'être
le
plus
sincère
possible
et
d'exprimer
ce
que
je
suis,
avec
mon
ressenti.
Au
travers du
Flamenco,
j'arrive
à ne
pas
penser
à
mes
problèmes,
mes
soucis
et
je
peux
m'exprimer
sans
mettre
de
barrière.
Je
me
laisse
aller
d'une
manière
intègre,
sans
avoir
honte
de
me
montrer
tel
que
je
suis
et
sans
me
cacher
derrière
une
image
scénique.
-
Quand
pourra-t-on
voir
le
spectacle?
- La
première
aura
lieu
le
17
février
prochain
au
Théâtre
de
la
Reine
Blanche.
Il y
aura
d'autres
dates
au
mois
de
février:
les
18,
20
et
21
février
et
deux
dates
au
mois
de
mars:
les
17
et
19
mars,
le
tout
au
Théâtre
de
la
Reine
Blanche,
à
Paris.
-
Merci
Manolo
et à
très
bientôt!
