Reportage
sur le spectacle 'La edad de Oro' de Israel Galván,
Texte: Isabelle
Jacq
Photos:
Nathalie Goux
Israel Galván,
l'âge d'Or!
Dans son spectacle intitulé
‘La edad de Oro’, Israel Galván
était entouré de Fernando Terremoto au chant et d’ Alfredo
Lagos à la guitare. Dans cette création, Israel Galván
revient à la source du Flamenco tout en bouleversant les
codes de cet art . Lors de la représentation à la cité
Internationale, Israel Galván
a transporté le public dans un flot de sensations
inattendues pour le plus grand bonheur des aficionados.
L’âge d’or du Flamenco
correspond, pour les spécialistes, à l’époque bénie du
flamenco, qui s’étend environ de 1850 à 1920, avant que cet
art ne se transforme. Dans ce spectacle intitulé ‘La Edad de
Oro’ , Israel
Galván
nous
montre peut-être qu’il est aussi parvenu à l’âge d’or de son
art en choisissant de s’exprimer au travers de la trilogie
chant-guitare-danse. Cette création correspondrait, dans le
parcours artistique d’Israel
Galván,
à une volonté de retourner au sources et cela se ressent
dès les premières minutes du spectacle, lorsqu’il danse,
accompagné par
la voix puissante de Fernando Terremoto qui
interprète un cante jondo . Fils du
chanteur mythique Terremoto de Jerez, héritier de
l´âge d´or, Fernando Terremoto nous plonge aussi dans
l’atmosphère de cette période de l’histoire du Flamenco.
Siguiriya, solea por buleria, tientos por
tangos, il interprète chaque palo avec une
jondura exceptionnelle, accompagné par Alfredo Lagos,
jeune guitariste de Jerez. Cependant, Israel
Galván
ne fait pas pour autant table rase
de sa personnalité ; En effet, il danse sur chacun des
palos en passant du traditionnel au contemporain avec
une aisance extraordinaire. Tirant partie de
son physique atypique, il
s’exprime aussi dans une chorégraphie anti- conformiste,
s’appuyant sur la tradition pour en extraire un baile
en total décalage avec la ‘norme’. En effet, Israel Galván
ne correspond absolument pas au modèle habituel du
danseur de Flamenco. De plus, il se présente sur scène, vêtu
d’un costume d’une sobriété extrême , comme s’il voulait
démonter le jeu des apparences. Lorsqu’il utilise tout son
corps comme un instrument de percussion, jusqu'à claquer ses
dents sous ses doigts pour marquer le compas, on ne
peut que s’incliner devant tant de créativité, d’inventivité
et de liberté. Son art interpelle et bouleverse. Maîtrisant
parfaitement le baile, ici, chaque mouvement est une pure
expression, une création de chaque seconde. De plus,
Israel Galván joue
constamment avec la discontinuité; indiquant tout à coup un
axe avec un bras, par exemple, tout son corps suit cette
direction et très vite un nouvel élément chorégraphique
détourne cette linéarité. Il saisit chaque moment de
rupture, le provoque, le détourne, le prolonge, le nie ou
l’exalte parfois dans un remate d’une précision
époustouflante. Ses zapateados sont virulents, mais
il ne les prolonge pas d’une manière inconsidérée, car tout
est dit dans ce bref instant rythmique. Loin de tout
artifice et de faire paraître, Israel Galván
fait corps avec sa danse, poussant toujours plus loin son
baile déroutant. La variété des postures et des attitudes
qu’il prend conjuguée à ses gestes épurés font d'Israel
Galván un danseur hors
pair. L’alegria et la buleria sont également
impressionnantes . Un moment plein de fraicheur:celui où
chaque artiste prend la place de l’autre … ainsi Fernando
Terremoto se met à la guitare, Alfredo Lagos à la
danse, Israel Galván
au chant... Surprise finale, on découvre qu’ Israel Galván
chante très bien aussi !!!
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