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Fernanda
Jiménez Peña
(Utrera,
Sevilla), 1923/2006). Cantaora
Fernanda
de Utrera nous a quittée, jeudi 24 août 2006 à son domicile d'Utrera,
à l'âge de 83 ans , après avoir souffert de nombreuses maladies au cours
des dernières années. La ville a décrété un deuil de trois jours en
l'honneur de la populaire cantaora, devenue célèbre par son chant grave
et tout en gémissement. Petite-fille de Fernando Peña Soto Pinini, sœur de
Bernarda de Utrera, elle avait dans le sang tous les pré-requis
nécessaires pour être cantaora de race. Sa carrière, au cours de
laquelle elle avait enregistré de nombreux disques, et tourné dans
plusieurs films dont Flamenco et La Casa de Bernarda Alba,
de Carlos Saura, en 1995 et 1987, était liée à celle de sa soeur,
Bernarda de Utrera. En compagnie de sa soeur ou seule, Fernanda
excellait dans les formes majeures du flamenco, mais se dépassait dans
les tangos, les cantiñas et surtout les soleas. Dans les
fandangos, elle était hors du commun. Parce qu'il faut y mettre le cœur,
elle disait : « j'ai en moi un fandango gravé, celui qui dit n'abandonne
pas mes enfants..., eh bien depuis qu'une de mes sœurs est morte je ne
peux pas chanter ça, parce que je me souviens de ma sœur qui a laissé
ses enfants seuls. Les gens me le demandent, et obligée je le chante,
mais il me vient un dégoût et un malaise dans le corps et je ne peux
pas, vous voyez, je ne peux pas »
Pour le
critique Manolo Bohorquez, " nous continuions de l'adorer parce que
nous étions pleinement convaincus qu'elle représentait encore le peu de
vérités qui restent au chant gitan."
Sa voix
obscure et cassée, presque toujours insuffisante mais chargée de génie
et de mystère, était un instrument qui transmettait émotion et frisson à
chaque tercio.
González
Clement le racontait ainsi : « Tout en elle est révulsion,
insatisfaction, recherche, lutte pour sa propre expression. Elle n'a pas
des facultés normales. Arriver à la « forme » du chant, rien que ceci,
constitue un triomphe pour la Fernanda. Elle sent beaucoup plus
de choses qu'elle ne peut en dire extérieurement.
Mais au prix
de beaucoup d'angoisses, de désordres et de recherches intérieures
épuisantes, elle parvient à le dire (...). La cantaora de Utrera exige
l'impossible de sa voix rauque pousse à l'extrême sa concentration
psychique, attise violemment la force humaine de ses cris et atteint des
limites cruelles, presque barbares. La Fernanda se tord
physiquement, se brise les bras contre le vide, ferme
les
yeux, cherche des compromis élémentaires qui lui permettent de descendre
et de s'élever au dessus d'elle-même pour produire la précieuse plainte.
Elle a une voix et une puissance monumentale. Dotée d'un grand sens de
l'harmonie, mais sans gêner ses audaces vitales, elle n'imite absolument
personne. Elle revient toujours à sa nature première.
Discographie:
"Cante grande de muje
(2002)
Fernanda de Utrera (cante), Juan
Carmona Habichuela, Juan Maya "Marote", Melchor de Marchena, Paco del
Gastor, Paquito de Antequera & José Cala "El Poeta" (guitarras), Curro
Vélez & Manuela Vargas (baile)
"Cantes Inéditos"
Fernanda y Bernarda de Utrera (cante),
Eduardo de la Malena, Diego del Gastor, Enrique de Melchor, Pedro Bacán
& Manuel de Palma (guitarra)
Suite
de l'Hommage à Fernanda de Utrera sur le Forum |
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